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Les Wazalendo et la faillite d’un pouvoir captif de ses propres contradictions

Redigé par Tite Gatabazi
Le 22 septembre 2025 à 12:50

Jamais deux sans trois : l’adage populaire, trivial en apparence, trouve aujourd’hui une illustration dramatique dans la répétition des offensives politico-militaires menées par les groupes dits wazalendo.

Ce qui n’était hier qu’une force supplétive hâtivement adoubée par le régime de Félix Tshisekedi, censée prêter main-forte à une armée nationale défaillante, se révèle désormais comme l’agent dissolvant d’un État déjà vacillant. À Uvira, ce fut le carnage ; au sommet de l’État, ce fut la défiance publique ; aujourd’hui, c’est l’extension d’un pouvoir parallèle sur les collines et vallées du Sud-Kivu, au point d’exiger sans détour le départ du commandant du régiment 3306 basé à Mwenga.

Ce nouvel épisode n’est pas un fait isolé, mais l’aboutissement logique d’une stratégie de court terme fondée sur une illusion : celle de confondre la légitimité de l’État avec l’agrégation opportuniste de factions armées.

À force d’intégrer dans les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) des criminels sans foi ni loi, l’exécutif a fabriqué de toutes pièces une créature incontrôlable, dont les allégeances ne se rapportent ni à la Constitution, ni au drapeau national, mais uniquement aux rapports de force locaux, aux chefferies coutumières instrumentalisées et aux réseaux occultes de prédation.

La pression exercée aujourd’hui sur le commandement militaire de Mwenga n’est donc pas seulement une revendication ponctuelle ; elle constitue un symptôme de plus d’une désagrégation institutionnelle qui s’opère à visage découvert. Les wazalendo, jadis brandis comme le fer de lance d’une reconquête territoriale contre le M23, apparaissent au grand jour comme les véritables bénéficiaires d’un pouvoir morcelé, incapables d’être contenus et désormais en position d’imposer leurs conditions à l’État lui-même.

La question, dès lors, mérite d’être posée sans faux-semblants : jusqu’où laissera-t-on prospérer cette anomalie ? Jusqu’où tolérera-t-on que l’intégration des criminels dans l’appareil militaire national se transforme en une lente mais irréversible substitution de souveraineté ? Car ce qui se joue au Sud-Kivu dépasse la rivalité des factions ; c’est l’essence même de l’autorité de l’État qui est menacée.

Il appartient au pouvoir central, s’il en conserve encore la volonté et la capacité, de rompre avec cette logique mortifère de compromis armés. Autrement, l’histoire retiendra que le régime de Félix Tshisekedi aura été non pas le fossoyeur, mais l’exécutant complaisant d’une dissolution méthodique de l’État congolais, sous les applaudissements feutrés des prédateurs de l’intérieur et de l’extérieur.

Les wazalendo, jadis brandis comme le fer de lance d’une reconquête territoriale contre le M23, apparaissent au grand jour comme les véritables bénéficiaires d’un pouvoir morcelé

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