Cet ouvrage, véritable séisme médiatique et succès planétaire de librairie, fut accueilli comme une mise en accusation sans précédent de l’institution monarchique britannique et des relations tumultueuses qui enserrent la famille royale.

Interrogé par le Guardian depuis Kiev, où il s’est rendu avec sa fondation, l’Invictus Games Foundation, le cadet du roi Charles III a tenu à dissiper tout soupçon d’animosité vindicative. « Ce n’est pas une question de revanche, mais de responsabilité », a-t-il déclaré, affirmant avoir voulu rétablir une vérité face aux récits diffusés dans la presse à son sujet. « Je ne pense pas avoir lavé mon linge sale en public. C’était un message difficile, mais je l’ai délivré du mieux possible. J’ai la conscience tranquille », a-t-il ajouté avec gravité.

Derrière cette déclaration se profile un itinéraire personnel marqué par la douleur et la controverse. La trajectoire du prince Harry fut irrémédiablement façonnée par le drame de son enfance : la mort brutale de sa mère, Lady Diana, en 1997, sous l’œil impitoyable des projecteurs médiatiques. Cet événement traumatique, survenu alors qu’il n’avait que douze ans, fut le point de départ d’un long cheminement, oscillant entre le poids d’un destin imposé et la quête d’une identité propre, affranchie de l’étiquette royale.

Les années suivantes furent marquées par des frictions persistantes avec la presse tabloïd, qui fit de lui une cible récurrente, alimentant l’image d’un prince rebelle, parfois égaré dans les excès d’une jeunesse difficile. Puis vint son mariage, en 2018, avec l’actrice américaine Meghan Markle, union célébrée comme une promesse de renouveau mais rapidement minée par des polémiques. Les critiques médiatiques, souvent nourries de sous-entendus raciaux et de stéréotypes sociaux, contribuèrent à creuser un fossé croissant entre le couple et l’institution monarchique. Ce climat de suspicion et de ressentiment culmina avec leur décision de se retirer de leurs fonctions royales en 2020 pour s’établir en Californie, choix qui fut perçu par certains comme une trahison et par d’autres comme une libération.

Dans ce contexte, la publication de Spare constitua autant une catharsis qu’un manifeste. Loin d’être un règlement de comptes stérile, elle apparaît, aux yeux de son auteur, comme une tentative de réconciliation avec sa propre histoire, une volonté de témoigner de la complexité d’une existence partagée entre le devoir dynastique et l’aspiration à une vie autonome.

À l’occasion de son récent passage au Royaume-Uni, le prince consacra une large part de son temps à ses œuvres caritatives, mais surprit en acceptant une entrevue d’une heure avec son père, le roi Charles III. Ce geste, empreint de gravité, survint après plusieurs années de froideur et de rancunes accumulées, et rappelait l’épisode de février 2024, lorsque le prince s’était précipité à Londres en apprenant la maladie de son père.

Lui-même a confié, au printemps, son profond désir de réconciliation familiale, comme pour conjurer l’amertume de ces cinq années d’éloignement.

Aujourd’hui, le parcours du prince Harry s’apparente à une quête de responsabilité et de vérité, affranchi des rancunes mais soucieux d’assumer un récit personnel qui n’est plus dicté par les apparences. Sa voix, souvent perçue comme dissonante, résonne désormais comme celle d’un homme qui, à travers ses épreuves, entend démontrer qu’il n’est pas seulement « le suppléant », mais un être responsable, fidèle à ses convictions et à sa propre conscience.

Le prince Harry a affirmé qu’il avait la conscience tranquille en défendant la publication de son autobiographie Spare (Le Suppléant), parue il y a plus de deux ans