France-Une stèle est dressée en mémoire des victimes du génocide commis contre les Tutsis

Redigé par Karirima A. Ngarambe
Le 2 juillet 2013 à 04:15

Une stèle est dressée en mémoire des victimes du génocide commis contre les Tutsis à Dieulefit en France en ce 29 juin 2013. Cette stèle est dressée en mémoire des victimes du génocide commis contre les Tutsis du Rwanda de 1994. Une plaque commémorative est déposée par Ibuka France en honneur à Jean Carbonare.
D’après l’Ambassadeur de la République Rwandaise en France, Jacques Kabale dans son allocution il a rappelé ceci : « C’était le 24 janvier 1993 au soir. Au cours du journal télévisé, les Français (...)

Une stèle est dressée en mémoire des victimes du génocide commis contre les Tutsis à Dieulefit en France en ce 29 juin 2013. Cette stèle est dressée en mémoire des victimes du génocide commis contre les Tutsis du Rwanda de 1994. Une plaque commémorative est déposée par Ibuka France en honneur à Jean Carbonare.

D’après l’Ambassadeur de la République Rwandaise en France, Jacques Kabale dans son allocution il a rappelé ceci : « C’était le 24 janvier 1993 au soir. Au cours du journal télévisé, les Français entendaient le témoignage d’un homme bouleversé. Jean Carbonare revenait du Rwanda après une enquête internationale avec la Fédération Internationale des Droits de l’Homme sur les exactions commises par le régime Habyarimana. Il voulait alerter les français et le Monde sur la situation au Rwanda, il voulait dénoncer le risque d’un nettoyage ethnique devant une audience saturée par les guerres de Yougoslavie. Il voulait appeler à l’action des médias mobilisés à l’époque sur le Libéria et l’Angola et également dénoncer le soutien apporté par la France à un régime criminel. Les mots de Jean Carbonare étaient très forts : massacres de grande ampleur, systématisation de la violence, politique manifestement organisée, mécanisme mis en route…. Il avait compris l’horreur qui se préparait. Il en avait identifié les signes précurseurs. Il avait mesuré la détermination sans faille des criminels. Il anticipait l’extermination qui s’annonçait. Cet appel désespéré résonne encore à nos oreilles : "nous sommes responsables", "Vous pouvez faire quelque chose", "vous devez faire quelque chose". Ce soir du 24 janvier 1993, tout le monde a entendu son message. Personne ne l’a écouté. Pourtant, 15 mois avant le déclenchement du Génocide contre les Tutsi, tout était encore possible et on pouvait arrêter cette marche de la mort. Depuis 1959, la discrimination, les exactions, les pogroms et les crimes étaient quotidiens, avec des déchainements de violence comme les massacres de masse de 1961, 1962 et 1973. On savait que la population Tutsi du Rwanda était en danger. Jean Carbonare, lui savait que la population Tutsi du Rwanda était en sursis. Président de Survie de 1988 à 1994, Jean Carbonare était un humaniste engagé au service de l’Afrique. Son intérêt sincère et désintéressé pour le développement du continent l’a amené à vivre aux côtés des Africains. Il comprenait leurs difficultés. Il partageait leur espoir.
C’est dans cet esprit que Jean Carbonare est retourné au Rwanda au lendemain du Génocide. Dès le mois de Juillet 1994, au milieu du chaos d’un pays dévasté, il a souhaité apporter son soutien et son expertise à la reconstruction du Rwanda. Indigné avant l’heure, Jean Carbonare n’a jamais fait de compromis avec le système de la Franceafrique. Sur le dossier rwandais, il n’a jamais cessé de dénoncer avec force l’inertie, la complicité, la dissimulation, le mensonge, et la manipulation. Avec le temps, et les preuves qui s’accumulent, sa contribution a pris une force qu’il était lui-même loin d’imaginer ».

Plus de 150 personnes ont assisté à l’inauguration de cette stèle. On notait la présence du côté officiel rwandais de l’Ambassadeur Jacques Kabale, de l’Honorable Rwabuhihi Ezechias, de Monsieur Bernard Kayumba (Maire de District Karongi), Madame Christine Priotto, Maire de Dieulefit et de toute la famille Carbonare : sa veuve, ses enfants et leurs petits-enfants. Du côté d’Ibuka France, le président Marcel Kabanda était de la partie, accompagné d’Alain Ngirinshuti son vice Président, représentant d’ Ibuka section- Montargeois dont Espérance et Bernard Patureau et les représentants Ibuka section-Rhône Alpes, Jeanne Allaire et Emmanuel Rugema, Mme Anne-Marie Truc, présidente des « Intore de Dieulefit », de Suisse Roland Junod, président de l’association "les Amis de Bisesero » et beaucoup d’habitants de Dieulefit.

Dans son allocution d’inauguration de la Stèle ; la Maire de Dieulefit a rappelé l’amitié qui lie les Rwandais et les habitants de Dieulefit. Il a dédié la plaque dressée à la mémoire des victimes des tutsi du Rwanda massacrés au cours du génocide des Tutsi de 1994 et aux survivants de ce génocide. Elle a insisté sur le fait que l’édification des survivants de ce génocide de triste mémoire passe par la reconnaissance de ce dernier par la Communauté internationale qui doit s’atteler à l’édification des lieux de mémoire.

« Aujourd’hui, nous rendons hommage à un Ami du Rwanda, feu Jean Carbonare. Nous honorons un Juste qui a toute sa place aux côtés des héros qui refusent la résignation. Cette plaque commémorative est bien plus qu’un symbole de son courage. L’engagement de Jean Carbonare doit se poursuivre, non seulement dans un devoir de mémoire mais aussi dans une exigence de justice. Il faut en effet continuer à se mobiliser pour que les suspects qui vivent sur le territoire français rendent compte de leurs actes », a déclaré l’Ambassadeur Jacques Kabale présent aux cours de ces cérémonies.

Le Président d’Ibuka France, Marcel Kabanda a, de son côté, souligné l’importance de s’approprier correctement de l’histoire du génocide des Tutsi du Rwanda et de faire qu’elle reste dans la mémoire des citoyens des Rwandais.

Pour Alain Ngirinshuti, Vice Président d’Ibuka-France , l’édification d’un plaque mémorial des victimes du génocide des Tutsi du Rwanda à Dieulefit confirme et réaffirme que la mémoire du génocide des Tutsi est universelle.

Par ailleurs, si cette édification de ce lieu de mémoire témoigne de l’appropriation par les citoyens de cette mémoire, elle pointe l’absence d’une volonté des autorités publiques au niveau national de construire un lieu de mémoire à Paris comme si cette mémoire dérangerait certains responsables politiques.

Dans la soirée suivant les cérémonies de la journée, 100 personnes ont suivi un film inédit sur Carbonare intitulé ‘‘témoignages’’.


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