Trente ans après Beijing ou l’exigence d’une égalité irréversible

Redigé par Tite Gatabazi
Le 19 novembre 2025 à 08:30

Sous les lambris feutrés de la capitale rwandaise, la Très Honorable Domitilla Mukantaganzwa a accueilli, au nom de la République du Rwanda, la grande famille francophone réunie pour la première fois sur la « terre des mille collines ».

Dans un discours empreint d’une gravité sereine, elle a salué la présence des délégations venues des quatre coins du monde, les invitant à découvrir la beauté singulière d’un pays devenu, au fil des décennies, un symbole de résilience, de reconstruction et d’audace institutionnelle.

L’oratrice a rappelé avec force la portée historique du thème retenu : « Trente ans après Beijing : la contribution des femmes dans l’espace francophone », soulignant que le Programme d’action adopté en 1995 demeure le cadre normatif le plus visionnaire en matière d’égalité entre les sexes.

Pourtant, a-t-elle observé, le monde contemporain reste traversé par des convulsions multiples, conflits persistants, dérèglements climatiques, inégalités socio-économiques, violences fondées sur le genre qui menacent de fragiliser les acquis péniblement consolidés au cours des trois dernières décennies.

D’où l’impérieuse nécessité, selon elle, d’une volonté politique renouvelée pour préserver ces conquêtes et bâtir des sociétés justes, inclusives et durablement pacifiées.

A cet égard, le Rwanda a été présenté comme un cas d’école. À la sortie du génocide perpétré contre les Tutsis en 1994, a rappelé Mme Mukantaganzwa, le pays a fait le choix délibéré de placer les femmes au cœur de son processus de renaissance. Des mécanismes institutionnels robustes ont ainsi été mis en place afin d’assurer l’égalité dans toutes les politiques publiques, permettant un suivi indépendant des engagements de l’État, l’identification des défis structurels et l’orientation de réformes étayées par des données rigoureuses.

Parmi ces instruments, la budgétisation sensible au genre, obligatoire pour l’ensemble des secteurs publics, constitue un pilier central destiné à garantir que les ressources nationales contribuent à réduire les inégalités et à soutenir l’autonomisation économique des femmes.

Les résultats sont, de fait, remarquables. Le Rwanda se distingue aujourd’hui par la proportion la plus élevée de femmes parlementaires au monde, 63,75 % et par une participation déterminante des femmes dans le secteur judiciaire. Rappelant son rôle dans la supervision des juridictions communautaires Gacaca, la Très Honorable Mukantaganzwa a souligné que les femmes y furent un vecteur majeur de vérité, de guérison et de réconciliation.

Aujourd’hui, elles représentent la moitié des médiateurs de proximité et des acteurs communautaires engagés dans la lutte contre les violences basées sur le genre et les abus envers les enfants, consolidant ainsi la cohésion sociale au quotidien.

Dans la perspective des trente ans de Beijing, l’oratrice a exhorté l’ensemble des États francophones à transformer les promesses du passé en engagements irréversibles.

L’égalité entre les femmes et les hommes, a-t-elle insisté, ne doit plus être une simple proclamation de principe, mais une réalité vécue, garantie et défendue dans toutes les sphères de la vie sociale et politique. À ce titre, elle a salué « l’Appel de Kigali », espérant qu’il recueille l’adhésion de toutes les délégations présentes.

Mme Mukantaganzwa a également rendu hommage au leadership de l’Organisation internationale de la Francophonie, notamment à travers des dispositifs tels que le Fonds La Francophonie avec Elles, ainsi qu’à l’engagement personnel de la Secrétaire générale, Mme Louise Mushikiwabo, pour les réformes engagées depuis son accession à la tête de l’organisation, des réformes que le Rwanda, a-t-elle assuré, soutient pleinement.

En conclusion, elle a rappelé combien trente années peuvent suffire à transformer un pays et, par extension, un espace culturel et politique tout entier. La trajectoire rwandaise, a-t-elle affirmé, en constitue une preuve éclatante.

Mais l’avenir, a-t-elle prévenu, dépend désormais de la capacité collective à agir avec lucidité, ambition et persévérance pour inscrire l’égalité au rang des priorités cardinales.

« L’avenir se forge dans l’action présente », a-t-elle lancé en clôture, avant de remercier l’assemblée pour son engagement et sa présence à Kigali.

Domitilla Mukantaganzwa a accueilli, au nom du Rwanda, la famille francophone réunie pour la première fois sur la « terre des mille collines »
Mme Mukantaganzwa a également rendu hommage au leadership de l’Organisation internationale de la Francophonie
La conférence est placée sous le thème « 30 ans après Beijing : le rôle des femmes dans la Francophonie »
La conférence se tient à Kigali les 19 et 20 novembre 2025

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