Négociations UE-Afrique : Kagame exige des relations commerciales égalitaires ; manifestations organisées

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 2 avril 2014 à 04:18

Un Colloque anti-Kagame organisé à Paris par des Généraux Jean Claude Lafourcade (Zone Turquoise) et autres hommes politiques dont Paul Quilès, des Manifestations contre Kagame à Bruxelles, tout ceci ressemble à une campagne ourdie pour taire les revendications tiers-mondistes de ce Président d’Afrique des Grands Lacs qui ose élever la voie là où ses collègues font le profil bas.
Gen. Jean Claude Lafourcade, commandant de l’Opération Turquoise juin-août 1994 aux temps forts du génocide des Tutsi. Non (...)

Un Colloque anti-Kagame organisé à Paris par des Généraux Jean Claude Lafourcade (Zone Turquoise) et autres hommes politiques dont Paul Quilès, des Manifestations contre Kagame à Bruxelles, tout ceci ressemble à une campagne ourdie pour taire les revendications tiers-mondistes de ce Président d’Afrique des Grands Lacs qui ose élever la voie là où ses collègues font le profil bas.

Gen. Jean Claude Lafourcade, commandant de l’Opération Turquoise juin-août 1994 aux temps forts du génocide des Tutsi. Non inquiété, il organise un colloque anti-kagame

Au moment où sont lancées les invitations pour le Sommet Afrique Union-Européenne à plusieurs chefs d’Etat africains pour ce 2 et 3 avril à Bruxelles, les enjeux commerciaux escomptés sont de taille. Il est certainement question d’accords commerciaux inégaux entre les deux continents où c’est généralement l’Afrique qui est perdante avec ses matières premières exportées et mal cotées (Café, cacao, coltan, thé, cuivre…) dans les places boursières occidentales.

L’Afrique est-elle consultée dans la fixation des prix de ces matières premières entrant dans les industries occidentales ? Y a-t-il des experts africains qui pourraient émettre une voix consultative faisant le plaidoyer du caféiculteur, théiculteur, cacaoyeur, des mineurs africains afin qu’ils bénéficient de rentes de ces produits leur permettant une vie décente ?

Peut-elle négocier les conditions de construction par les nationaux de ses infrastructures financées par l’Occident ? Peut-elle échapper aux préalables de démocratie et droits de l’homme pour l’obtention des aides budgétaires ?

Au cours de ce 4ème Sommet UE-Afrique, les négociateurs européens feront tout pour conclure des marchés juteux avec les pays africains représentés au haut niveau. Ils sont plus de quarante chefs d’Etat africains ayant répondu au rendez-vous de Bruxelles.

Pour forcer la signature à ces derniers afin que le statu quo reste entier ou que la situation des prix des matières premières africaines, seuls produits que l’Afrique peut offrir, sur les marchés occidentaux s’empire davantage, les orchestreurs connaissent parfaitement les acteurs qui risquent d’être dérangeants et capables de remettre en question ce ‘deal’. Parmi eux, le chantre de l’indépendance économique des pays africains, le Rwandais Paul Kagame.

N’a-t-il pas assis un système taxatial capable de lever les impôts et taxes intérieurs entrant pour 60% du budget ordinaire annuel contrairement à d’autres pays qui accusent une très faible participation budgétaire intérieure ?

Pour ce faire, Kagame n’aura pas de gêne pour lever la voix réclamant des conditions commerciales nord-sud équilibrées ou égalitaires contrairement à une quarantaine de présidents africains qui feront la coulpe basse. Alors, il faut qu’il soit exercé sur lui une pression politique sur son mode de gouvernance du pays qualifié de dictatorial par plus d’un observateur occidental idéologiquement intéressé, sur l’espace « fermé » des libertés médiatiques ou d’association politique.

Des groupes de pression quelconques sont créés pour la circonstance, peu importe le caractère irrationnel ou donc sentimental de leurs motivations. Dans la logique des stratèges de l’Union Européenne, il faut à tout prix émécher sa vitupérance. Il faut qu’il réclame peu.

Le dernier groupe de pression créé de toute pièce est formé d’anciens généraux français dont Jean Lafourcade, cet ancien confident du Président français François Mitterrand qui a orchestré entre 1990 et 1994 toute la combine pour défendre les intérêts stratégiques de la France contre l’avancée de l’ anglicisant Kagame et son FPR actuellement au Pouvoir jusqu’à ourdir un complot de génocide des Tutsi avec l’alors Président rwandais et « ami de la France », le Gén. Juvénal Habyarimana.

Jeune Afrique du 14 mars dernier annonce en titre ‘France –Rwanda : Colloque anti-Kagame à Paris’, un colloque où participent en ce 2 et 3 avril d’anciens hautes personnalités françaises qui veulent toujours en découdre avec l’actuel Président Paul Kagame.

