Je me souviens une fois où j’échangeais avec deux membres de la Chambre des Seigneurs et ils étaient comme tous ces gens qui ne se soucient pas du Burundi. Mais je leur ai dit, ce n’est pas votre faute peut-être que les médias se méfient de nous ou que nous n’avons aucun intérêt à votre égard. Mais cette fois-ci, nous avons cette attention de l’occident.
S’il y a un moment où le Burundi est devenu un sujet intéressant des discussions que ce soit par les Etats-Unis que l’Union européenne, ces deux dernières semaines vont prendre le devant. Si vous avez bonne mémoire, Charles Onyango disait dans son article « Portrait d’une économie de Mandazi » que la façon dont nous pouvons venir au centre de l’actualité dans le monde entier, est celle de commettre un scandale. Eh bien, sans avoir une idée sur quel genre de scandale il avait en tête, nous avons quand même réussi à commettre un qui nous assure notre visibilité dans le monde : Nous avons emprisonné l’infatigable pionnier de la défense des droits de l’homme dans le pays en la personne de Pierre-Claver MBONIMPA.

Bon, soyons clairs sur ce point, personne n’est au-dessus de la loi et je ne suis pas dérangé par le fait qu’il soit emprisonné s’il est coupable. Toutefois, le moment, la raison et les circonstances dans lesquels, il a été arrêté devraient servir pour désamorcer la crise de l’injustice au Burundi. Mon indignation avec les médias et les activistes de la société civile au Burundi, c’est cette concentration sur le slogan « free Mbonimpa PC » au lieu de saisir l’occasion pour mener une campagne solide contre l’injustice pour lui et les autres prisonniers. Cela étant du moment où la communauté internationale suit de près ce dossier. De cette manière, Mbonimpa aurait servi de héros car les activistes de la société civile restants pourraient travailler sous l’œil vigilant de la communauté internationale. Je ne suis pas sûr que nous continuerons à attirer leur attention, comme votre liberté d’expression est surveillée, utilise-la avec sagesse. Ceci est un moment parfait de dénoncer d’autres choses qui ne vont pas bien au Burundi s’il y’en a.
Cependant, il y a quelque chose qui m’échappe de la part du gouvernement du Burundi dans ces derniers jours ; Toute personne qui aurait quelque notion sur la politique ne peut déduire que l’emprisonnement Mbonimpa n’avantage en rien le gouvernement. Sérieusement, après les accusations concernant l’ « armement des Imbonerakure », les déclarations de l’ONU ainsi que le renvoi d’un émissaire de l’ONU, ne pensez-vous pas qu’il est illogique de commencer à emprisonner des militants des droits humains ?
Parlons effectivement de cette question, je suis sûr qu’à Bujumbura quelqu’un maîtrise la diplomatie. Pour l’intérêt de la diplomatie, nous savons que nous devons agir tous en fonction des valeurs de la communauté internationale. Je n’ai jamais rencontré un Président qui veut être taxé de dictateur. Tous les gouvernements qualifiés de dictature tentent de le nier. Pourquoi le Burundi se permettrait-il de le faire ? Pour être sur la liste des dictateurs, armer une milice est assez mauvais, renvoyer un émissaire de l’ONU ne facilite sûrement pas la situation, emprisonner quelqu’un qui les interpelle sur le plan politique y compris un lycéen étant pire. Mais emprisonner des militants des droits de l’homme, c’est un suicide politique sur le plan international.
Je ne suis pas d’idée que l’ensemble du gouvernement est impliqué dans ce cas. Je n’imagine pas combien ce qui se passe avantagerait le gouvernement. Burundi n’a pas ce pouvoir économique ou militaire pour résister à la communauté internationale afin de se comporter comme une dictature. Il doit y avoir quelque chose que nous n’avons pas encore lu. Pendant que nous nous concentrons sur des événements superficiels, des choses nous dépassent. J’ai trois théories, mais la vérité est quelque part que nous ne l’espérons.
