Urgent

Le climat des affaires est pollué en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 27 mars 2025 à 10:59

Le membre du Congrès des États-Unis, Ronny Jackson, a récemment comparu devant une commission parlementaire afin de témoigner sur la crise persistante en RDC. Au cours de son intervention, il a dressé un tableau accablant du climat des affaires, gangrené par des pratiques prédatrices et une instabilité chronique qui entravent tout développement économique pérenne.

Dans cette fresque de corruption et de spoliation institutionnalisée, il a évoqué un cas emblématique révélateur des dérives systémiques qui s’opèrent en RDC : celui d’une entreprise suisse confrontée à des exigences fiscales proprement ubuesques. Cet exemple édifiant illustre avec acuité l’arbitraire qui prévaut dans la gestion économique du pays, où les entreprises, loin d’évoluer dans un cadre juridique équitable et propice à l’investissement, se retrouvent livrées à l’avidité insatiable de l’appareil étatique et de ses élites voraces.

Ce constat, d’une gravité inouïe, ne fait que confirmer la descente inexorable d’un pays aux richesses immenses dans les abysses d’une gouvernance pervertie, où le détournement et la concussion tiennent lieu de règle.

La République Démocratique du Congo, vaste territoire aux ressources incommensurables, demeure pourtant l’épicentre d’un paradoxe tragique : un pays d’une richesse abyssale gangrené par une corruption tout aussi abyssale. La situation que le sénateur américain décrit illustre avec une acuité saisissante l’impunité systémique et la déliquescence des institutions, qui favorisent le pillage organisé au détriment du bien commun.

Les pratiques de concussion et de détournement des deniers publics ont atteint un degré si outrancier qu’elles ne relèvent plus de la simple prédation, mais d’une véritable vampirisation de l’économie nationale. Dans ce système vicié, où la rapine s’érige en norme et où les mécanismes de redevabilité sont neutralisés, les entreprises qu’elles soient locales ou étrangères deviennent les proies d’un État qui ne fonctionne plus que comme une machine à extorquer.

Le cas de cette entreprise suisse est symptomatique d’une gouvernance fiscale anarchique, où les impôts ne sont pas levés dans une optique de développement mais servent de levier de prédation institutionnalisée. Une taxation grotesque, révisée à la baisse après des tractations opaques, ne saurait être interprétée autrement que comme une tentative de rançonnement étatique. Dans ce climat délétère, seuls les plus offrants souvent des acteurs économiques peu scrupuleux issus de puissances étrangères aux ambitions hégémoniques parviennent à tirer leur épingle du jeu en se pliant aux exigences illicites des sphères dirigeantes.

Les dessous-de-table et les faveurs discrétionnaires façonnent ainsi un ordre économique où la loyauté aux principes du marché cède le pas à la soumission aux réseaux clientélistes. La collusion entre les décideurs politiques et certaines élites économiques donne lieu à une captation systématique des richesses, tandis que la population, reléguée à un statut de spectatrice impuissante, croupit dans la misère et l’insécurité.

Le système judiciaire, gangréné jusqu’à la moelle, ne constitue en rien un rempart contre ces abus. Loin d’être un instrument d’équité et de justice, il est devenu un outil au service des plus puissants, un simple levier de règlement de comptes et d’arbitrage biaisé. Aucune entreprise, aucun investisseur ne peut se targuer d’être à l’abri d’une décision arbitraire, dictée non par le droit mais par l’intérêt particulier de ceux qui tiennent les rênes du pouvoir.

Quant à la classe politique, elle prospère sur les ruines de l’État, accumulant des fortunes colossales qui se chiffrent en milliards, souvent dissimulées dans des comptes offshore ou dilapidées dans un faste indécent. Pendant ce temps, les infrastructures sont en lambeaux, les hôpitaux à l’agonie, et les populations livrées aux affres de la précarité et de la violence endémique.

Si la RDC trône inlassablement au sommet des classements les plus infamants en matière de corruption, c’est que le phénomène y est plus qu’un mal systémique : il constitue l’essence même du mode de gouvernance.

Ce pays, qui devrait être un phare économique et géopolitique du continent, est devenu un symbole d’injustice criante et de spoliation érigée en système. L’histoire jugera sévèrement ceux qui, par leur appétit insatiable et leur mépris du peuple, ont transformé cette nation en un théâtre de rapines à ciel ouvert.

Julien Paluku, Ministre du Commerce

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