Telle est l’équation fatidique que les sociétés humaines feignent trop souvent d’ignorer, quand bien même elle se rejoue, tragiquement, sous leurs yeux. Car la violence n’est jamais une irruption soudaine du chaos : elle est la résultante d’un long renoncement collectif, d’un aveuglement consenti, d’un effritement graduel des consciences.
L’histoire, en ce sens, se montre impitoyable à l’égard de ceux qui ont usé et abusé de cette mécanique perverse pour asservir, exclure ou anéantir. Mais elle réserve une égale sévérité à l’endroit de ceux qui, par lâcheté, par confort ou par indifférence, ont choisi de détourner le regard. Le silence, en de telles circonstances, n’est pas neutralité : il est complicité.
Quant à ceux qui se retranchent derrière une prétendue non-implication, arguant que la citoyenneté serait un privilège réservé à quelques-uns, ils trahissent l’essence même du pacte civique. La démocratie n’est pas un banquet auquel on s’invite à l’heure du dessert, pour ne recueillir que les fruits mûrs du labeur d’autrui.
Il est un type d’individus que l’on voit émerger, toujours tardivement, toujours au bord de l’opportunisme : ces militants de la vingt-cinquième heure, soudain zélés, promptement vociférants, mais dont l’engagement est à la fois inodore et sans mémoire. Ils surgissent quand le prix du courage a déjà été payé par d’autres, quand le champ de bataille est déjà déblayé de ses périls. Ils s’arrogent les dividendes du combat sans en avoir jamais connu la sueur, ni le feu, ni le poids des conséquences. Ils ne sont ni combattants, ni héritiers : ils sont parasites d’un récit qu’ils n’ont pas contribué à écrire.
Face à cette démission morale, il importe de rappeler que la citoyenneté est une exigence, non une condition facultative. Elle n’est pas un accessoire que l’on revêt à l’heure des célébrations, mais une responsabilité qui engage chaque conscience, chaque regard, chaque silence.
Ce n’est qu’en affrontant l’ignorance, en désarmant la peur, en refusant les séductions de la haine, que l’on peut espérer rompre le cycle de la violence. Tout le reste n’est que posture, gesticulation ou capitulation.
Et l’histoire, dans sa mémoire incorruptible, se souviendra de ceux qui ont choisi, en leur âme et conscience, d’être présents ou absents au rendez-vous de l’humanité.

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