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Miheto interpelle le « héro » politicien du Film Hôtel Rwanda

Redigé par Tatien Ndolimana Miheto
Le 19 juin 2013 à 08:45

Monsieur Rusesabagina,
On dirait que vous ne connaissez pas l’adage rwandais qui dit que personne ne peut en même temps boire le lait et manger la viande d’une même vache.
Je viens de suivre et analyser beaucoup de vos conférences, écrits et interviews. A ce sujet, j’attire l’attention du public qui vous suit sur un fait troublant et révélateur de votre fourberie et de votre malhonnêteté à savoir que votre message de politicien est tout le contraire de votre message principal de héros du film Hotel (...)

Monsieur Rusesabagina,

On dirait que vous ne connaissez pas l’adage rwandais qui dit que personne ne peut en même temps boire le lait et manger la viande d’une même vache.

Je viens de suivre et analyser beaucoup de vos conférences, écrits et interviews. A ce sujet, j’attire l’attention du public qui vous suit sur un fait troublant et révélateur de votre fourberie et de votre malhonnêteté à savoir que votre message de politicien est tout le contraire de votre message principal de héros du film Hotel Rwanda.

En effet, d’un coté Rusesabagina le politicien nie la planification du génocide contre les Tutsi dans le chef des génocidaires, défend en justice ces génocidaires, lutte pour leur impunité et leur réhabilitation ; paradoxalement, il accuse sans honte le FPR qui les a vaincu en 1994 et qu’il considère comme un mouvement Tutsi, du crime de planification de ce génocide contre les Tutsi qu’il présente comme des membres héréditaires de ce même FPR.

D’un autre côté, Rusesabagina le consultant et héros du film Hotel Rwanda fait dire au film que le génocide perpétré contre les Tutsi, est en réalité le résultat de l’idéologie ethniste datant des années 1960 et précise que cette idéologie est l’aboutissement criminel de la colonisation belge au Rwanda, une idéologie des leaders Hutu consacrant que les Hutu sont majoritaires, que le Rwanda appartient aux Hutu, que les Tutsi sont des envahisseurs à chasser du Rwanda ; Rusesabagina le consultant du film lui fait dire et jouer que le génocide de 1994 a été précédé par une campagne incitant les Hutu à haïr les Tutsi, par des arrestations et des massacres de Tutsi, bref un génocide préparé, organisé, testé et ensuite perpétré contre les Tutsi sur tout le pays par des milices hutu et leur gouvernement.

Monsieur Rusesabagina, vous avez quitté le Rwanda en 1996 parce que votre ligne politique ne pouvait pas cohabiter avec le chantier socioéconomique et surtout politique du FPR qui était tout le contraire de vos aberrantes aspirations de voir les génocidaires impunis, un chantier que vous et votre parti politique d’alors, je nomme le MDR, ne saviez pas contrecarrer eu égard à la force et la détermination du FPR à mettre en application son programme politique à lui.

Aujourd’hui, 17 ans après votre départ du Rwanda, vous venez de vous faire une renommée. Bizarrement, votre malhonnêteté vous fait cracher sur le tremplin qui vous a rendu célèbre, qui fait votre nom à savoir le message principal véhiculé par le film Hotel Rwanda qui informe le public que les Tutsi ont été victimes d’un génocide planifié, lequel génocide a, en effet, été précédé par des actes de génocide périodiques contre les Tutsi tour à tour au cours des années 1959, 1960, 1963, 1967, 1973 ; un génocide organisé, préparé durant des décennies et finalement affiné et testé au cours des années 1991, 1992, 1993 pour être efficacement perpétré en en avril 1994.

Cette réalité de la planification du génocide qui n’est que l’aboutissement de l’idéologie de la suprématie hutu qui vous est chère, est documentée aux quatre coins du monde par des centaines, voire des milliers de personnes et d’institutions internationales dignes de foi. Mais vous Rusesabagina, vous la niez cette réalité et dans vos écrits et dans vos discours ; plus criminel encore, vous n’avez pas honte de verser dans des accusations en miroir en qualifiant cruellement les victimes, tantôt d’être responsables du génocide qu’ils ont subi tantôt d’être des bourreaux, comme le font d’autres négationnistes et génocidaires parmi lesquels des soi disant politiciens rwandais opposants au Parti politique FPR qui dirige aujourd’hui le Rwanda. Inutile de rappeler que le révisionnisme et le négationnisme du génocide contre les Tutsi ou tout autre génocide, est l’étape ultime du processus de génocide. Nous ne connaissons aucun génocide qui n’a pas été révisé ou simplement nié par ceux qui l’ont planifié et/ou par leurs amis et partenaires.

