Réfugiés congolais de Kiziba : droits bafoués, meneurs arrêtés et traduits en justice

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 2 mai 2018 à 03:35

Les réfugiés congolais du camp de Kiziba sont las de vivre une vie indigne de réfugiés politiques au moment où chez eux, leurs compatriotes vivent dans la plénitude de leurs vies au milieu d’une insécurité qui y fait date. Ils montrent leur mécontentement mais les responsables du HCR ne veulent pas les entendre et exhaucer leur souhait de rentrer. Une réponse exagérée des organes de sécurité rwandais pose une question philosophique difficilement insoluble. Cet organe de sécurité publique a droit de ne pas accepter une manifestation non autorisée et de l’arrêter. De l’autre côté, les réfugiés congolais veulent rentrer chez eux au lieu de voir leurs enfants grandir difficilement dans la pauvreté et la précarité. Qui a raison et qui a tort ?

La Police nationale Rwandaise a-t-elle arrêté 23 meneurs des manifestations du Camp de réfugiés congolais de Kiziba ? Oui ! Ils sont accusés de lancer des objets tranchants et autres jets de cailloux sur agents de police assurant la sécurité dudit camp. Et ils doivent comparaître devant l’officier du Ministère public pour répondre de leurs crimes.

Cependant, si ces meneurs sont arrêtés, s’ils ont électrisé leurs compères, que cela est observé et dûment constaté par l’opinion publique, cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Mais, s’est-on demandé pourquoi une telle violence surgit dix-sept ans après qu’ils aient été installés dans ce camp ?

Les troupes de la Monusco continuent les patrouilles de routines des propriétés que ces réfugiés congolais rwandophones ont déserté il ya 17 ans

Pourquoi durant toutes ces années-là, ils ont attendu et sont restés tranquilles en attendant que leur sort de réfugiés politiques soit amélioré ou, à défaut, qu’il leur soit permis de prendre le chemin de retour dans les propriétés dans le Masisi, Kichanga, Rutschuru..., qu’ils retournent chez eux même si la sécurité n’est pas assez revenue, qu’ils peuvent vivre l’insécurité persistante devenue endémique dans leur pays autant que leurs voisins restés au pays au lieu de crever de faim avec tout au plus 7 dollars ( environ 6.700 Frw) de vivres par personne et par mois ?

Ils refusent une vie de sous-hommes à laquelle on les plonge

Des informations sur le terrain disent que ces manifestations sont dues au changement de la structure dirigeante du camp.

"La structure dirigeante déposée de ce camp avait la mission d’aider à une bonne administration de ce camp et la poursuite paisible des activités normales (auxquelles vaquaient ces 17.000 réfugiés du camp). Au lieu de cela, cette structure encourageait lesdits réfugiés à se révolter contre les autorités gouvernementales et les institutions partenaires. Ces dernières n’avaient oplus droit d’accéder dans le camp. Il y avait la pagaille dans le camp et ses alentours", lit-on dans le communiqué émanant du Ministère rwandais en charge de la Gestion des réfugiés et des Désastres.

On peut comprendre que le Ministère doit nécessairement arrêter toutes les activités d’indiscipline et de violence dans le camp pour, avec l’aide de la Police nationale, rétablir l’ordre, la sécurité et la tranquillité. Le Ministère insiste que les "réfugiés doivent faire recours aux négiociations et pourparlers pour résoudre les problèmes qu’ils vivent".

Patrouilles avec forces tanks : Pourquoi les réfugiés ne rentrent-ils pas pour bénéficier de la protection de ces lourds engins militaires ?

Et si leur interlocuteur, le HCR ne veut pas en entendre parler ? Et si les responsables locaux du HCR ne sont pas à même de percevoir que les 7. 800 frw par mois et par personne qui pourraient être suffisants au Burundi, en Uganda ou ailleurs peuvent ne pas l’être au Rwanda ? Cela ne devient-il pas un dialogue de sourds ?