Ce qui est important pour ce groupe, il faut que cette manifestation malhonnêtement intellectuelle ait une couleur rwandaise. Il faut donc qu’il y ait dans le groupe des Rwandais qui doivent s’opposer bêtement au Régime sans qu’ils apportent des alternatives idéologiques rationnelles à l’édifice national.

L’édifice national ? Ils ne sont pas payés pour cela. Du reste, la plupart d’entre eux doivent dédouaner leur conscience et se dire qu’ils avaient raison en 1994 de ne rien faire, en tant que leaders d’opinion incontestés de ce temps-là, pour arrêter le génocide des tutsi s’ils ne l’ont pas plutôt subtilement et efficacement propagé.

Non ceux-là doivent être instrumentalisés par ces occidentaux et faire prévaloir leur haine sentimentale contre ce président rwandais et son régime « qui risquent d’amener dans leur giron les establishments gouvernementaux d’autres pays africains pour réclamer des conditions commerciales égalitaires dans le commerce UE-Afrique ».

Ainsi, rapporte Jeune Afrique, le thème central du Colloque du 2 au 3 avril au Parlement français ‘‘Génocide rwandais : les véritables acteurs’’ , remarquez qu’il se déroule au même moment que les travaux du Sommet UE-Afrique de Bruxelles, « verra se succéder divers intervenants que l’hostilité au régime de Paul Kagamé a conduits depuis plusieurs années à présenter une réécriture pour le moins spécieuse de l’histoire du génocide, laquelle tend à renvoyer dos à dos les extrémistes hutus qui l’ont organisé et l’ancienne rébellion tutsie. Parmi eux, l’ancien numéro deux de la mission de l’ONU au Rwanda, le colonel Luc Marchal, l’ancien commandant de l’opération française Turquoise, le général Jean-Claude Lafourcade, et d’anciens "collaborateurs directs de Paul Kagamé" devenus opposants en exil… ».

Le Gén. Lafourcade : une hantise expliquée par l’échec de l’ ‘Opération Turquoise’

Le Général Lafourcade est dans le pré carré mitterrandien. Son action militaire à la tête de l’Opération Turquoise obéissait à un vaste plan de protection des armées génocidaires rwandaises vaincues par l’APR (Armée Patriotique Rwandaise)…

« Cette zone turquoise a été à l’origine de beaucoup de couverture des forces génocidaires et leur réorganisation en 1995-6 dans les camps de Sake, Katale, Mugunga… pour réattaquer le Rwanda et leur retour triomphal au Rwanda. Le Gén. Lafourcade a été actif au service du Président de la République française dans le cadre de l’assistance à un régime (Habyarimana) ami.

Il a enclenché une terrible dynamique d’extermination des peuples africains à travers l’opération turquoise. On se souviendra que les officiels français sont allés à l’ONU demander une intervention humanitaire au Rwanda en toute urgence avec une autorisation- résolution signée en catastrophe, laquelle résolution n’a pas été négociée au Conseil de Sécurité.

Seul le Nigérian Ibrahim Gambari a tenté de protester contre cette résolution. Ainsi, pour attaquer le Rwanda sous le couvert de l’Opération Turquoise, c’est le gangstérisme mitterrandien qui a déployé un grand écran du Sud Gikongoro à l’Ouest (Kibuye-Gisenyi) pour protéger suffisamment la retraite des ex-FAR et autres Interahamwe qui ont obligé plus de trois millions de citoyens à passer les frontières congolaises.

La France s’est arrangée pour violer systématiquement les dispositions massives du droit international. Le Commandant Lafourcade en tant qu’individu, rien ne lui est reproché ou plutôt beaucoup. N’était-il pas acteur principal dans cette saga. En vérité, Lafourcade c’est la France. Il a joué le jeu politique officiel de la France au Rwanda », a déclaré à la presse Déo Ntarugera Koya, Analyste politique, consultant et directeur de Rufari International (culture et communication).

Cet événement qui a lieu à Paris rassemble des milieux militaires et politiques revanchards. Les organisateurs veulent en faire large publicité au moment où à Bruxelles, les chefs d’Etat africains vont subir le diktat de l’Europe qui va leur imposer des conditions léonines pour octroi de ses aides, dons et emprunts aux économies faibles d’Afrique.

Les Accords qui vont être passés sur le commerce entre les deux continents défavoriseront toujours l’Afrique dont une chute régulière des prix des denrées alimentaires qu’exporte l’Afrique ; laquelle chute a des répercutions catastrophiques dans le panier de la ménagère africaine, sur la gouvernance des sociétés africaines.

A tout prix, il devra y avoir quelques hommes d’Etat à dénoncer ce commerce inégal et assorti de conditions difficiles d’assistance budgétaire et autre ou d’impossibilité de transfert des technologies industrielles à l’Afrique.

Le Président Paul Kagame doit figurer en bonne place. On comprend dès lors pourquoi beaucoup de manifestations sont organisées contre lui à Paris ou à Bruxelles. La tentative de le peindre négativement va-t-elle l’empêcher de dire ses quatre vérités.


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