1. Peut-être que dans le gouvernement, certaines personnes roulent pour l’opposition. Je pense à cela puisque, jusqu’à présent chaque geste posé par le gouvernement, le range du mauvais côté de l’histoire. Dislocation des partis politiques, une milice accusée d’atrocités, emprisonnements politiques, renvoi d’un émissaire de l’ONU, emprisonner un militant des droits de l’homme, etc. Certes, tous ces faits ne servent en aucun intérêt le chef d’Etat. Peut-être qu’un membre de l’opposition s’est déguisé pour lutter au sein du gouvernement en vue de ternir l’image du Burundi. Cependant, je n’arrive pas à comprendre comment le président, ses services et au moins ceux qui lui sont proches n’auraient pas soupçonné cette taupe s’il y en a.
2. Le gouvernement brandit toujours son innocence et ce qu’on dit est pur mensonge. J’aimerais que cette théorie soit analysée minutieusement cette question, elle donnerait au Burundi dont moi aussi je voudrais qu’il porte. Toutefois, j’ai du mal à me convaincre de cette idée. Admettons peut être que le gouvernement n’entraine pas sa milice en RDC. Acceptons pour un instant que les membres du MSD emprisonné ont enfreint la loi en luttant contre la police et que l’argument de leurs peines est fondé, que l’envoyé de l’ONU a dépassé les limites et méritait d’être puni et Mbonimpa a porté atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du pays en propageant des fausses information contre le gouvernement. Est-ce que ceux-là prouverait l’innocence du gouvernement ? Je crois, non, il y a une manière professionnelle de traiter les complots. Le gouvernement aurait dû établir une commission indépendante pour enquêter sur ces plaintes. Il pourrait poursuivre les gens qui répandent des mensonges à son égard devant une justice indépendante. Cependant, dans le cas où il renvoi la première personne, arrêté la deuxième personne. Cela ne contribue pas en aucun cas pour démontrer votre innocence. Personne ne va avaler la revendication selon laquelle la sécurité intérieure du pays est atteinte par MBONIMPA, l’homme qui a servi et qui sert son pays avec un profil irréprochable. Cela n’aboutirait jamais.
3. Le gouvernement parait confus. Je ne peux pas affirmer qu’il est confus mais c’est une théorie parmi d’autres. Prenons, s’il n’y a pas de membre de l’opposition pour saboter le gouvernement, comme le cas de l’innocence n’est guère possible, on peut dire que le gouvernement ne sait plus quoi faire. Peut-être que le gouvernement a orchestré le désordre dont pour le moment il ne peut plus contrôler la situation. Peut-être que personne n’a le temps de réfléchir sur les décisions à prendre et ils parachutent tous ce qui viennent dans leurs têtes sans y raisonner. Ce cas est plus probable que les deux autres étant donné que chaque décision que le gouvernement prend, agi contre celui-ci. Peut-être que quand ils ont vu Mbonimpa se rendre à l’aéroport, ils ne savaient pas quoi faire avec lui et l’arrêter était la décision la plus rapide qu’ils pouvaient trouver. Il est normal que lorsque les gens ne sont préparés et sont sous pression commettent des actes illogiques. Je ne voudrais pas écarter cette position.
4. Ma dernière théorie est que le gouvernement essaie de tout faire pour se maintenir au pouvoir. Il pourrait avoir décidé de régner par la terreur et transformer le pays en une dictature. Après avoir attaqué l’ONU, l’opposition politique, peut-être il est temps maintenant des s’attaquer aux militants de la société civile. Cependant, je ne vois pas comment cela va aboutir. Sauf que ça installe le chaos et entraine le pays dans une guerre civile, une dictature politique totale ne saura pas être facile, mais possible. Je ne recommanderais pas cette ligne de conduite parce que les chances sont limitées et ils joueront perdants.
Quel que soit le cas, la libération de Mbonimpa est dans l’intérêt du gouvernement. Les voies de sortie sont nombreuses, si le gouvernement actuel veut être pris au sérieux par la communauté internationale, il suffit de reconnaître que c’était un malentendu et le libérer, alors on pourra probablement le poursuivre plus tard tout en étant libre. Mbonimpa a servi comme sacrifice pour que le Burundi gagne sa visibilité, il est temps maintenant que nous utilisons à bon escient cette visibilité. Le gouvernement peut utiliser cet incident pour changer son image et prendre un nouvel élan. J’ai encore de l’espoir dans nos dirigeants et je suis sûr qu’ils suivront la logique.
Ben Nina, Spécialiste et Consultant sur les question Africaines
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