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Urgent

Le réveil des Eglises.

Redigé par IGIHE
Le 15 mars 2016 à 12:31

Après le secrétaire général des Nations unies et la délégation de haut niveau de l’Union Africaine, Bujumbura a accueilli des représentants d’Eglises venus, eux aussi, aider dans la résolution de la crise.
« Un vrai dialogue inclusif et la réconciliation exigent des sacrifices », a déclaré le primat de l’Eglise anglicane lors de son passage au Burundi.
Un message très politique : selon lui, le dialogue inclusif prôné ne devrait discriminer aucune partie prenante au conflit.
Même son de cloche de la part (...)

Après le secrétaire général des Nations unies et la délégation de haut niveau de l’Union Africaine, Bujumbura a accueilli des représentants d’Eglises venus, eux aussi, aider dans la résolution de la crise.

« Un vrai dialogue inclusif et la réconciliation exigent des sacrifices », a déclaré le primat de l’Eglise anglicane lors de son passage au Burundi.

Un message très politique : selon lui, le dialogue inclusif prôné ne devrait discriminer aucune partie prenante au conflit.

Même son de cloche de la part du Conseil ścuménique des Églises (COE). Son secrétaire général, le pasteur Olav Fykse Tveit a exprimé « l’engagement des Eglises à soutenir leurs efforts constants sur le terrain pour assurer paix et stabilité dans le pays »,

Du 1er au 4 mars, une délégation ścuménique de la Conférence des Églises d’Afrique (Ceta), du Conseil ścuménique des Églises (Coe, au niveau mondial), rehaussée par la présence de la visite de l’archevêque anglican de Canterbury (en Angleterre), Justin Welby a rencontré des responsables protestants et catholiques, des représentants du gouvernement et de l’opposition, ainsi que des membres d’ONG. « Nous tenions à exprimer notre vive inquiétude face à l’escalade des tensions et de la violence qu’a connue le pays après les récentes élections », a déclaré le pasteur Tveit.

Dans un communiqué distribué dès son arrivée, l’archevêque de Canterbury et primat de la Communion anglicane, le Dr Justin Welby s’est dit « très sensible à une situation conflictuelle »L’Archevêque de Canterbury a rencontré le président Pierre Nkurunziza, les leaders de l’opposition et les victimes des violences qui ont émaillé le pays récemment.

Pour le Dr Justin Welby, « tout le monde doit se préparer à faire des sacrifices pour avoir la paix. » Il a averti d’un risque d’une éruption sérieuse de violence au Burundi.
Le retour de la CECAB

Cette semaine, la Conférence des Evêques Catholiques du Burundi, CECAB, a également sorti un communiqué dans lequel le dialogue inclusif reste la solution à la crise burundaise.

« D’où venons-nous et où allons-nous ? » Telle est la question que se sont posée les évêques de l’Eglise catholique du Burundi réunis à Gitega du 2 au 4 mars dans leur assemblée plénière ordinaire du mois de mars.
Dans un communiqué du 4 mars signé par Mgr Gervais Banshimiyubusa, évêque du diocèse de Ngozi et Président de la CECAB, ces évêques n’y vont pas par quatre chemins. Pour eux, il appartient aux politiciens chrétiens de prendre les bonnes décisions pour sauver le pays qui se trouve à la croisée des chemins. Les évêques catholiques s’interrogent également sur le nouveau mode d’accès et de succession au pouvoir : « Serait-il avéré que les Burundais et les Burundaises ont fait l’option de revenir au système d’un parti unique qui a sur eux le droit de vie et de mort ? »

Pour la CECAB, telles sont les interrogations qu’un chrétien et un croyant devraient garder à cśur en cette période. Et la réponse pour les évêques est claire : « le dialogue des politiciens qui ont une vision pour ce pays et qui aiment cette nation et ses citoyens plus qu’ils n’aiment leurs propres intérêts. » Les évêques catholiques constatent qu’il existe deux blocs qui n’acceptent pas de se rencontrer, un manque de dialogue qui est en train de couvrir des tueries qui continuent, des disparitions des gens dont les cadavres sont découverts dans des fosses communes. Pour eux, il est essentiel que des dirigeants acceptent un dialogue inclusif et le concrétisent par des actes.

>>>Réactions

Gélase Ndabirabe : « C’est dommage que des gens censés encadrer le peuple s’opposent à sa volonté »

Le porte-parole du parti au pouvoir n’y va pas par quatre chemins. Selon lui, cette déclaration du clergé prouve encore une fois que le comportement de celui-ci n’a pas changé : « Ils ont appelé au boycott des élections et veulent jeter tout le tort au gouvernement actuel. » Bien plus, accuse M. Ndabirabe, les évêques ont voulu créer un état de guerre qui n’existe pas : « Il n’y a pas de belligérants au Burundi et nous ne l’accepterons jamais. » Pour lui, ceux qui se sont retirés du processus électoral se sont opposés de facto à la volonté du peuple qui a élu ses représentants. Du coup, ils ne s’opposent pas au gouvernement, mais au peuple burundais. Et de conclure qu’il est dommage que ceux qui sont supposés encadrer moralement et spirituellement le peuple en arrivent à s’opposer à la volonté de ce dernier.

