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Urgent

De l’utilité ressentie du latin et du grec

Redigé par Tribune de Génève
Le 22 mai 2015 à 04:29

Un mauvais débat scolaire agite de nouveau la France. Une réforme des programmes prévoit de rendre marginal l’enseignement du latin et du grec dans le secondaire. Au motif que cet enseignement serait discriminatoire vis-à-vis des élèves issus de milieux défavorisés et en particulier, parmi eux, ceux issus de l’immigration.
L’apprentissage des langues anciennes renforcerait les inégalités et les stratégies de distinction des élèves socialement favorisés. A gauche, on n’ose pas dire que les élèves issus (...)

Un mauvais débat scolaire agite de nouveau la France. Une réforme des programmes prévoit de rendre marginal l’enseignement du latin et du grec dans le secondaire. Au motif que cet enseignement serait discriminatoire vis-à-vis des élèves issus de milieux défavorisés et en particulier, parmi eux, ceux issus de l’immigration.

L’apprentissage des langues anciennes renforcerait les inégalités et les stratégies de distinction des élèves socialement favorisés. A gauche, on n’ose pas dire que les élèves issus de l’immigration n’ont pas de racines gréco-latines aussi évidentes que les Gaulois de longue date.

A droite, on n’ose pas dire qu’il faut préserver les fondements culturels et linguistiques de l’Occident. Mais les idées de ce type sont bien entendu sous-jacentes. Nous avons donc utilisé l’économie comportementale pour éclairer un aspect des choses passé sous silence dans ce mauvais débat : qui a du plaisir à apprendre ces langues anciennes ? Les pauvres ou les riches ? Les Gaulois ou les immigrés d’Afrique du Nord ?

Nous avons constitué deux groupes d’une centaine d’élèves chacun, issus de lycées du XVIe arrondissement ou de Seine-Saint-Denis, pas plus latinistes ou hellénistes les uns que les autres. Nous leur avons confié un texte de la Guerre des Gaules en leur demandant de trouver et apprendre la traduction pour la semaine suivante. Nous leur avons alors demandé des analyses de phrases latines.

Les deux groupes avaient des performances à peu près égales, peut-être légèrement meilleures pour les élèves du XVIe. Mais aux questions que nous posions ensuite eu égard au plaisir qu’ils avaient pris à cet exercice, les élèves de banlieue, dans leur grande majorité, témoignaient d’une plus grande satisfaction, relativement à leurs congénères socialement favorisés, d’avoir travaillé un texte en latin.


par De Sacha Gironde - professeur d’économie


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