Cette décision fait suite aux déclarations de l’ancien président américain Donald Trump, qui a laissé entendre la semaine dernière que les États-Unis envisageraient de reprendre leurs tests nucléaires pour la première fois depuis plus de trente ans.

S’exprimant lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe, Poutine a déclaré :

« J’instruis le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Défense, les services spéciaux et les agences civiles concernées de tout mettre en œuvre pour recueillir des informations supplémentaires sur cette question, de les analyser au sein du Conseil de sécurité et de soumettre des propositions coordonnées sur le possible début des préparatifs d’essais nucléaires. »

Le chef du Kremlin a toutefois précisé que la Russie ne reprendrait ses essais que si Washington en faisait le premier pas. « Nous n’agirons qu’en réponse », a-t-il insisté.

Une escalade des tensions entre Moscou et Washington

L’ordre de Poutine intervient dans un contexte de vives tensions entre les deux principales puissances nucléaires mondiales. Les relations russo-américaines se sont encore dégradées ces dernières semaines, Donald Trump ayant annulé un sommet prévu avec Poutine et imposé de nouvelles sanctions contre Moscou.

Frustré par l’absence de progrès sur le front ukrainien, l’ancien président américain a évoqué la reprise des essais nucléaires lors d’une visite en Corée du Sud, peu après que la Russie a annoncé le succès de nouveaux tests de missiles et de drones à propulsion nucléaire.

Du côté russe, plusieurs responsables militaires ont aussitôt appelé à une réaction rapide. Le ministre de la Défense, Andrei Belousov, a estimé qu’il était « conseillé de se préparer immédiatement à des essais nucléaires à grande échelle », évoquant le site d’essais de Novaya Zemlya, dans l’Arctique, comme lieu potentiel.

Le chef d’état-major, Valery Gerasimov, a mis en garde contre toute inertie : « Si nous ne prenons pas les mesures appropriées maintenant, nous risquons de manquer l’occasion d’une réponse en temps voulu, car la préparation de tels essais peut nécessiter plusieurs mois, voire des années. »

Si la Russie ou les États-Unis relançaient effectivement les essais nucléaires, ce serait une première depuis 1992 et un tournant majeur pour la sécurité internationale. Depuis l’adoption du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), signé mais jamais ratifié par Washington, toutes les puissances nucléaires respectaient jusqu’ici une interdiction de fait, à l’exception de la Corée du Nord, qui a procédé à plusieurs explosions souterraines, la dernière en 2017.

Les experts mettent en garde contre une spirale dangereuse. « C’est un cycle d’action et de réaction typique. Personne n’a intérêt à voir cela se produire, mais nous pourrions y être entraînés malgré nous », a commenté Andrey Baklitskiy, chercheur à l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a précisé qu’aucun délai n’avait été fixé pour la présentation des propositions demandées par Poutine :

« Il faudra autant de temps que nécessaire pour comprendre pleinement les intentions des États-Unis », a-t-il indiqué à l’agence TASS.

Donald Trump n’a pas encore précisé si la reprise annoncée des tests concernait de véritables explosions nucléaires ou seulement des essais de missiles capables de transporter des ogives atomiques.

La Russie a récemment mené plusieurs tests de systèmes de livraison d’armes nucléaires, notamment le missile de croisière Bourevestnik et le drone sous-marin Poséidon, tous deux à propulsion nucléaire. Ces essais ne comportent pas d’explosion atomique, contrairement aux tests pratiqués pendant la guerre froide, dont les conséquences environnementales furent désastreuses.

Le président russe Vladimir Poutine a demandé de préparer la reprise possible des essais nucléaires, une première depuis 1991