Kigali s’est fixé un objectif ambitieux : porter les recettes annuelles d’exportation à 1,5 milliard de $ d’ici l’exercice 2028/2029, contre un peu plus de 839 millions de $ enregistrés en 2023/2024. Pour y parvenir, il ne suffira pas d’améliorer les pratiques agricoles et accroître la production ; il faudra également mettre en place des chaînes logistiques plus efficaces, capables d’assurer la livraison des produits vers les marchés locaux comme internationaux.
Parmi les acteurs qui tirent la sonnette d’alarme figure ’Kinvest’, l’une des sept grandes entreprises installées dans le ’Gabiro Agribusiness Hub’, vaste zone agricole de 5 600 hectares couvrant les secteurs de Rwimiyaga et Karangazi. Fondée il y a cinq ans par l’entrepreneur américain Jesse Ratichek, l’entreprise déplore la faiblesse des capacités actuelles de transport pour écouler sa production.
Installé au Rwanda depuis près de neuf ans, Ratichek s’est lancé dans la culture commerciale de fruits et légumes il y a trois ans. Aujourd’hui, Kinvest exploite environ 500 hectares au sein du Gabiro Agribusiness Hub, auxquels s’ajoutent 70 hectares supplémentaires en dehors du site.
Parmi leurs principales cultures figurent les haricots verts, les piments, les fruits de la passion, les avocats, le café, ainsi que d’autres produits. Mais la question centrale demeure : comment assurer un acheminement rapide et efficace vers les marchés, tout en garantissant la qualité des récoltes ?
Dans un entretien accordé à IGIHE, Jesse Ratichek a indiqué : « D’ici décembre 2025, nous prévoyons de récolter entre 450 et 550 tonnes de fruits et légumes par mois. Si nous avons réussi à surmonter plusieurs obstacles, le véritable enjeu reste la capacité à livrer nos produits à temps. »
Il a précisé que de tels volumes doivent impérativement être transportés dans les trois jours suivant la récolte, afin d’éviter toute perte.
« RwandAir m’a informé que sa capacité actuelle est d’environ 500 tonnes par mois. Or, ma ferme à elle seule produira 500 tonnes mensuelles. Il est donc évident qu’il est impossible d’acheminer toute ma production, puisque je ne peux pas monopoliser l’espace disponible. Nous entretenons un partenariat solide, mais il est urgent d’accroître la capacité cargo pour permettre aux compagnies aériennes de suivre le rythme de la production croissante des agriculteurs rwandais. »

Le Rwanda prévoit d’acquérir un nouvel avion cargo
En 2022, RwandAir a acheté son premier avion cargo après plusieurs années de préparation et de planification.
La compagnie a acquis un Boeing B737-800SF, capable de transporter une charge d’au moins 23 tonnes. L’appareil mesure 39,5 mètres de long, avec une envergure de 35,8 mètres et une hauteur de 12,6 mètres.
Depuis cet achat, RwandAir a tiré d’importants bénéfices de ses opérations cargo. Rien qu’en 2024, la compagnie a enregistré une augmentation de 33 % des volumes de fret par rapport à l’année précédente. Cette année-là, RwandAir a transporté 6 113 tonnes de marchandises, contre 4 595 tonnes en 2023, tandis qu’en 2022, le volume était de 3 774 tonnes, après 3 889 tonnes en 2021.
Pour rassurer Jesse Ratichek et d’autres exportateurs, le ministre de l’Agriculture et des Ressources animales, le Dr Cyubahiro Mark Bagabe, a confirmé que le gouvernement rwandais travaille désormais à l’acquisition d’un nouvel avion cargo.
« RwandAir est en train de sécuriser un autre avion cargo, » a expliqué le Dr Bagabe.
« Étant donné que RwandAir est une compagnie aérienne publique, nous sommes en discussions régulières avec elle et nous savons que cela fait déjà partie de leur plan. Il ne s’agit pas de spéculation, mais d’une décision confirmée. Pour acheter un tel avion, il faut s’assurer que les volumes de fret soient suffisants ; maintenant que la demande est avérée, l’acquisition pourra avoir lieu. RwandAir a mis en place plusieurs stratégies pour y parvenir, » a ajouté le ministre.
Il a souligné que les préoccupations exprimées par les investisseurs agricoles sont prises très au sérieux, en particulier pour les exportateurs de produits frais comme les fruits et légumes, pour lesquels une capacité cargo fiable constitue un avantage majeur.
Au-delà du transport aérien, le gouvernement renforce également les infrastructures de la chaîne de valeur agricole, notamment les installations de stockage frigorifique, les routes secondaires et d’autres systèmes logistiques, afin de garantir que les produits agricoles puissent être acheminés efficacement des fermes vers les marchés.
Le ministre a souligné les efforts en cours pour développer des pôles agricoles à grande échelle. Par exemple, le site de 1 300 hectares dans le district de Kayonza et le Gabiro Agribusiness Hub, de 5 600 hectares, dans la province de l’Est, devraient considérablement accroître la capacité de production.
« Des routes sont en cours de construction afin que les camions transportant les récoltes ne subissent pas de dommages en cours de trajet. Nous préparons également la deuxième phase du Gabiro Agribusiness Hub, qui comprendra des installations de stockage frigorifique pour préserver les produits avant leur livraison sur le marché, » a déclaré le Dr Bagabe.


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