Procès Mutamba ou les manœuvres dilatoires et stratégie de diversion

Redigé par Tite Gatabazi
Le 31 juillet 2025 à 04:08

À mesure que s’avance le procès de l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, ses avocats multiplient les offensives procédurales dans ce qui apparaît de plus en plus comme une tentative laborieuse d’enrayer l’inéluctable progression judiciaire. À deux reprises déjà, la défense a sollicité la suspension des audiences, invoquant une prétendue saisine préalable de la Cour constitutionnelle argument érigé en rempart de fortune face à une machine judiciaire qu’elle ne parvient ni à enrayer ni à décrédibiliser.

Au cœur de cette contestation : la régularité du vote parlementaire ayant conduit à la levée de l’immunité de leur client. Les conseils de Mutamba allèguent que le recours au vote à main levée contreviendrait aux dispositions constitutionnelles, lui préférant le scrutin à bulletins secrets. Cette interprétation, sans fondement juridique avéré, a été sèchement écartée par la Cour de cassation, qui a refusé d’entrer dans un jeu de renvois institutionnels destiné, selon toute vraisemblance, à paralyser la procédure par le biais de controverses artificielles.

Le rejet net de ces objections a suscité une réaction outrée de la défense, illustrée par la véhémence de Me Joël Kitenge, dont les diatribes contre la juridiction saisie trahissent moins une indignation de principe qu’un désarroi tactique face à la solidité du dossier.

Dans un registre tout aussi manifeste de diversion, la stratégie de la défense s’est récemment enrichie d’un volet spectaculaire : l’annonce de la volonté de faire citer à comparaître un aréopage de personnalités politiques et administratives de premier plan, dont la Première ministre Judith Suminwa, l’ancienne garde des Sceaux Rose Mutombo, les ministres des Sports et des Travaux publics, ainsi que plusieurs hauts responsables techniques et financiers.

Derrière cette volonté apparente de confrontation contradictoire se dessine en réalité une manœuvre politicienne visant à déplacer le débat du champ strictement juridique vers l’arène de l’opinion publique. En s’attaquant ainsi au sommet de l’exécutif, la défense tente d’instiller dans les esprits l’idée d’un procès à caractère politique, espérant ainsi infléchir l’appréciation médiatique du dossier, à défaut de pouvoir en modifier le fond.

Or, jusqu’ici, cette stratégie se heurte à l’imperméabilité de la Cour, résolue à maintenir le cap d’un procès rigoureux, débarrassé des afféteries et des tentatives d’intimidation rhétorique. L’audience s’annonce donc cruciale. Mais à mesure que s’épuise l’arsenal procédural de la défense, il devient manifeste que l’agitation périphérique ne suffit plus à masquer la faiblesse du fond.

Constant Mutamba, enfermé dans une posture victimaire et cherchant dans les hauteurs de l’appareil d’État les leviers d’un retournement improbable, semble désormais davantage engagé dans une lutte pour sa propre réhabilitation médiatique que dans une réponse frontale aux accusations qui pèsent sur lui.

Le rejet des objections a provoqué l’indignation de la défense, Me Joël Kitenge exprimant plus un désarroi tactique qu’une réelle indignation de principe

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