Le conflit congolais se transforme en manne lucrative pour les ONG internationales

Redigé par Tite Gatabazi
Le 22 décembre 2025 à 05:30

A peine la chute d’Uvira aux mains de l’AFC/M23, le 9 décembre, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) publiait des chiffres frappants : plus de 74 civils tués, 83 blessés, et des milliers d’autres contraints de franchir les frontières vers le Burundi et le Rwanda.

Radio Okapi servait de source à ces données, relayées avec solennité dans les médias internationaux.

Depuis New York, le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq, exposait la gravité de la situation : le Sud-Kivu fait face à une insécurité alimentaire extrême, exacerbée par la suspension de l’aide du Programme alimentaire mondial.

Les civils, selon lui, «  partagent les dernières ressources alimentaires avec les personnes déplacées  ». Il ajoutait que le Plan de réponse humanitaire en RDC n’était financé qu’à 22 %, laissant un déficit colossal de près de 2 milliards de dollars, et que moins de 33 millions avaient été mobilisés au Burundi sur un besoin de 77 millions.

Ces chiffres précis, produits en un temps record et à des centaines de kilomètres des zones concernées, suscitent une interrogation fondamentale : comment établir de telles données détaillées sans qu’aucun enquêteur n’ait foulé les territoires contrôlés l’AFC/M23 ?

La question est d’autant plus cruciale que les rapports se succèdent avec une régularité presque obsessionnelle, dépeignant un paysage de massacres, de viols massifs et de déplacements se chiffrant par millions.

Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) ont publié le 12 décembre une déclaration alarmante, évoquant le déplacement de 5,7 millions de personnes dans l’Est du pays, dont 90 % dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri.

Une lecture stricte de la situation sur le terrain, cependant, contredit ces assertions : à Goma, Bukavu et dans d’autres zones sous contrôle de l’AFC/M23, les écoles ont repris, les hôpitaux fonctionnent, les routes sont entretenues, et les commerces continuent de prospérer.

La réalité contraste ainsi de manière saisissante avec le récit diffusé à l’international. Les rapports d’ONG prétendument neutres ne se contentent plus de documenter des faits  : ils deviennent un outil de visibilité médiatique, une monnaie d’échange dans l’économie humanitaire globale.

La survie institutionnelle de ces organisations dépend désormais de l’attention des médias, de la complaisance des bailleurs de fonds et de la dramatisation des crises. A ce titre, ce qui est présenté comme un plaidoyer moral en faveur des civils se mue insidieusement en un modèle commercial, où la souffrance humaine devient capitalisable.

Les méthodes employées renforcent cette lecture critique : enquêtes fondées sur des témoignages indirects, accès limité aux zones concernées, analyses partiellement orientées et conclusions souvent prématurées.

L’alignement de ces rapports avec les intérêts géopolitiques de puissances occidentales, principales sources de financement, n’est plus à démontrer. Ce mélange d’exagération, de partialité et de calcul stratégique contribue à construire une narration internationale déformée, qui justifie la pression diplomatique tout en dissimulant la complexité réelle de la situation sur le terrain.

Ainsi, le conflit congolais, dans sa tragédie humaine, est instrumentalisé et transformé en un marché d’informations humanitaires. La vigilance intellectuelle et le discernement critique deviennent plus nécessaires que jamais pour distinguer la documentation rigoureuse de la communication opportuniste, l’urgence humanitaire de l’économie des crises.

Les chiffres avancés en un temps record par l’OCHA, à des centaines de kilomètres des zones concernées, soulèvent une interrogation fondamentale

Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité