Risques de fragmentation du Sous continent congolais

Redigé par Deo Koya Ntarugera
Le 14 mai 2013 à 04:08

Une colonisation rapace et une décolonisation délibérément mal projetée sont deux legs très mortifères du Colonialisme belge aux régimes des pays de l’Afrique des Grands Lacs.
La notion politique d’intangibilité des frontières héritées de la colonisation fait des ravages dans les nouveaux Etats africains. Elle les empêche de décoller et de se concentrer rien qu’ aux efforts du développement et de plus de création de richesses sociales et partant, une stabilité durable retrouvée.
Mais quelle Communauté (...)


Une colonisation rapace et une décolonisation délibérément mal projetée sont deux legs très mortifères du Colonialisme belge aux régimes des pays de l’Afrique des Grands Lacs.

La notion politique d’intangibilité des frontières héritées de la colonisation fait des ravages dans les nouveaux Etats africains. Elle les empêche de décoller et de se concentrer rien qu’ aux efforts du développement et de plus de création de richesses sociales et partant, une stabilité durable retrouvée.

Mais quelle Communauté internationale serait-elle intéressée à voir cet ensemble si scandaleusement riche décoller ?

On est habitué à entendre dire depuis 1963, surgissement de l’organisation de l’unité africaine (OUA) à Addis Abeba, que les frontières héritées de la colonisation sont intangibles ; fameux principe de l’article 3 de l’OUA, repris par l’Union africaine (UA) en 2002.
Depuis 2002, cette fameuse intangibilité a été violée par deux fois : le soudan a été divisé en deux. Le mali est coupé en deux depuis peu. Dans un cas il y eu légalité : au Soudan. Dans l’autre on nous prouve peu à peu qu’il y a légitimité : au Mali.

Qui peut deviner le prochain état africain à passer à l’exercice de la division territoriale ? Il y a beaucoup trop de marabouts au Sénégal et au Congo Kinshasa— au Rwanda il n’y en a plus- la christianisation a été féroce. Ces marabouts pourront nous dire quel est le tout prochain Etat africain à passer au charcutage.

Tous les Etats africains sont en principe divisibles, à l’exception de deux : le Rwanda et le Burundi qui sont les plus anciens états-nations du continent africain. Le Rwanda et le Burundi étaient des Etats des siècles avant que la France vienne à exister, remarquez bien.

L’intangibilité des frontières cède aujourd’hui le pas à la divisibilité des territoires soi-disant nationaux.

Le jeune président congolais Joseph Kabila et sa coterie clame sur les toits que leur "grand état léopoldien au cœur de l’Afrique" est menacé de balkanisation. A force de la dire et la redire, la clamer et la surclamer, cette balkanisation semble devenir peu à peu une réalité palpable, un peu comme pour avoir été augurée tambours battant.

Suivez le jeune body-builder Joseph au parlement congolais, samedi 15 décembre 2012. De sa fluette voix, il réitère en assenant que son pays est en train de subir l’agression du Rwanda. Autant dire comme Lambert Mende, l’inénarrable, que le M23 (Mouvement du 23 mars fait de militaires congolais mutins, toutes tribus confondues) est une fiction. Pourtant le gouvernement congolais venait de passer une semaine de négociations à Kampala avec le même M23.

Est-ce le Congo qui vole en éclats en premier prochainement ? Le Nigeria ?

Le président Sarkozy disait il y a peu que le Congo et le Rwanda devraient faire un partage de ressources naturelles à l’Est du Congo. Le Rwanda a souvent été accusé de piller les ressources du Congo au lendemain des deux guerres que le Rwanda a menées au Congo.

Des malins parmi les membres de ce qu’on appelle "la communauté internationale" s’amusent même, depuis peu, à jeter distraitement en pâture dans les media du monde les accusations farfelues les unes plus que les autres, disant que Paul Kagamé aurait commis le génocide au Rwanda et au Congo, que l’ennemi numéro un de la paix en région des Grands Lacs africains n’est nul autre que ce même austère général Paul Kagamé qui, en tête d’une rébellion pugnace et très organisée, arrêtait "le génocide des tutsi du Rwanda" en juillet 1994.

Nous lisons pourtant dans le rapport de Carlsson que l’ONU a une large mesure de responsabilité dans la commission du crime de génocide de 1994 au Rwanda. Ce rapport qui a été commandité par l’ONU elle-même existe depuis14 ans et il a été établi par un groupe d’experts au vrai sens, dirigés par Ingvar Carlsson, ancien premier ministre de la Suède, personne qu’on ne saurait comparer à une légéreté déconcertante et délibérée de l’expert onusien Steve Hege qui avait reçu de certains acteurs étatiques et non-étatiques une mission spécifique que l’on sait.


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