Dans son courrier, qu’il signe seul après que ses confrères congolais ont été réduits au silence par des menaces de mort, il dénonce une nouvelle série de massacres perpétrés dans la province de l’Ituri, au Nord-Est de la République démocratique du Congo. Ces tueries, attribuées à la milice Codeco, s’inscrivent dans une logique d’extermination ciblée contre la communauté hema, de même que les exactions contre les Banyamulenge et les Tutsi du Nord-Kivu.
L’avocat rappelle que, depuis 2018, les massacres se succèdent avec une régularité macabre, malgré des accords de paix officiels conclus en 2020 avec la milice. L’été 2025 s’est révélé particulièrement funeste : pas moins de huit massacres, dûment documentés, se sont échelonnés entre le 27 juin et le 16 août. Ces tragédies se sont déroulées sous les yeux d’autorités civiles et militaires, maintes fois alertées en temps réel par les populations en détresse. Des appels lancés au gouverneur militaire et aux responsables de la région, parfois à quelques minutes du déclenchement des attaques, n’ont suscité aucune intervention.
La Monusco, déployée avec le mandat théorique de protéger les civils, a également brillé par son absence, confirmant une dérive institutionnelle où les ressources colossales de la mission s’évaporent dans une bureaucratie défaillante, tandis que les victimes demeurent sans secours.
Dans son courrier, Maitre Maingain joint un enregistrement glaçant : la voix d’un chef de la milice Codeco ordonnant à ses troupes d’abattre au moins cent membres de la communauté hema en un seul jour, sans épargner ni nourrissons ni vieillards. Ce document, preuve d’une intention génocidaire, met à nu une réalité que les rapports officiels tendent trop souvent à édulcorer : le massacre n’est pas un effet collatéral de conflits locaux, mais bien le fruit d’un projet idéologique nourri par un discours de haine qui circule, sans entrave, jusque dans les sphères officielles.
Car il faut le dire avec clarté : le climat d’impunité dans lequel prospèrent ces milices est entretenu par des connivences politiques et militaires. Des sources concordantes, reprises dans la missive de Maingain, affirment que l’armée congolaise elle-même a fourni armes et appuis logistiques à des groupes armés opérant en Ituri et au Nord-Kivu. Le gouvernement de Kinshasa, tout en se présentant à la table des négociations à Washington avec Kigali ou à Doha avec l’AFC/M23, multiplie sur le terrain des alliances opportunistes avec des acteurs criminels tels que les FDLR et les Wazalendo.
Ces forces, loin d’être de simples supplétifs, sont composées de combattants dont le passif criminel est notoire : les FDLR, héritiers directs des génocidaires rwandais de 1994, et les Wazalendo, acteurs violents aux pratiques prédatrices, que le pouvoir congolais érige pourtant en partenaires dans une guerre asymétrique.
Ce double langage mine la crédibilité de l’État congolais et engage sa responsabilité directe. D’un côté, le pouvoir proclame sa volonté de pacifier l’Est du pays et d’obtenir le soutien de la communauté internationale ; de l’autre, il s’acoquine avec des criminels de guerre, cautionnant par son silence les discours incendiaires qui essentialisent certaines communautés et en font des cibles désignées. Ces alliances tacites ne relèvent pas d’une stratégie de circonstance, mais bien d’une logique pernicieuse.
Dans ce contexte délétère, la Monusco, loin de remplir son mandat protecteur, se contente d’un narratif de façade destiné à masquer son impuissance chronique. Elle devient ainsi, aux yeux des populations massacrées, un acteur de plus dans un théâtre d’ombres où les responsabilités se diluent et où la vérité est constamment travestie. Les ONG dites “neutres”, souvent compromises par des financements opaques et des allégeances politiques, alimentent ce brouillard moral en produisant des rapports biaisés, inversant parfois les responsabilités au profit d’intérêts géopolitiques.
Mais comme le rappelle, dans une métaphore amère, l’icône de la rumba congolaise Koffi Olomidé : « le mensonge court vite, mais la vérité finit toujours par le rattraper ». Ici, la vérité est implacable : les massacres à caractère ethnique en Ituri et au Nord-Kivu sont le résultat d’une combinaison perverse de discours de haine relayés par des canaux officiels, d’une impunité institutionnalisée et d’alliances cyniques avec des criminels notoires.
Cette vérité engage non seulement les milices qui commettent les tueries, mais également l’État congolais lui-même, qui par sa passivité, sa duplicité et ses compromissions, devient le complice silencieux de la tragédie.

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