RSB, Minagri, Minicom, RRA : Débat autour des défis de l’industrialisation rwandaise

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 18 janvier 2016 à 04:27

Les investisseurs rwandais qui commencent dans les petites industries de transformation alimentaires se plaignent du fait que les pouvoirs publics ne les soutiennent pas comme il faut dans leurs débuts. Pour eux, une aventure industrielle exige un accord de crédit à long terme et au taux d’intérêt relativement rabaissé. Elle exige en outre que l’autorité fiscale lui permette un délai de grâce de paiement des taxes et de revoir à la baisse la taxe à la consommation afin de permettre une compétitivité (...)

Les investisseurs rwandais qui commencent dans les petites industries de transformation alimentaires se plaignent du fait que les pouvoirs publics ne les soutiennent pas comme il faut dans leurs débuts. Pour eux, une aventure industrielle exige un accord de crédit à long terme et au taux d’intérêt relativement rabaissé. Elle exige en outre que l’autorité fiscale lui permette un délai de grâce de paiement des taxes et de revoir à la baisse la taxe à la consommation afin de permettre une compétitivité de leurs produits sur le marché par aux produits similaires de la région.

Strict conformisme aux standards de production : Défis et Atouts

BIO HAP Ltd est une petite brasserie produisant des jus, des vins et des liqueurs. Elle est située dans le quartier Kicukiro vers Mayange à Kigali. Le Propriétaire Ing. Juvénal Ndayisenga a beaucoup de griefs. Tous se résument dans le fait qu’il n’y a pas de volonté politique de promotion de petites industries de transformation agro-alimentaire.

Beaucoup d’invités au débat : Ir. Chimiste Juvénal Ndayisenga, Mme Antoinette Mbabazi, chef de la Certification des produits rwandais près RSB, Jean Pierre Team leader dans la certification, Richard Dada, Commissaire à RRA, Dr Louis Butare, DG à RAB. Tous ces intervenants marquent de leur sceau la question de l’industrie agro alimentaire strictement rwandaise naissante.

Ir Juvénal Ndayisenga de BIO HAB Ltd

« Le Gouvernement nous demande de nous conformer aux standards européens de production. Là il nous oblige des conditions que d’autres pays de la région ne font pas pour leurs industriels débutants. Résultats ? Nos produits coûtent plus cher sur le marché. Et l’on voit des jus ugandais sur le marché rwandais qui sont très moins chers que les nôtres. Et puis, pour satisfaire les conditions d’octroi d’une marque déposée, il nous faut verser 600.000 Frw tous les deux ans. Réfléchissez alors si on avait 100 produits à certifier, cela coûterait les yeux de la tête », a dit l’ingénieur brasseur travaillant dans un immeuble style résidence pour lequel il n’a pas encore le moyen de transformer pour prendre une forme avenante d’immeuble industriel.

Antoinette Mbabazi, Chef de Division de Certification près RSB

Monsieur Juvénal Ndayisenga prétend que nous imposons des conditions de production draconiennes. Mais non ! Du reste, lui et d’autres intervenants dans le secteur industriel, y compris des chercheurs universitaires et autres délégués de l’Agence de l’Environnement, sont invités pour le lancement d’un produit donné. Prenons l’exemple d’un jus donné. Nous, de RSB (Rwanda Standards Bureau), notre délégué fait office de secrétaire des débats. Ce comité d’experts établit des normes de production, de contrôle labo, de calibration et de processus de certification. Tout ça, M. Juvénal le sait bien pour en avoir fait partie.

Pour l’ingénieur Juvénal qui se plaint, il justifie ses plaintes :
Nous opérons dans un marché ouvert sans restrictions ni protection de produits nationaux. Pourtant nous sommes soumis à des régimes de production différents. En Uganda ou au Kenya, un homme d’affaire qui se lance dans l’industrie agroalimentaire, on ne lui exige pas les standards européens. Bien plus on lui donne un délai de grâce de cinq ans exonéré d’impôts pour qu’il puisse améliorer graduellement la qualité de ses produits quitte à remplir les standards exigés.

Dada Richard, Commissaire à RRA (Rwanda Revenue Authority)

Les exonérations au Rwanda suivent un cadre précis. Tout est affaire de la RDB (Rwanda Development Board). Pour des investissements égaux ou supérieurs à 500 millions de dollars, RDB recommande qu’ils soient exonérés de taxes sur l’équipement importé. On leur impose une taxe forfaitaire de 10% seulement. Et quand les investissements sont installés dans la Zone franche de Nyandungu (Kigali-Est), ils sont frappés uniquement de 15% de taxes sur le profit. Ces mesures incitatives se font pour encourager l’implantation de beaucoup d’industries dans le pays.

Richard Dada, Commissaire à RRA
Cela compte pour tout le monde qui souhaite installer son affaire au pays y compris ceux qui veulent entreprendre l’industrie de transformation agro alimentaire.


