Capitalisme rwandais : Négationnisme du génocide ; idéologie chère aux extrêmistes

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 18 avril 2017 à 03:10

A voir les circonstances dans lesquelles le régime actuel du FPR a été institué en 1994, on n’est pas étonné de voir que le négationnisme du génocide des Tutsi de 1994 est loin d’être éradiqué malgré beaucoup d’éffort et de volonté politique consentis.
Cela se conçoit encore une fois car les cerveaux, les perpétrateurs et les apologues de ce génocide, tout ce monde bien au chaud et non inquiété en Occident, doivent lutter pour que leur paix précaire ne soit troublée. Ils utilisent le verbe de la haine, une (...)

A voir les circonstances dans lesquelles le régime actuel du FPR a été institué en 1994, on n’est pas étonné de voir que le négationnisme du génocide des Tutsi de 1994 est loin d’être éradiqué malgré beaucoup d’éffort et de volonté politique consentis.

Cela se conçoit encore une fois car les cerveaux, les perpétrateurs et les apologues de ce génocide, tout ce monde bien au chaud et non inquiété en Occident, doivent lutter pour que leur paix précaire ne soit troublée. Ils utilisent le verbe de la haine, une presse occidentale partisane, des moyens politiques ségrégationnistes qu’ils glissent imperceptiblement dans la conscience des jeunes rwandais de l’intérieur du pays.

Ceux-ci pensent à peine à terminer leurs études secondaires ou universitaires pour se retrouver dans une jungle capitaliste rwandaise où, moins ou financièrement mal armés, ont du mal à se positionner dans l’espace socio économique rwandais.

Cette idéologie superstructurelle du négationnisme du génocide est une arme utilisée par des mouvements politiques de la diaspora rwandaise de l’Occident, ceux-ci qui, pour revendiquer leurs droits politiques au Rwanda, ne savent que recourir à la carte traditionnelle ethnique hutue comme quoi ils sont sûrs de brandir cette carte et pouvoir revenir aux affaires.

Ils croient dur comme fer que le nombre ethnique égale majorité démocratique un peu comme dans les temps anciens. A celà, le régime FPR oppose une autre superstructure idéologique à l’opposé de celle-ci, l’union, le nationalisme et le souci d’indépendance économique des Rwandais.

Le FPR y va sérieusement en pratique. Il ouvre, avec ses onze partis de la coalition au pouvoir, les vannes de l’éducation, de la santé et de l’accès égal aux droits économiques dont le logement décent, eau potale et raccordement électrique des menages, dans les règles strictes du capitalisme orthodoxe.

Le FPR, dans sa course contre la montre, il sait que le temps n’est pas nécessairement de son côté. Mais il sais une chose : le cycle du capitalisme rayonnant peut aller à plus de 50 ans avant son déclin, que d’ici là, il est obligé de réprimer les idéologies génocidaires, négationnistes et révisionnistes tout en, parallèlement, promouvant une classe de jeunes entrepreneurs rwandais en compétition avec le monde.

Le FPR pratique-t-il un capitalisme qui veut que les investisseurs locaux entrent en compétition non entre eux mais avec ceux de la Communauté internationale et qu’ils se meuvent avec agilité et au prorata de leurs capitaux tout autant à l’intérieur du pays que dans les pays frontaliers et régionaux et même au delà ? Oui, le régime actuel rwandais a déclaré la liberté de mouvement du capital et des personnes : in and out ! Out and in !!!

Comment le FPR entend vaincre les vendeurs d’idéologies négationnistes ?

Ils ne manquent pas ces derniers ! Ils sont obligés de recourir à cette marchandise avariée pour échapper psychologiquement à leurs crimes. ça c’est un. Ils savent que l’ethnocentrisme hutu est une idéologie superstructurelle très soutenue par certains milieux occidentaux qui voient en Paul Kagame, le Président du Rwanda actuel, une menace avec son obsession d’indépendance économique de son pays et de l’Afrique qu’il brandit ; avec ce souci lancinant du commerce nord-sud équitable.

Pour le linguiste Léopold Munyakazi dans sa prison de Muhanga où il est détenu pour des crimes de génocide, "Il n’y a aucune importance de se souvenir régulièrement des Tutsi massacrés en 1994. Les gens devraient au contraire vaquer à d’autres occupations en cette période de deuil". Quel sens donner à cette répartie ? C’est comme s’il disait : - cessez ces manifestations de grande quantité de tristesse que vous avez connue, après tout nous vos bourreaux sommes encore là. Il dessine avec sa conscience un monde-Rwanda manichéen où l’ethnocentrisme est une idéologie de fait. Pourtant c’est l’une des manifestations des ratés du capitalisme rwandais qu’il faut extirper.

