Les images de cette noria de bateaux, chargés de femmes et d’enfants abandonnant une cité vidée de ses défenseurs, rappellent avec une intensité dramatique la fuite de Goma, naguère, puis celle de Bukavu, où les FARDC, censées incarner la force publique, n’avaient opposé qu’une résistance éphémère avant de céder le terrain.
Uvira s’inscrit désormais dans cette tragique continuité, marquée par l’impuissance d’une armée rongée par la corruption, la désorganisation et l’absence de volonté stratégique.
Le triomphe du désordre sur l’autorité
Il ne s’agit pas seulement d’une retraite militaire, mais d’un effondrement moral. Les FARDC, alliées de circonstance aux milices Wazalendo et aux FDLR, mercenaires de la terreur recyclés en supplétifs du régime, incarnent moins une force nationale qu’une armée privée, au service d’intérêts claniques et prédateurs.
Cette coalition hétéroclite, qui prétend défendre la souveraineté congolaise, se révèle n’être qu’une horde de criminels dont les exactions contre les civils ont sapé toute légitimité. Face à ce conglomérat sans doctrine, sans idéal et sans discipline, l’avancée des hommes du Général Makenga prend des allures de croisade libératrice. Elle se veut non seulement militaire mais également politique, visant à briser le cercle vicieux de la violence institutionnalisée et à replacer la population au cœur des priorités stratégiques.
L’histoire en cours d’écriture
À mesure que les heures passent, une vérité se dessine : nous assistons à un tournant historique où les lignes de front redessinent les lignes de légitimité. Ce qui se joue à Uvira n’est pas uniquement la perte d’un bastion stratégique, mais la démonstration éclatante de l’échec d’un État qui a fait de ses forces armées un instrument de prédation plutôt qu’un rempart.
La tragédie d’Uvira trouve un écho saisissant dans les mémoires historiques : l’évacuation de Saïgon en 1975, lorsque l’armée sud-vietnamienne et ses familles fuyaient à bord de navires précipités, ou encore la chute de Kaboul en 2021, où l’armée afghane, sous les yeux impuissants de la communauté internationale, s’évanouissait face à la détermination des Taliban.
Dans ces deux cas, le chaos militaire fut accompagné d’une débâcle morale, d’une perte de légitimité et d’une détresse humaine d’une ampleur inouïe. Uvira, hélas, s’inscrit désormais dans ce même paradigme : la fuite précipitée, la peur palpable et l’effacement de l’autorité traditionnelle des forces armées.
Le choix du courage contre la capitulation
Mais là où ces précédents historiques ont illustré l’abandon de la population au profit de calculs politiques et de survie individuelle, l’action du Général Makenga et de ses troupes trace une voie alternative : celle de la responsabilité et de la protection. En avançant avec détermination pour sécuriser la population et neutraliser les criminels enrôlés dans le désordre institutionnalisé, il incarne ce que l’histoire retiendra comme l’affirmation d’une légitimité fondée sur le courage et la justice, non sur la peur et la rapine.
Ainsi, Uvira n’est pas seulement un champ de bataille : c’est un théâtre où se rejoue la dialectique de la capitulation et de la dignité, de l’échec et du sursaut, de la honte et de l’honneur. L’histoire s’y écrit, inexorable et sans concession, et elle portera la trace indélébile de ceux qui, par la force de leur conviction, choisissent de protéger la vie plutôt que de fuir devant elle.

AJOUTER UN COMMENTAIRE
REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Ne vous eloignez pas du sujet de discussion; Les insultes,difamations,publicité et ségregations de tous genres ne sont pas tolerées Si vous souhaitez suivre le cours des discussions en cours fournissez une addresse email valide.
Votre commentaire apparaitra apre`s moderation par l'équipe d' IGIHE.com En cas de non respect d'une ou plusieurs des regles d'utilisation si dessus, le commentaire sera supprimer. Merci!