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Famille Kabuga et la stratégie du pourrissement

Redigé par Tite Gatabazi
Le 7 février 2022 à 05:56

Face au procès Kabuga, le financier du génocide contre les tutsis, nos pensées vont naturellement aux victimes innocentes et aux rescapés.

Kabuga, c’est la planification du génocide contre les tutsis. Il était le Président fondateur de la tristement célèbre RTLM. 

Président fondateur et financier du « Fonds de défense nationale » destiné à assurer la logistique des « interahamwe » dont il exerçait un contrôle effectif.

Kabuga c’est également des alliances et des allégeances familiales au sein de la galaxie akazu qui sévit encore sous diverses formes.

Deux des garçons Habyarimana ont épousé ses deux filles. Augustin Ngirabatware, ancien ministre du plan du gouvernement génocidaire est son gendre ainsi que le sulfureux Fabien Singaye.

Mais Kabuga c’est aussi une cavale de vingt-six ans. Avec des changements d’identités, des complicités et des complaisances.

Sa fortune servait à ça aussi.

Depuis le 16 mai 2020, il est aux mains de la justice internationale et poursuivi pour « génocide, complicité de génocide, incitation à commettre le génocide et crime contre l’humanité ».

Apres avoir gardé silence lors de sa première comparution devant le tribunal, Kabuga continue de « plaider non coupable ».

De son procès, il est attendu que l’accusation apporte la preuve de sa culpabilité. Seule garantie effective aux victimes et rescapés que justice est enfin rendue et que la vérité sur les faits allégués soit découverte.

Mais voilà que son Avocat, Me Emmanuel Altit vient d’annoncer qu’il se retire du dossier.

Ou est-il récusé par la famille qui s’inscrit déjà dans la « stratégie du pourrissement ».

Et pour prendre sa relève, un nom circule déjà. Me Peter Robinson qui s’est beaucoup rapproché de la famille Kabuga. Un habitué du TPIR ou il avait défendu entre autres Nzirorera Joseph et Augustin Ngirabatware.

Mais il y a peu de chance pour qu’il obtienne l’agrément. Car il avait pris beaucoup de liberté avec l’éthique et la déontologie de l’Avocat.

Et selon toute vraisemblance, il serait sous le coup d’une enquête pour « subornation de témoins ». Mais il s’active et fourni des conseils.

Ce procédé qu’ils vont user jusqu’à la corde.

Qui si elle réussit, ne s’évanouira pas sans laisser de traces dans la mémoire collective. Des traces qui sont des plaies. Et ce sera une insulte au droit.

Mais de cela, la famille Kabuga n’en a cure.

Elle ne ménage aucun effort pour abuser du droit de disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de la défense.

Et cette famille a une interprétation biaisée du droit de tout justiciable à ce que sa cause soit entendue dans un délai raisonnable.

La défense de Kabuga vise à sortir tous les moyens juridiques, à défaut de convaincre la cour, sera au moins susceptible de retarder sa décision.

Apres avoir dégainé la question prioritaire de constitutionalité(QPC) en France en invoquant l’inconstitutionnalité de l’article 13 de la loi du 2 janvier 1995 qui régit la coopération entre la justice française et la juridiction pénale internationale.

Elle a opté pour une lenteur d’autant plus inquiétante qu’elle portera, à coup sûr, préjudice à la manifestation de la vérité.

Et pour solliciter sa remise en liberté, sa défense n’avait pas hésité d’invoquer Maurice Papon, Paul Touvier et René Bousquet qui, d’après elle, n’auraient pas été placés, à leur époque, en détention provisoire. Un argument marqué du sceau de l’indignité.

Si cela arrive, comme des signes avant-coureurs l’indiquent, ce sera un fiasco inouï, mais un bénéfice incommensurable pour eux.

Car bien d’éléments sont à prendre en compte pour l’appréciation de la complexité de cette affaire et de l’importance de son enjeu.

Le comportement des autorités judicaires servira de baromètre pour apprécier le caractère raisonnable du délai.

L’examen des contours du délai raisonnable exige des précisions. L’intérêt d’une justice n’est pas seulement d’obtenir une décision définitive mais surtout dans un délai raisonnable.

L’adjectif raisonnable accolé au délai pourrait signifier équilibre, ce qui est acceptable, suffisant ou convenable. La durée de la procédure devrait ainsi s’inscrire dans ce qui est admissible.

La procédure pourrait être inutilement prolongée.

La famille Kabuga exploitera une pratique abusive tendant à allonger la procédure. Elle s’attachera à des détails bénins dans l’optique de tirer en longueur et enliser la procédure.

Il échoit au juge de surveiller d’éventuelles manœuvres dilatoires et apporter des réponses efficaces.

Mais aussi et surtout aux parties civiles de redoubler de vigilance et dénoncer lesdites manœuvres.

Il appartient aux autres (parquet, parties civiles) de surveiller de près cette attitude obstructive de la défense et de la dénoncer.

Et toutes les explications seront inaudibles pour ceux qui attendaient que justice soit rendue en cas d’extinction prématurée de l’action.

Le dossier Kabuga reste, pour tous les intéressés, un livre ouvert.


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