Paul Rusesabagina, vos agissements et déclarations politiques témoignent de votre duplicité vis-à-vis du message du film Hotel Rwanda et votre ingratitude vis-à-vis des Tutsi utilisés par ce film pour créer l’homme que vous êtes, entendez l’homme riche et célèbre suite aux dividendes que vous gagnez du film fiction dans lequel vous êtes joué en héros extraordinaire qui a protégé dans « Son » hôtel et sauvé des réfugiés pendant le génocide alors que la réalité du comment ces réfugiés eurent la vie sauve est autre, à savoir que vous n’avez joué aucun rôle à leur survie.

Vous utilisez cet héroïsme fictif dans un combat politique contre ces mêmes rescapés de l’hôtel Rwanda et contre tous les autres rescapés Tutsi du Rwanda. En effet, vous brillez aujourd’hui par votre combat de banalisation du génocide commis contre les Tutsi et de sa profanation en osant dire que ce génocide a été planifié par les Tutsi eux-mêmes ; vous vous acharnez à réinstaurer des partis politiques racistes dont l’objectif ultime est de régner sur un Rwanda dominé politiquement par des Hutu, objectif au nom duquel les génocidaires ont exterminé plus d’un million de Tutsi en 100 jours en 1994.

Vous rêvez de chasser ceux qui ont vaincu les génocidaires et d’instaurer le pouvoir des Hutu pour les Hutu (je cite le slogan des génocidaires en 1994). En d’autres termes, comme si les dividendes du film Hotel Rwanda ne vous suffisaient pas, vous cherchez à tout prix à gagner aussi les dividendes du génocide ; plus grave encore, vous prônez un pouvoir fondé sur l’idéologie de hutu majoritaires, du hutu power, l’idéologie génocidaire de son vrai nom.

En clair, Rusesabagina l’humanitaire héro du film Hotel Rwanda est tout le contraire du vrai Rusesabagina, à savoir un fourbe politicien idéologue de l’ethnisation politique du Rwanda et un faux humanitaire qui ne compte aucun rescapé du génocide perpétré contre les tutsi sur la liste des bénéficiaires de ses actions dites tantôt humanitaires tantôt politiques.

Je termine mon commentaire en vous jurant que vous ne parviendrez jamais à boire le lait et en même temps manger la viande d’une même vache, ce qui signifie que vous ne pouvez pas gagner des dividendes « volés » de ces Tutsis (rescapés du génocide) utilisés par le film Hôtel Rwanda pour vous promouvoir et plus tard gagner aussi les dividendes provenant d’un programme politique qui discrimine les mêmes rescapés du génocide. Aussi je déplore que vous utilisez vos conférences pour véhiculer des contrevérités et des appels à la haine ethnique contre ceux que vous désignez mensongèrement comme groupe de Tutsi qui dirigent le Rwanda et marginalisent les Hutu (fausse affirmation du politicien Rusesabagina, en témoignent toute personne objective au regard des réalités politiques, sociales et économiques du Rwanda) au lieu de traiter pertinemment des thèmes choisis par les organisateurs de ces conférences ou au moins de vendre un programme politique digne d’un Rwanda moderne en phase avec la mondialisation au sens globale du terme. Vous utilisez le temps vous imparti rien que pour dire et redire votre haine du FPR et ses leaders, le FPR que vous persistez à tort à identifier comme un mouvement dominé par les Tutsi, une rhétorique qui n’est pas digne d’un conférencier invité par des personnalités et institutions que nous respectons.

Rusesabagina, imposteur et faux héros du film Hotel Rwanda

Revisitons enfin le fameux héroïsme au nom de quoi l’homme est devenu un des orateurs en vogue sur le Rwanda.

Quand commence le génocide contre les Tutsi en 1994, un bon nombre de personnes menacées se sont réfugiés à « l’Hôtel Rwanda » dès le 07/04/1994. Quant à Rusesabagina, il n’y est arrivé que tardivement en date du 16/04/1994.

Plus encore, Rusesabagina n’a commencé à vivre avec nous à l’hôtel que tardivement ; c’est après qu’il ait su (probablement de la part des chefs du génocide) que nous (les réfugiés de l’hôtel des 1000 Collines) serons épargnés. En effet, entre le 16/04/1994 et le 02/05/1994, il travaillait à l’hôtel entre 07H00 et 17H00 sans rester toute la journée à son bureau parce qu’il passait plus de temps en dehors de l’hôtel ; il rentrait chaque soir pour passer la nuit avec sa famille loin de l’hôtel.

Il a commencé à vivre avec les réfugiés à l’hôtel le 02/05/1994 juste après y avoir amené sa famille afin de faciliter son évacuation à l’étranger, laquelle était organisée par la MINUAR en accord avec les FAR et le FPR pour tous les réfugiés de l’hôtel. Cette évacuation était prévue à partir de 03/05/1994 même si elle n’a commencé que le 27 mai 1994. En d’autres termes, depuis la date du 03/05/1994, il a décidé de rester avec nous (réfugiés) à l’Hôtel jusqu’à notre évacuation au lieu de retourner à son domicile parce qu’il estimait le lieu assez sécurisé.

