Mons est une ville située en Wallonie, dans la province de Hainaut, au sein de la région francophone de Belgique.
La cérémonie de commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi s’y est tenue le 17 mai 2025. Elle a débuté par un dépôt de gerbes au Mémorial dédié, situé Place du Parc, en présence de Mme Natacha Vandenberghe, représentante de la ville de Mons.
L’édition de cette année a été organisée par un groupe de rescapés du génocide contre les Tutsi, en collaboration avec la Diaspora rwandaise.
La commémoration a rassemblé plusieurs personnalités et représentants d’associations engagées dans le devoir de mémoire, parmi lesquels : Eugène Twagira Mutabazi, President d’Ibuka-Mémoire et Justice Belgique, Gakuba Ernest, président de la Diaspora rwandaise en Belgique – Irène Kamanzi, présidente de l’association Isôko, qui regroupe les Tutsi originaires de la RDC vivant en Europe – Arnold Turagara, responsable de DRB-Rugari pour la région de Mons ; ainsi que d’autres représentants d’organisations partenaires.
« Nous remercions la Ville de Mons, qui n’a pas cédé aux interférences politiques, contrairement à d’autres régions où des considérations politiques ont entaché les cérémonies de commémoration. L’histoire les jugera en temps voulu. Mons, pour sa part, a choisi la voie de l’unité et de l’humanité », a déclaré Ernest Gakuba, président de l’association des Rwandais vivant en Belgique, DRB-Rugari.
Prenant la parole au nom de la Ville, Mme Natacha Vandenberghe a rappelé avec émotion que les Tutsi ont été massacrés lors du génocide de 1994 uniquement en raison de leur identité, dans l’indifférence générale.
« Ce fut un massacre auquel aucune résistance n’était possible, car il ne s’agissait pas d’une guerre entre groupes opposés, mais bien d’un plan méthodiquement orchestré pour exterminer les Tutsi. Ce crime a d’ailleurs été reconnu comme un génocide par les Nations Unies », a-t-elle souligné.
Mme Natacha Vandenberghe a poursuivi son intervention en insistant sur l’importance de nommer clairement les événements.
« Donnons au génocide son vrai nom. Souvenons-nous et aidons les jeunes à comprendre cette histoire », a-t-elle exhorté, appelant à une transmission fidèle et lucide de la mémoire.
Lors de son allocution, M. Twagira Mutabazi, responsable d’Ibuka – Mémoire et Justice Belgique, a souligné l’importance fondamentale du devoir de mémoire. Il a mis l’accent sur le processus de reconstruction qu’ont entrepris les rescapés et a dénoncé les récentes tentatives de perturbation des cérémonies de commémoration en Belgique.
« Ce devoir de mémoire est essentiel : il permettra aux jeunes générations de continuer à accorder une valeur éternelle à la vie de nos compatriotes assassinés lors du génocide contre les Tutsi », a-t-il déclaré.
Twagira Mutabazi a également réitéré sa demande de rapatriement au Rwanda de la dépouille du roi Yuhi V Musinga, actuellement inhumée en Belgique, afin qu’elle puisse enfin reposer sur la terre de ses ancêtres.
« J’ai demandé au Rwanda de tout mettre en œuvre pour rapatrier la dépouille du roi Yuhi V Musinga, à Mwima et Mushirarungu », a-t-il précisé.
Le responsable de l’association Isôko, qui regroupe les Tutsi de la RDC vivant en Europe, a expliqué qu’il participait à cette commémoration en raison de son importance historique, mais aussi pour rappeler que l’histoire du génocide contre les Tutsi de 1994 au Rwanda est, selon lui, en train de se répéter aujourd’hui.
« Il est profondément regrettable que je sois ici aujourd’hui pour évoquer la situation tragique qui se déroule de l’autre côté de la frontière rwandaise, en République démocratique du Congo, où les massacres dépassent l’entendement humain. Le gouvernement congolais reste passif, comme ce fut le cas au Rwanda en 1994. En RDC, ce sont actuellement des réfugiés qui nous massacrent et qui ont mis en place un régime dirigé par des génocidaires. C’est cette réalité que je suis venu dénoncer, clairement et sans détour », a-t-il déclaré.
De son côté, Arnold Turagara, responsable de DRB-Rugari pour la région de Mons, a rendu un vibrant hommage aux victimes :
« Nous nous retrouvons une fois de plus ici à Mons, 31 ans après le génocide contre les Tutsi, pour commémorer nos compatriotes assassinés en 1994 — parmi eux des nourrissons, des enfants, des personnes âgées, des femmes. Mais nous ne sommes pas ici pour pleurer : nous sommes ici pour témoigner, pour faire entendre la vérité sur les horreurs commises. », a-t-il affirmé.
Il a précisé que cette commémoration a pour but d’instruire les jeunes sur les faits afin qu’ils en prennent pleinement conscience, qu’ils œuvrent pour la justice et contribuent à restaurer la dignité humaine.
Il a salué l’action du FPR-Inkotanyi qui, contrairement à certains observateurs étrangers passifs, a choisi d’intervenir pour sauver les survivants, rappelant le rôle central joué par la jeunesse dans cette lutte, en en faisant un exemple à suivre aujourd’hui.
Arnold Turagara a remercié tous les participants venus témoigner leur solidarité et a exprimé sa profonde gratitude envers la ville de Mons pour son soutien indéfectible.
La cérémonie a été marquée par le témoignage poignant d’Olivier Munyengango, seul rescapé de la paroisse de Mukarange, ayant perdu toute sa famille.
Sa famille proche comprenait cinq enfants ainsi que son père et sa mère. Le génocide lui a également coûté de nombreux autres membres de sa famille élargie.
La 31ᵉ commémoration du Génocide contre les Tutsi à Mons s’est déroulée en trois temps : une marche du souvenir, des conférences et des témoignages au "Mons Memorial Museum".
La troisième partie, traditionnelle, s’est tenue à Jemappes, avec une veillée de mémoire ponctuée par la cérémonie symbolique de " l’Igicaniro ", un moment solennel consacré aux témoignages, aux récitations poétiques et à la projection de photos de familles décimées ou anéanties, destiné à raviver le souvenir de leurs vies.
Cet événement fait partie d’une série de commémorations organisées dans plusieurs villes de Belgique pour le 31ᵉ anniversaire du génocide contre les Tutsi. Parmi ces villes figurent Bruxelles, Liège, Namur, Bruges, Ottignies-Louvain-la-Neuve et Anvers. Les prochaines commémorations auront lieu à Charleroi le 24 mai 2025, à Tournai le 31 mai, et à Louvain (Leuven) le 10 juin.
Voici quelques images illustrant la première partie des cérémonies : le dépôt de gerbes et la marche du souvenir.
































Les échanges et les témoignages se sont poursuivis dans le lieu historique connu sous le nom de "Mons Memorial Museum"


































Quelques photos de la troisième partie, qui s’est tenue dans la commune de Jemappes, où s’est déroulée l’activité connue sous le nom d’"Igicaniro"










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