Un capitalisme déclinant des régimes Kayibanda-Habyarimana recourt aux pogroms et à la vindicte populaire.

Les Rwandais ont-ils compris comment les régimes républicains rwandais de 1960-1973 et de 1973 à 1994, incapables de créer des richesses sociales et de procéder à leur bonne redistribution se sont retrouvés entrain de faire l’apologie du génocide des Tutsi devenus des boucs émissaires pour une simple affaire de gouvernance politique catastrophique des présidents Grégoire Kayibanda (1962-1973) et Juvénal Habyarimana (1973-1994) ?

De tels régimes créent des leaders d’opinions qui renient leur intellectualisme en principe humaniste. Ces derniers, bardés de leurs doctorats, rejettent cet habit de l’honnête homme de peur de perdre leurs privilèges sociaux.

A quel point un homme qui tient à des intérêts indus peut être si léger et si criminel contre l’humanité !

"Dans les plaines d’Umutara (Est du pays), les Inkotanyi progressent dans leur guerre en tuant les hutus. Actuellement c’est le tour des Tutsi. On ne doit pas les tolérer car ce sont eux qui renseignent les Inkotanyi", ordonnait le 19 avril 1994 en plein génocide des Tutsi à Kirwa, le Dr en Linguistique Munyakazi, Secrétaire Général de l’alors Centrale des Syndicats des Travailleurs du Rwanda.

Cycles du capitalisme et déclins funestes
Le Dr Grégoire Kayibanda, tôt en 1964, a, dans la Revue Temps d’Afrique qui paraissait à Usumbura, souligné la probabilité du génocide contre les Tutsi au cas où les INYENZI, groupe rebelle fait d’anciens partisans de l’UNAR (Union Nationale Rwandais), parti monarchiste d’alors, allait progresser sur le territoire rwandais venant des pays d’asile limitrophes en quête de prise du pouvoir de Kigali.

Le Dr Théodore Sindikubwabo qui dirigeait le Gouvernement des BATABAZI d’Avril-Juin 1994, arrivé à Butare, raillait les gens (Hutus) qui ne comprenaient pas ce qu’il appelait faire du travail, c-à-d tuer le tutsi.

Les deux régimes républicains extrêmistes ont-ils duré 35 ans, de 1959 à 1994 ? En d’autres termes, ces deux régimes ont-ils tenté de construire un capitalisme exclusionniste à la mode l’Apartheid sud africain. Ici il faut comprendre que c’est le cycle capitaliste rwandais qui déclinait en 1994 avec de courts soubresauts en 1973 date où le général Habyarimana opéra un coup d’Etat contre Kayibanda.

Ayant hérité des colonialistes cette haine contre leurs frères tutsi, une haine surpolitisée à outrance, les régimes ci haut cités ont donc exacerbé et violé les principes du capitalisme international qui veut que le meilleur gagne et, à force d’exclure les Batutsi de toute la vie socio économique, cette rancoeur prenait des proportions dangereuses dans cette quête d’accaparement du gâteau national. Le déclin du cycle du capitalisme est vite arrivé dans une société qui ne roule pas uniquement sur les principes du capitalisme.

La loi de l’offre et de la demande, l’assistance sociale et bouffées d’aération

Le régime FPR actuel est assez mûr pour dépasser le cap de 40, 50 ou 80 ans ? Tout échafaudage qu’il met en place est accompagné d’une autocritique et de structures scientifiquement élaborées pour mener des sondages d’opinion, des analyses fortes pour redresser son gouvernail.

A-t-il formé une grande population de jeunes universitaires en quête d’emploi ? Comment ces derniers peuvent-ils créer leurs propres businesses compétitifs sur le marché économique ? Maquent-ils de fonds de démarrage ? Les BDF (Business Development Fund) peuvent-ils voler à la rescousse ? La transparence dans l’accès aux postes de la fonction publique ou du privé n’est pas assez intacte ? Comment améliorer...

Nous sommes en face d’un régime qui se remet en question et redresse les torts pour mieux résister au temps et pouvoir continuer la courbe ascendante d’un capitalisme rwandais assailli de part et d’autre par toute une armada de forces négatives internes et externes qui veulent le voir amorcer son déclin.


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