Si nous avons survécu du 07/04/1994 au 16/04/1994l avant que le fameux héro fictif ne vienne travailler à « l’Hotel Rwanda », si nous les réfugies, avons survécu entre le 16/04/1994 et le 02/05/1994 alors que le fameux sauveur vivait hors de l’hôtel, ce fût grâce aux facteurs sérieux autres que son prétendu rôle

Toute personne de bonne foi et qui connait assez comment le génocide contre les Tutsi s’est déroulé, sait très bien que même un officier supérieur de l’armée rwandaise agissant en son nom propre, ne pouvait s’opposer aux génocidaires déchainés sur des Tutsi se trouvant dans des endroits publiquement connu tel l’hôtel des 1000 collines.

Un Rusesabagina, gérant d’hôtel, agissant en son nom propre, n’avait aucune force ni de s’opposer, ni d’amadouer les génocidaires qui avaient le contrôle sur tout.

A mon humble avis, les facteurs clés qui furent synergiques et concomitants pour la survie des réfugiés de l’hôtel des 1000 collines sont les suivants :

1. L’Hôtel des Mille Collines ainsi que quelques autres sites de Kigali, a été déclaré site protégé de la MINUAR (ONU) depuis le 7 avril 1994. Pour l’accomplissement de cette mission, je veux dire pour protéger les réfugiés dans cet hôtel, une dizaine de soldats de la MINUAR commandés par le lieutenant-colonel Cyprien Moigny y ont été déployés et ont vécu avec nous depuis le 7 avril jusqu’à la fin du génocide. Le drapeau de l’ONU flottait sur le toit de l’hôtel et des véhicules blindés de l’ONU étaient stationnés à l’entrée de l’hôtel pour protéger les réfugiés.

2. Probablement après concertation avec le Gouvernement français, le Gouvernement rwandais et son armée ont décidé de réserver ( protéger) certains Tutsis rassemblés dans des endroits comme l’hôtel des Mille Collines et d’autres endroits que nous connaissons aujourd’hui ; ces Tutsi étaient censés être utilisés par le Rwanda et le Gouvernement français au Conseil de sécurité de l’ONU comme personnes à secourir et ainsi obtenir une résolution machiavélique pour une intervention militaire au Rwanda, officiellement pour protéger les Tutsis pas encore tués, mais pratiquement pour arrêter la victoire du FPR-Inkotanyi sur l’armée Rwandaise (responsable du génocide). Nous savons tous que la renommée opération turquoise française, fruit de ce stratagème, a été initialement conçue pour opérer de l’ouest du Rwanda jusque dans la capitale Kigali dont l’hôtel des 1000 Collines était un des sites phares de cette opération.

3. Le FPR-Inkotanyi avait quelques personnes dans la zone qu’il contrôlait, qui voulaient rejoindre leurs familles dans la zone contrôlée par l’armée gouvernementale ; cette situation a créé une certaine logique au tour du 20/04/1994, comme l’a confirmé (à notre comité de crise) le général Dallaire et le colonel Moingy qui commandait le site protégé "Hôtel Rwanda" de l’ONU (pendant le génocide cet hôtel a été considéré et appelé par la MINUAR, un de ses sites protégés), d’échange de personnes réfugiés à l’Hôtel des mille collines et dans d’autres sites, qui voulaient aller dans la zone sécurisée par le FPR, avec ceux qui voulaient passer de la zone FPR vers la zone du Gouvernement rwandais. En effet, notre survie a abouti par cette opération de nous échanger de la zone des génocidaires contre des gens de la zone FPR.

4. De Bruxelles, les propriétaires de l’Hôtel des Mille Collines à savoir Sabena, ont également joué un rôle clé, en effet, la protection de leur hôtel contre pillage et destruction passait par la protection des réfugiés qui s’y trouvaient. La Sabena a utilisé son influence pour nous protéger.

5. Les cris de demande de secours que nous avons lancé tout azimut (téléphone et faxes envoyés) à partir de l’hôtel, essentiellement avant que Rusesabagina ne commence à travailler à l’Hôtel des Mille Collines, ont également joué un certain rôle dans notre survie. J’ai toujours sur moi des documents révélateurs attestant que notre survie est en quelque sorte aussi due au rôle clé de l’ancien ministre luxembourgeois de la Défense, de ses collègues du ministère des Affaires étrangères, au rôle du ministère belge de la défense ainsi qu’au rôle du conseil de sécurité de l’ONU. Ces documents à ma disposition datent notamment du 13, 14 et 15 Avril 1994 avant l’arrivée de Rusesabagina dans l’hôtel des mille Collines.

Par Tatien NDOLIMANA MIHETO
Ex Coordinateur du comité de crise des réfugiés de l’hôtel des 1000 Collines pendant le génocide contre les Tutsi.

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