Urgent

Bintou Keita en disgrâce

Redigé par Tite Gatabazi
Le 9 novembre 2025 à 09:49

Le mandat de Bintou Keita à la tête de la MONUSCO s’achève dans une atmosphère lourde, où se mêlent désillusion, suspicion et amertume institutionnelle.

Ce qui devait incarner la continuité d’une diplomatie multilatérale soucieuse de neutralité et d’éthique s’est peu à peu mué en un théâtre d’ombres, où les allégeances obscures ont pris le pas sur les principes. L’ombre des soupçons, désormais, s’étend sur l’ensemble d’une mission dont la crédibilité s’est érodée au fil des compromissions tacites et des ambiguïtés soigneusement entretenues.

Sous le vernis du langage onusien, fait de prudence et de litote, s’est profilée une réalité bien moins reluisante : celle d’une représentation minée par la proximité avec le pouvoir de Kinshasa, par des connivences diplomatiques que l’on devine, et par une dérive morale qui trahit la vocation première des Nations unies.

Ce crépuscule, loin d’être seulement celui d’un mandat personnel, consacre la faillite d’une mission dont la neutralité, lentement dissoute dans les eaux troubles des calculs politiques, ne survivra sans doute pas à la chute de celle qui en fut le visage.
Selon des sources onusiennes bien informées, les véritables raisons du départ précipité de Bintou Keita à la tête de la MONUSCO seraient bien éloignées des justifications officielles avancées par New York.

En réalité, la diplomate guinéenne ferait l’objet d’une enquête interne particulièrement sensible, portant sur ses liens présumés avec le régime de Kinshasa un pouvoir dont la réputation sulfureuse n’est plus à faire, tant il est connu pour sa propension à acheter les fidélités, à corrompre les consciences et à infiltrer les institutions.

D’après ces mêmes sources, le rapport confidentiel remis au Secrétaire général des Nations unies documenterait avec une précision troublante les accointances supposées de Mme Keita avec des cercles influents du pouvoir congolais. Le dossier, jugé suffisamment grave pour justifier un changement immédiat de direction à la tête de la mission onusienne, placerait désormais la carrière de la diplomate sous une menace directe.

La haute fonctionnaire, longtemps considérée comme une figure de stabilité au sein du système onusien, se retrouve aujourd’hui au centre d’un tourbillon qui pourrait mettre un terme définitif à son parcours international.

L’enquête, ouverte à la fin de l’année 2023, trouve son origine dans un faisceau d’anomalies et de rapports contradictoires. Plusieurs hauts responsables du Secrétariat général avaient en effet relevé une série de présentations mensongères ou délibérément biaisées lors des briefings de Mme Keita devant le Conseil de sécurité.

Ces déclarations, souvent en décalage manifeste avec les conclusions du Groupe d’experts des Nations unies sur la RDC ou encore avec les rapports d’enquête indépendants des journalistes présents sur le terrain, ont fini par éveiller la méfiance du Siège.

Ce que l’on reproche à Mme Keita, au-delà d’une possible compromission, c’est d’avoir altéré la mission même de l’ONU : celle d’un témoin impartial, garant de la vérité des faits et de la protection des populations civiles.

Sous son mandat, la MONUSCO a été accusée d’une inquiétante complaisance envers les autorités congolaises, alors même que la situation humanitaire et sécuritaire dans l’Est du pays ne cessait de se dégrader. Les critiques évoquent une mission devenue spectatrice de l’inacceptable, paralysée par la diplomatie de connivence.

Ce scandale, s’il devait être confirmé, marquerait un tournant dans l’histoire des opérations de maintien de la paix : il illustrerait la dérive d’une institution minée par les influences politiques et les réseaux d’intérêts. En un mot, il révélerait combien la neutralité onusienne, déjà fragilisée, peut se dissoudre lorsqu’elle se met au service des régimes qu’elle prétend surveiller.

Bintou Keita voit aujourd’hui son nom associé à la plus grave crise morale de la MONUSCO depuis sa création. Le temps des illusions s’achève ; celui des comptes commence. Et dans cette disgrâce qui s’annonce, c’est moins la chute d’une femme qu’on observe que la faillite d’un système qui a trop longtemps confondu diplomatie et dissimulation.

Le mandat de Bintou Keita à la tête de la MONUSCO s’achève dans un climat de désillusion et de méfiance

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