Burundi : polémique autour de l’engagement militaire à l’est de la RDC, deux journalistes interrogés

Redigé par BrenT.
Le 23 décembre 2025 à 04:46

Le Service national de renseignement (SNR) à Bujumbura a soumis lundi à un interrogatoire intensif de près de neuf heures deux hauts responsables du groupe de presse Iwacu, l’un des rares médias indépendants encore actifs au Burundi, pour un article jugé «  sensible  ».

Cette audition, perçue comme une pression directe sur la liberté de la presse, portait sur la couverture de l’engagement militaire du Burundi dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et sur l’accord de paix signé à Washington le 4 décembre dernier, soulevant de sérieuses inquiétudes quant à la sécurité des journalistes et à l’indépendance éditoriale du pays.

Une présence militaire contestée

Depuis plus de deux ans, le Burundi a déployé des troupes aux côtés de l’armée congolaise (FARDC) pour combattre les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Des sources militaires et des analyses indépendantes estiment que Bujumbura a engagé plus de 20 000 soldats sur le sol congolais, notamment dans la province stratégique du Sud-Kivu, où les combats ont été particulièrement intenses.

Cette coopération militaire, qui s’inscrit dans le cadre d’un accord bilatéral de défense entre Kinshasa et Bujumbura, fait l’objet de critiques, le Burundi étant accusé d’aggraver une crise déjà complexe.

La controverse s’ajoute aux débats autour de l’accord de paix signé à Washington le 4 décembre 2025 entre la RDC et le Rwanda, sous la médiation américaine, une tentative d’apaiser des années de violences dans l’est de la RDC. À l’origine, cet accord devait sceller la neutralisation du groupe génocidaire FDLR, entre autres, et favoriser une relance du processus de stabilisation de la région.

Pourtant, sur le terrain, la situation reste volatile : malgré la signature, les combats ont continué, avec des offensives des FARDC et de forces coalisées telles que les Wazalendo et les FDLR, qui violent systématiquement les accords et commettent des exactions à l’aide de drones et appareils militaires sur des populations civiles.

La situation a encore dégénéré lorsque Bujumbura a accusé le M23 d’avoir bombardé son territoire dans la province de Cibitoke, une accusation rejetée par les rebelles qui, à leur tour, ont affirmé que des frappes ont visé le territoire congolais depuis le Burundi .

Cette escalade a contribué à alimenter les tensions et suscité de fortes réactions diplomatiques dans la région.

Les conséquences humanitaires sont sévères : des dizaines de milliers de civils ont fui les combats, certains ayant traveré la frontière vers le Rwanda.

Dans ce contexte, la couverture médiatique de l’engagement burundais en RDC est devenue un sujet hautement sensible.

L’AFC/M23, qui exige que le Burundi cesse de soutenir militairement les FARDC et les milices Wazalendo, a maintes reprises rappelé aux autorités burundaises de rester en dehors de ce conflit entièrement congolais, soulignant que ces initiatives accentuent le conflit déjà grave.

Le SNR a entendu Abbas Mbazumutima, directeur des rédactions, et Léandre Sikuyavuga, directeur du groupe Iwacu

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