Léonce Ngendakumana : « Il faut des gens qui osent dire la vérité en face du pouvoir »

« C’est le message qu’il faut aujourd’hui. Recentrer les choses car il faut que des gens disent la vérité quand le gouvernement chante à tout va qu’il y a la paix alors que nos dirigeants eux-mêmes n’en sont pas convaincus, au vu de l’armada qui constitue leur garde », assure Léonce Ngendakumana, président du Sahwanya-Frodebu. Pour lui, il faut des gens qui osent dire la vérité en face du pouvoir. « Les évêques l’ont toujours fait. »

Charles Nditije : « Une analyse juste »

Selon le patron de l’Uprona non reconnu par le pouvoir, c’est une analyse juste de la situation, les choses vont de mal en pis en ce qui concerne la sécurité, les droits de l’homme, mais le pouvoir dit toujours que tout va bien. La seule solution reste un dialogue inclusif pour résoudre cette crise, et l’archevêque de Canterbury l’a clairement dit, en incluant même dans ce dialogue les jeunes et les femmes. La réaction des évêques est normale, il y va de leur responsabilité morale. Il n’y a pas de Dieu sans les hommes et, comme bergers des hommes, les évêques doivent les ramener dans le droit chemin chaque fois que nécessaire.
Petit rappel…

Le 28 mai 2015, à la veille des élections, la CECAB a annoncé le retrait de l’Eglise catholique du Burundi du processus électoral burundais, notamment des commissions électorales provinciales et communales indépendantes. Pour les évêques burundais, les conditions pour un scrutin crédible n’étaient pas remplies. Une décision qui leur a valu des réactions emportées de la part des inconditionnels du pouvoir.

Le 21 juillet 2015, dans un débat sur la chaîne allemande Deutsche Welle, Willy Nyamitwe, conseiller spécial du président de la République en charge de la communication, n’a pas mis des gants pour dire ce qu’il pense de ces évêques :
« Ces prélats sont devenus incapables d’établir une graduation claire dans leurs priorités morales…Voyez dans notre région, le génocide au Rwanda qui, en grande partie ce sont ces évêques. Voyez ici au Burundi quand ils sont en train de se mêler dans la politique dans ce qui ne les concerne pas en s’opposant contre tout un peuple…Ils sont dans les histoires louches de ce monde. On ne peut pas dire que ce sont des gens qui peuvent présenter un modèle de moralité. »

Dans son discours d’investiture, le 20 août 2015, le président Pierre Nkurunziza a fait un clin d’śil aux responsables des confessions religieuses : « Nous demandons aux Responsables des confessions religieuses de poursuivre la mission leur confiée par Dieu pour prêcher la Bonne Nouvelle et de réconforter dans la foi leurs adeptes. Gardez-vous des actions politiciennes qui vous détourneraient de l’orientation tracée par Dieu pour qui vous travaillez. »

>>> Analyse

Les protestants et les autres

Après plusieurs mois de silence, la Conférence des Evêques Catholiques du Burundi sort de son silence et prend position sur la situation que vit le Burundi.

Une réaction courageuse dans une société où les voix qui osent s’élever contre les travers politiques se font de plus en plus rares, ou parlent sous anonymat. L’Eglise catholique reste une des rares « forces de paix » qui reste au Burundi, si ce n’est pas la seule. Ce qui, sans doute, ne doit pas plaire au pouvoir. La stratégie du pouvoir doit donc être, logiquement, de la combattre ou la réduire au silence. D’où la visite de la conférence des églises ścuméniques, sur invitation, pourrait-on croire, du pouvoir.

D’après le communiqué de la conférence des évêques catholiques, ceux-ci avaient réservé un temps pour rencontrer leurs frères en Christ du Conseil ścuménique mondial des Eglises.

Mais la rencontre n’a pas eu lieu, l’agenda des Protestants ayant connu « des contretemps. » Selon certaines sources, cette réunion ne plaisait pas au pouvoir. Certains se demandent si Bujumbura n’aurait pas craint un communiqué commun des deux organisations. D’autres observateurs estiment que les Eglises protestantes sont plutôt proches du pouvoir pour des raisons que tout le monde peut deviner.

Dans tous les cas, une chose est claire : l’Eglise catholique du Burundi, malgré la diversité des sensibilités en son sein, reste la seule force capable de dire encore certaines vérités au pouvoir. Apparemment, l’Eglise catholique parvient à dépasser ses clivages pour donner un message commun et validé par tous, sur ce qu’ils jugent bon pour
le pays. « Ce qui fait l’unité de l’Eglise ce ne sont pas les positions politiques, mais le critère éthique », remarque un observateur avéré de la société burundaise. Ce comportement de l’Eglise devait, en définitive, inspirer nos politiciens, au lieu de lui attirer le courroux de certains.

Avec africatime.com


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