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Jeu d’équilibriste du pape François aux Etats-Unis

Redigé par Le Point
Le 25 septembre 2015 à 11:01

Fidèle à sa ligne, le pape François a abordé sans complexes des sujets délicats mais s’est montré prudent aux premières étapes de sa visite historique aux Etats-Unis, menant un jeu d’équilibriste et se gardant de trop heurter les Américains.
De la Maison Blanche la veille au Congrès jeudi, Jorge Bergoglio a exprimé clairement ses priorités devant le président Barack Obama comme devant les élus américains réunis pour écouter pour la première fois un pape : la lutte nécessaire contre le changement climatique, (...)

Fidèle à sa ligne, le pape François a abordé sans complexes des sujets délicats mais s’est montré prudent aux premières étapes de sa visite historique aux Etats-Unis, menant un jeu d’équilibriste et se gardant de trop heurter les Américains.

De la Maison Blanche la veille au Congrès jeudi, Jorge Bergoglio a exprimé clairement ses priorités devant le président Barack Obama comme devant les élus américains réunis pour écouter pour la première fois un pape : la lutte nécessaire contre le changement climatique, une réforme des "structures injustes" du système économique incluant les pauvres et les marginalisés, et l’accueil des immigrés, lui-même se présentant comme un fils d’immigrés.

Devant le Congrès à majorité républicaine, il a eu l’habilité de s’appuyer sur quatre grandes figures de l’histoire américaine, à commencer par le président Abraham Lincoln, personnage incarnant entre tous la nation américaine. Les trois autres ont été des chrétiens engagés pour la justice sociale : le pasteur protestant défenseur des noirs Martin Luther King, Dorothy Day, fondatrice du Catholic Worker Movement, et le moine mystique et intellectuel Thomas Merton, promoteur de paix entre les peuples et les religions.

Le ton est resté prudent et chaleureux pour la classe politique américaine, qu’il a appelé à faire cause commune face aux grands défis de l’humanité et rappelé à ses responsabilités. Il a fait l’éloge de la générosité, des idéaux de liberté et des "rêves américains", relevant que la nation américaine avait été construite par les immigrés.

Soucieux de ne pas froisser inutilement les milieux conservateurs, il n’a pas repris ses paroles les plus radicales, parfois violentes, contre le capitalisme sauvage et pour la révolution écologique qu’il avait tenues dans ses écrits et en Amérique Latine.

Dans l’avion qui l’amenait de Cuba à Washington, il avait tenu à expliquer qu’il "n’était jamais été au delà" de ce qui était inscrit déjà dans la doctrine de l’Eglise, réfutant être un pape "gauchisant" comme l’en accusent les conservateurs américains.

 Culture du dialogue -

Devant les évêques américains mercredi, le pape François a aussi adopté une attitude d’équilibriste. Il a exhorté à la "culture du dialogue" et à l’accueil des exclus et des marginalisés sans jamais les juger, dans les situations où ils se trouvent.

En même temps, il a rassuré les conservateurs quant à ses positions inébranlables contre l’avortement.

"François a insisté fortement sur la vie, les encourageant à lutter pour elle", en se mobilisant contre l’avortement, a relevé le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège.

Devant le Congrès, il n’a pas cité le mot "avortement", mais évoqué "la responsabilité à protéger et défendre la vie", ce qui devrait satisfaire la droite religieuse.

Dans son long discours aux évêques, il a surtout tenté de réconcilier les évêques, durement opposés sur les questions de société.

 Une canonisation polémique -

François a aussi canonisé mercredi l’évangélisateur de la Californie, le franciscain espagnol Junipero Serra, très controversé chez les Indiens pour avoir contribué au dépérissement de leur culture au XVIIIème siècle.

Mais là aussi il a évité habilement d’alimenter la polémique.

Selon le souverain pontife, celui qui est désormais Saint Junipero "avait cherché à défendre la dignité de la communauté autochtone". Un éloge qui devrait plaire aux évêques américains.

Le pape n’a pas jugé bon de stopper le procès en canonisation, restant ainsi dans la ligne de Jean Paul II qui avait béatifié le prêtre franciscain.

En même temps, il a reconnu le traumatisme des descendants, et il a réçu à l’issue de la messe de canonisation 20 représentants des communautés indiennes de Californie.

Enfin sur le thème très sensible de la pédophilie, il a cherché aussi à maintenir l’équilibre, mais cette fois a été très critiqué pour avoir salué le "généreux engagement" des évêques.

"Je sais combien est gravée en vous la blessure des dernières années et je vous ai accompagnés dans votre généreux engagement pour guérir les victimes (...) et pour continuer à oeuvrer afin que de tels crimes ne se répètent plus jamais", a-t-il dit, parlant aussi des "autocritiques" qu’avaient du faire les évêques.

L’association Snap de défense des victimes a "fustigé" la "lâcheté" des responsables de l’Eglise catholique américaine.

Globalement, le message du pape est bien passé auprès de la population de Washington qui l’a acclamé dans les rues.

François qui n’avait jamais mis le pied aux Etats-Unis, a semblé détendu et content en terre américaine, et pas agressif comme le craignaient ses détracteurs.


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