Pourtant l’ingénieur Juvénal Ndayisenga de BIO HAP ltd
soulève des questions liées au fait qu’il est en partie un consultant et formateur en techniques industrielles et que d’autre part il produit tout un assortiment de jus et de vins. Il critique des banques commerciales locales qui ont des analystes du crédit non perspicaces :

Les banques quand elles analysent l’apport en industrie, elles ne voient que le matériel immobilier et autre meuble. Elles ne donnent pas une valeur méritée de la garantie morale. Et puis ces banques devraient accorder une année de grâce pour le crédit industriel octroyé à l’industriel et le remboursement s’étaler sur le long terme.

« 

Ingénieur chimiste Juvénal Ndayisenga raconte qu’il a commencé son business en 1998 comme hobby alors qu’il était fonctionnaire de l’Etat. Il a formé beaucoup de gens à travers le pays à créer leurs propres brasseries. Il est à la tête d’une entreprise de 300 millions de francs de capital. « La plupart de mes revenus sont des consultances avec les institutions gouvernementales dont WDA (Work Development Agency) et celles de la Société civile y compris les privés. Les gens que j’ai formés à ce jour ont monté 300 brasseries de jus et de vins divers dans tout le pays. Le Gouvernement rwandais m’a payé des voyages d’étude en Uganda, Tanzanie et Kenya dans le cadre de trouver une solution au problème du manque d’emballages pour produits fabriqués au Rwanda. Le gouvernement m’a acheté un matériel de labo en contrepartie avec la consultance que je venais d’effectuer pour son compte.

 »

Ir. Dr. Louis Butare, DG de RAB/Rwanda Agriculture Board : Une Banque d’Agriculture en discussion

Il y a une nécessité d’une banque donnant le crédit agricole. Celle-ci viendrait comme une réponse aux nombreux opérateurs dans la transformation agro alimentaire mais aussi des fermiers agricoles qui veulent accroître la capacité de production. Le débat sur la création d’une Banque d’Agriculture fait son chemin dans les hauts centres de prises de décision aux Ministères du Commerce et Industrie, de l’économie et Finance. L’idée est de faire en sorte que le crédit agricole bénéficie d’un taux tarifaire spécial de 10 à 5%.

L’ingénieur docteur Butare semble donner une réponse au chimiste et brasseur Juvénal Ndayisenga qui trouve que le Gouvernement ne fait pas assez pour promouvoir l’industrie locale faite à base de matières premières elles aussi locales.

Antoinette Mbabazi, Chef de Division de la Certicification des produits industriels

Juvénal Ndayisenga ne peut pas nous reprocher d’être strict dans l’octroi de certificats commerciaux dits S mark ou même HACCP (Hazard Analysis and Critical Control Point). Nous avons agréé à ce jour 275 produits labellisés rwandais dans l’espace de moins de dix ans au moment où l’Uganda Standardization Bureau vieux de quelques 30 ans n’en a octroyé que 800.

Un produit fabriqué localement doit faire l’objet d’un suivi dans son processus de fabrication avec beaucoup de prélèvements au labo et sur le marché pour vérifier de la régularité de la production. Ceci demande du temps et de l’argent pour les missions régulières de descente sur le terrain. Nous devons le faire pour préserver la santé des consommateurs.

Jean Pierre, Lead Officer Certification Officer-RSB
Nous accompagnons nos industriels débutants pour autant que de besoin. Nous constatons qu’ils ont peu de moyens et d’équipement. Monsieur Ndayisenga parle-t-il de la taxe à la consommation qui fait les prix des produits locaux grimpent les empêchant ainsi d’être écoulés au profit de ceux importés des pays de la région ?

Moi, ce n’est pas mon avis. Les petites industries de transformation agro-alimentaire locales naissantes sont peu équipées au point qu’elles utilisent des technologies artisanales au moment où d’autres comme Inyange industries sont hautement technologisées. Nous pensons qu’il importe que nos industriels débutants doivent se conformer aux conditions du système HACCP et étudier la chaîne de production et visiter les étapes de production. Nos jeunes industriels doivent respecter et le mode d’aération et de compartimentation d’un immeuble assez hygiéné en rapport avec la sécurité alimentaire des étapes de production.

Jean Pierre, team Leader au sein de la Division de Certification RSB

Je crois que les matières premières influent aussi sur le produit final. Car si pour faire un fromage il faut du lait pour 150 frw le litre au Rwanda et 75 frw en Uganda voisin, on comprend que la différence va se répercuter sur la variation du prix selon que le fromage est fabriqué au Rwanda ou en Uganda.

Ce débat montre néanmoins la grande nécessité d’une banque agroindustrielle pour booster ces deux secteurs agriculture et industrie très capitaux pour l’économie rwandaise.

Officier des Relations Publiques avec RSB : Il faut une publicisation des activités des industriels rwandais


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