Kiziba surpolitisé par d’anciens éléments du M23

"Ces négociations durent depuis plus d’une année. Elles n’ont rien donné. Il ne se conçoit pas comment une famille de cinq membres puisse vivre avec une si maigre somme et pouvoir payer les frais divers dans une promiscuté totale", a dit Gakwaya un réfugié de Kiziba montrant qu’au delà d’autres problèmes qui pourraient être à la base de ces manifestations violentes, il y a cette inconsistante ration alimentaire.

Un correspondant de presse sur terrain qui a suivi l’évolution de ce camp dit qu’à la défaite du camp Runiga des M23 qui se battait à la frontière de la RDC avec le Rwanda en 2011-12 contre le camp Makenga et que Runiga et ses troupes ont été jetés hors de la RDC au Rwanda, les vaincus ont été transportés par les autorités rwandaises et celles du HCR pour Kibungo en Province de l’Est, à plus de 200 Km de la frontière de la RDC et ils ont signé avec le HCR qu’ils devenaient des civils pour mieux bénéficier du statut de réfugié.

"Las d’être parqués dans le camp de Kibungo, la plupart d’entre eux ont pris la direction de la RDC et ont été redirigés vers le camp de Kiziba par le CICR/Comité International de la Croix Rouge", a dit Mukwaya montrant que les instances de sécurité connaissent bien pourquoi le camp de Kiziba qui se rebelle alors que Gihembe (Byumba) et Kigeme (Gikongoro) sont calmes et qu’elles doivent être aux aguêts de peur que les dits réfugiés ne commettent de grandes violences à l’endroit des agents et diplomates du HCR.

Un camp surpeuplé

Dix sept mille réfugiés parqués sur moins d’un Km2 au moment où de l’autre côté du lac Kivu, chez eux en RDC, leurs grandes étendues sont occupées des groupes armés errants

Pourtant ces réfugiés disent qu’il n’y a pas que le Rwanda où ils peuvent trouver refuge, qu’ils peuvent être redirigés vers d’autres pays au cas où ils ne sont pas autorisés à rentrer chez eux alors qu’ils le réclament.

Complicité de la Communauté internationale pour le maintien de MONUSCO

A qui le tort ? Est ce la partie gouvernementale rwandaise qui voudrait retenir ces réfugiés ? Quel intérêt aurait-il à garder en otage une si grande population si ce n’est que l’accord de rapatriement doit être tripartite Rwanda-RDC-HCR au cas où les réfugiés sont consentants ?

Une simple analyse montrerait que même si la RDC éprouverait des difficultés à signer un tel acte au moment où la partie est de la RDC est, de Goma à Rutschuru-Kichanga-Béni, en proie à une insécurité rampante ; l’autre partie signataire, le HCR représentant de la Communauté internationale, aurait beaucoup de difficultés à signer un tel acte surtout qu’il aurait signé le départ immédiat des 20.000 Casques Bleus de la MONUSCO qui se concentre un peu plus dans cette partie Est de la RDC jugée insécurisée par une multitude de petits groupes armés créés de toute pièce pour les besoins de la cause.

Réfugiés congolais rwandophones sacrifiés par le silence complice du Rwanda
Ce jeu de cartes qui se joue sur la tête des réfugiés congolais rwandophones, il n’y a que les anciens éléments des M23 surpolitisés qui vivent dans le camp qui puissent comprendre la supercherie de cette Communauté Internationale qui renouvelle période après période le mandat de la Monusco.

Le Rwanda est-il lié par la Convention internationale de protection des diplomates et autres agents d’ONGs internationales opérant dans le pays ? Il craint que ces demi-frères ne commettent des crimes sur le personnel du HCR ce qui imprimerait un sérieux précédent sur un Rwanda dans la communauté internationale fameux pour son engagement de sécurisation de tout sujet opérant sur le territoire national.

Mais de là à justifier les morts recensés dans le chef de ces réfugiés, non !!! L’usage de la force excessive ne se conçoit nulle part au monde.


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