Avec une note de 4, le Rwanda figure une fois de plus en tête du classement. Il est suivi de près par le Sénégal et le Kenya qui obtiennent tous les deux 3,8. Selon l’évaluation de la Banque mondiale
La dernière évaluation des politiques et institutions publiques en Afrique réalisée par la Banque mondiale met en évidence une baisse de la qualité des politiques et des institutions en Afrique subsaharienne dans un contexte marqué par une conjoncture économique mondiale difficile et les difficultés propres à chaque pays.
Cette tendance a été observée dans 40 % des pays évalués en 2016 et particulièrement dans certaines catégories de pays, notamment les pays exportateurs de matières premières et les États fragiles.
L’évaluation des politiques et des institutions nationales (plus connue sous son acronyme anglais « CPIA ») est un exercice annuel qui permet à la Banque mondiale de mesurer les progrès accomplis par les pays d’Afrique subsaharienne pour améliorer la qualité de leurs politiques et de leurs institutions. Depuis 1980, les notes de la CPIA déterminent l’allocation de prêts sans intérêts et de dons aux économies éligibles au soutien de l’Association internationale de développement (IDA)*, le fonds du Groupe de la Banque mondiale pourvoyeur de financements concessionnels.
Ces notes reposent sur 16 indicateurs de développement dans quatre domaines : la gestion économique, les politiques structurelles, les politiques d’insertion sociale et d’équité, la gestion et les institutions du secteur public. Les pays sont notés sur une échelle de 1 (note la plus faible) à 6 (note la plus élevée) pour chaque indicateur. La note globale étant égale à la moyenne des quatre domaines évalués.
La note moyenne pour les 38 pays africains évalués en 2016 a légèrement baissé à 3,1.
Avec une note de 4, le Rwanda figure une fois de plus en tête du classement. Il est suivi de près par le Sénégal et le Kenya qui obtiennent tous les deux 3,8. Certes, la qualité de la politique et des institutions s’est renforcée dans certains pays, mais le nombre de pays qui ont vu leurs notes globales se détériorer est deux fois plus important.
Les pays dont la qualité de la politique et des institutions a globalement souffert ont pour trait commun une baisse continue de la qualité de la gestion économique, rendue évidente par le recul de la performance dans trois domaines, à savoir la politique monétaire et de change, la politique budgétaire et la politique d’endettement. Cette situation peut s’expliquer en partie par la conjoncture économique défavorable qui exacerbe les faiblesses macroéconomiques de certains pays de la région. La diminution des réserves budgétaires et extérieures empêche les politiques macroéconomiques d’atténuer pleinement les effets de ces chocs sur l’activité économique.
La Côte d’Ivoire, les Comores, le Cameroun, la Guinée, Madagascar, la Mauritanie et le Soudan, ont légèrement amélioré leur note de 0,1 point, pour la plupart, grâce à une meilleure gouvernance. La qualité des politiques d’insertion sociale et d’équité s’est aussi améliorée dans quelques pays, ce qui indique un renforcement des programmes de filets sociaux.
« La gouvernance sous-tend tous les secteurs dans lesquels intervient le Groupe de la Banque mondiale et en dépit des petites avancées enregistrées, les pays d’Afrique subsaharienne devront mettre en œuvre ou étendre les réformes de la gouvernance et du secteur public afin de moderniser les systèmes de gestion financière, d’accroître la transparence, de réduire la corruption, de renforcer l’État de droit et d’améliorer les services publics », explique Albert Zeufack, économiste en chef pour la région Afrique à la Banque mondiale.
Les récents résultats de la CPIA montrent que la qualité des politiques et des institutions dans les pays IDA qui ne sont pas en situation de fragilité en Afrique subsaharienne, est comparable à celle de pays de même niveau de développement dans d’autres régions. Ce n’est malheureusement pas le cas pour les pays fragiles, généralement à la traîne par rapport à leurs homologues d’autres régions. Ces deux catégories de pays IDA d’Afrique subsaharienne mises ensemble obtiennent une note CPIA globale inférieure à la note moyenne des autres pays IDA.
« Il apparaît que les pays africains qui montrent une certaine résilience économique sont ceux qui ont mis en place des cadres macroéconomiques plus solides et de meilleures politiques en faveur d’une croissance solidaire et durable », constate Punam Chuhan-Pole, économiste principal pour la région Afrique à la Banque mondiale et auteur du rapport. « Mais tous les pays de la région ont la capacité de renforcer la qualité de leur politique et de leurs institutions. »
L’Association internationale de développement (IDA), une institution de la Banque mondiale fondée en 1960, accorde des dons et des crédits à faibles ou sans intérêts aux pays les plus pauvres afin de les aider à mettre en œuvre des programmes qui stimulent la croissance économique, contribuent à la réduction de la pauvreté et améliorent les conditions de vie des pauvres.
L’IDA est l’un des principaux bailleurs d’aide aux 77 pays les plus déshérités du monde, dont 39 se trouvent en Afrique. Les ressources de l’IDA bénéficient concrètement à 1,3 milliard de personnes vivant dans les pays qui bénéficient de ses concours. Depuis sa création, l’IDA a soutenu des activités dans 112 pays. Le volume annuel de ses engagements a représenté en moyenne 19 milliards de dollars au cours des trois dernières années, 50 % de ce montant environ étant destiné à l’Afrique.
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