Leur mission supposée était limpide : protéger le peuple, suppléer aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans la défense du territoire. Pourtant, la réalité s’avère cruelle : ces prétendus gardiens de la patrie se sont mués en pillards impitoyables, rackettant, violentant et spoliant la population civile qu’ils proclament défendre.
Le scandale ne s’arrête pas là : dans une volte-face aussi déconcertante que lourde de symboles, ces miliciens n’hésitent pas à tourner leurs armes contre leurs propres alliés, les FARDC, au nom d’intérêts obscurs, de rivalités intestines ou de frustrations nourries dans l’ombre. L’image est saisissante : une alliance fragile, déjà bancale, se fissure sous les coups de boutoir de ceux qui ne connaissent ni discipline militaire, ni éthique patriotique.
La question devient dès lors lancinante : au nom de quoi, pour quelle cause, au bénéfice de quel projet national ou communautaire ces hommes justifient-ils leur trahison ?
Le masque de l’impunité : quand le patriotisme se travestit en licence criminelle
Ces événements révèlent avec brutalité une vérité que l’on s’obstine trop souvent à taire : l’appellation « patriote » est devenue une couverture commode, un masque légitimant l’innommable. Sous cette bannière, les exactions se multiplient, mais les responsabilités s’évaporent. Le pillage de Lukoma n’est pas un accident isolé : il s’inscrit dans une continuité macabre où des villages entiers, du Nord-Kivu à l’Ituri, se voient livrés aux humiliations et aux violences de groupes armés tolérés, voire encouragés, par une partie de l’appareil politique et militaire.
Ce travestissement du patriotisme n’est pas anodin. Il transforme un mot noble en dérision cynique. Loin d’incarner le sacrifice et la fidélité à la patrie, ces miliciens incarnent une logique prédatrice où le fusil devient instrument de commerce et la violence, une monnaie d’échange.
Chaque maison incendiée, chaque récolte pillée, chaque civil humilié est une gifle au visage d’un État qui abdique ses devoirs régaliens. Car la vérité demeure crue : ces crimes perdurent et s’amplifient parce que personne n’est appelé à en répondre. L’impunité s’érige en règle, la justice se tait, et la souffrance des innocents se perd dans les interstices d’une République où la mémoire des victimes se heurte à l’oubli volontaire.
Pour une restauration de l’État et de la responsabilité
Face à cette dérive, le véritable enjeu est celui de la crédibilité de l’État congolais. Peut-on encore parler d’autorité lorsque la protection du peuple est confiée à des supplétifs indisciplinés, plus enclins à la prédation qu’au service public ? Peut-on encore invoquer la souveraineté lorsque des bandes armées dictent leur loi à des villages entiers, sous le regard impuissant ou complaisant des institutions ?
L’heure n’est plus aux demi-mesures. La République doit réhabiliter ses forces armées dans leur vocation première : défendre le territoire et protéger les citoyens. Les FARDC doivent retrouver leur statut de colonne vertébrale de l’État, et non de partenaire précaire de miliciens aux fidélités mouvantes.
La justice, quant à elle, doit briser le cercle infernal de l’impunité. Les crimes commis par les wazalendo doivent être documentés, jugés et sanctionnés avec la même rigueur que ceux perpétrés par les FDLR et FARDC. Il en va de l’avenir du pacte social : tant que les victimes verront leurs bourreaux agir sans crainte de rétribution, la confiance dans l’État demeurera un mirage.
Réhabiliter la responsabilité, c’est rappeler que la souveraineté ne se décline pas en slogans, mais en actes. C’est refuser que le terme « patriote » soit prostitué par des criminels. C’est surtout redonner au peuple congolais la certitude que l’État existe pour lui, et non contre lui. Car si Walikale pleure aujourd’hui, c’est tout le Congo qui saigne, et c’est toute la République qui se trouve interpellée devant l’Histoire.

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