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La force comme levier stratégique ou un instrument et jamais une fin

Redigé par Tite Gatabazi
Le 24 septembre 2025 à 09:11

Depuis des décennies, les grandes puissances ont assimilé une vérité incontestable : l’accumulation des arsenaux militaires n’a jamais eu pour seul objectif l’usage effectif des armes, mais constitue avant tout un outil de négociation et d’influence. Dans ce registre, l’arme cesse d’être une fin en soi pour se transformer en instrument stratégique.

Sa valeur réside moins dans sa mise en œuvre que dans la menace implicite qu’elle porte, dans l’ombre qu’elle projette sur l’adversaire. Cependant, cette menace, si elle n’est pas appuyée par une intelligence politique capable de traduire l’équilibre des forces en compromis durable et constructif, se dilue et perd sa force.

Ainsi, la puissance brute n’est jamais qu’un prélude : elle ouvre des possibilités mais ne saurait jamais constituer une conclusion en soi. Elle demeure l’amorce nécessaire d’un processus, non son aboutissement.

Les illusions de la victoire militaire dans nos réalités locales

Appliqué aux réalités africaines et congolaises, ce principe prend une dimension tragiquement concrète. Trop souvent, l’illusion prévaut que les succès militaires garantissent la stabilité d’un État ou la pérennité d’une région. Ces victoires, ponctuelles et éphémères, écrasent un adversaire sur le moment, mais fertilisent paradoxalement le terrain des conflits futurs.

Elles instaurent un silence superficiel, saturé de rancunes latentes, et confèrent l’illusion d’un contrôle qui s’effrite dès que le fracas des armes s’apaise. Dans ce cycle vicieux, ce sont les populations qui deviennent les otages permanents : instrumentalisées, déplacées, marginalisées, parfois détruites, tandis que les chefs militaires arborent des conquêtes fugaces, simples reflets de leur puissance momentanée.

Dans ce contexte, la force seule, dépourvue de traduction diplomatique et de persuasion politique, apparaît comme un instrument incomplet, insuffisant pour bâtir la stabilité.

La véritable puissance, en revanche, se manifeste dans l’art de la négociation et de la parole raisonnée. Loin d’être des signes de faiblesse, le dialogue et la diplomatie exigent une maîtrise supérieure, un courage raffiné et une vision stratégique étendue. Reconnaître l’existence de l’adversaire et admettre l’impossibilité de le supprimer totalement constitue souvent la seule voie capable d’éviter le cycle infernal et répétitif des conflits.

En définitive, la leçon est claire et implacable : la force, si elle n’est pas intelligemment convertie en pouvoir de persuasion, demeure éphémère et fragile. La stabilité durable et la paix véritable ne se construisent pas sur la seule violence, mais par la raison, le dialogue et la sagacité politique, seuls garants d’une coexistence véritable et d’un équilibre durable des forces.

Depuis des décennies, les grandes puissances considèrent les arsenaux militaires non comme une fin, mais comme un outil de négociation et d’influence stratégique

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