Selon lui, au moment où la décision de retirer la MINUAR du Rwanda fut prise, certains soldats ont désobéi aux ordres et ont préféré rester pour protéger les civils.
En effet, le 7 avril 1994, la Belgique décida de retirer ses troupes du pays, affaiblissant considérablement la MINUAR. Le même jour, elle lança une campagne intense réclamant la dissolution totale de la mission. Sous pression belge, le 21 avril 1994, le Conseil de sécurité de l’ONU confirma le retrait presque total des forces, ne laissant sur place que 270 soldats, incapables de protéger les populations ciblées.
Le général Faye, qui faisait partie du groupe d’observateurs chargé de suivre les opérations militaires, a précisé que les soldats avaient le droit de partir conformément aux ordres reçus, tout en signalant des inégalités observées à cette occasion : « Ceux qui sont partis à Nairobi recevaient 135 dollars par jour, alors que les soldats restés sur le terrain au Rwanda n’étaient payés que 93 dollars par jour. »
« Si nous étions partis, nous aurions eu droit à de bons hôtels, à une vie confortable et en sécurité. Mais rester ici signifiait mourir », a-t-il ajouté. « C’était une décision difficile à prendre, mais était un signe d’humanité pour ceux qui sont restés. »
« Chaque jour, nous faisions face à la mort. Mais notre joie résidait dans le fait de pouvoir, parfois, sauver deux ou trois personnes, que ce soit dans les zones supervisées par l’ONU ou dans celles contrôlées par les Forces armées rwandaise (FAR). » a-t-il poursuivi.

Le général Faye a raconté qu’un soir, il rencontra des Interahamwe qui l’accusaient d’être un « Inyenzi » — nom péjoratif donné aux forces RPA Inkotanyi — alors même qu’il leur avait expliqué qu’il n’était pas Rwandais. Il dut accompagner un religieux à travers un quartier menacé, constatant avec inquiétude que plusieurs hommes armés les suivaient et criaient « Inyenzi, Inyenzi ». « Ce fut la première fois que j’entendis ce mot », a-t-il précisé. Malgré la menace, il indiqua : « Je ne suis pas un Inyenzi, je suis Sénégalais. » Après cette confrontation, ils le laissèrent repartir.
Le général Faye a également rendu hommage au capitaine sénégalais Mbaye Diagne, son ami de longue date et collègue de mission. Envoyé au Rwanda en 1993 pour maintenir la paix conformément aux accords d’Arusha, Mbaye était observateur chargé de fournir des informations à la hiérarchie des forces de l’ONU et résidait à l’Hôtel des Mille Collines.
Lorsque l’avion transportant le président Habyarimana fut abattu, le massacre débuta immédiatement. La Première ministre Agathe Uwiringiyimana fut tuée dès le départ. Mbaye, alerté par les réfugiés de l’hôtel, se rendit à son domicile pour vérifier la situation. Il y constata la mort de la Première ministre et des dix soldats belges chargés de sa protection. Il réussit toutefois à retrouver et à sauver les enfants de la Première ministre, qu’il conduisit à l’Hôtel des Mille Collines, où de nombreux civils étaient réfugiés. Il informa ensuite le représentant des forces onusiennes, le général Romeo Dallaire de la situation et poursuivit ses actions de secours jusqu’au 31 mai 1994, date de son assassinat.
Ce jour-là, alors qu’il transportait un message de l’ancien commandant en chef des forces armées rwandaises (FAR), Augustin Bizimungu, destiné au général Dallaire, Mbaye fut tué par un engin explosif au niveau d’un barrage, alors qu’il se préparait à retourner au Sénégal. Le général Faye faisait partie des premiers arrivés sur les lieux.
« Parmi les forces sénégalaises, de nombreux capitaines comme Mbaye ont choisi de rester. Bien qu’ils n’avaient pas tous le même courage que lui, ils partageaient le même engagement. Sur les 29 observateurs, 25 ont décidé de rester au Rwanda pour accomplir diverses missions, menant des opérations aux côtés de soldats venus d’autres pays comme le Togo », a raconté le général Faye.




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