A l’instant même où fut lu le communiqué final, dont les termes, selon Kigali, entérinaient une série de positions biaisées, voire hostiles, à l’égard de la souveraineté rwandaise, la délégation officielle, dans un geste d’une rare gravité symbolique, a quitté la salle plénière, laissant derrière elle un silence pesant et une communauté manifestement désunie.
Ce retrait scénique, loin d’être une effusion de colère, se voulait l’expression d’une protestation mesurée mais irrévocable, incarnant une dernière marque de dignité dans un espace perçu désormais comme altéré par des connivences suspectes et des instrumentalisations politiques. En franchissant ce seuil, le Rwanda tournait une page, avec gravité mais sans ambages, fidèle à cette ligne de conduite intransigeante qui fait de la souveraineté un principe cardinal et non une variable diplomatique.
Il est des silences plus éloquents que bien des déclarations et des ruptures plus signifiantes que tous les accords formels. Le retrait fracassant du Rwanda de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), annoncé avec une solennité glaciale, ne saurait être perçu comme une simple réorientation diplomatique. Il constitue un acte politique mûrement pesé, une décision souveraine dictée par la volonté farouche d’un État de ne point se voir relégué au rang de figurant sur la scène continentale.
A Kigali, on ne transige ni avec l’honneur, ni avec la dignité nationale.
Depuis plusieurs années déjà, le Rwanda observe avec une vigilance de plus en plus exacerbée la lente déliquescence de certaines instances régionales, devenues le théâtre d’alliances implicites, de manœuvres obscures et d’instrumentalisations rampantes, au mépris des principes d’équité, de souveraineté et de respect mutuel inscrits dans les chartes fondatrices.
La CEEAC, pourtant conçue comme un espace d’intégration économique, de concertation politique et de solidarité stratégique, semble avoir été dévoyée de sa vocation première. L’accusation est grave : certains États membres, avec la bienveillance complice de forces extérieures, se seraient employés à marginaliser la voix rwandaise, à saper sa légitimité, à remettre en cause ses droits pourtant garantis par les textes constitutifs.
Face à une telle dérive, le Rwanda ne pouvait demeurer impassible. Sous la férule du Président Kagame, leader charismatique et visionnaire, figure d’autorité morale et de rigueur politique, le pays a fait de l’exigence de réciprocité un fondement non négociable de son action extérieure. Respecter les règles, certes, mais à condition qu’elles s’appliquent à tous, sans discrimination ni duplicité. Ce principe, qui relève à la fois de l’éthique diplomatique et de la défense vitale des intérêts nationaux, justifie pleinement le geste de retrait. Il ne s’agit pas d’un repli, mais d’une affirmation sans équivoque : le Rwanda entend être un acteur respecté, ou il ne sera pas acteur du tout.
Cette posture n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit dans une tradition de fermeté que le Rwanda assume avec constance. Déjà, en 2006, lorsque le juge français Jean-Louis Bruguière, instrumentalisé à des fins géopolitiques à peine voilées, rendait un rapport biaisé mettant en cause les plus hautes autorités rwandaises dans l’attentat du 6 avril 1994, Kigali avait réagi avec une lucidité implacable : rupture des relations diplomatiques avec Paris, refus de toute mise sous tutelle judiciaire travestie en quête de vérité.
Plus récemment, l’activisme délétère du gouvernement belge, multipliant démarches et insinuations au sein des cercles européens pour discréditer l’action rwandaise, a conduit à une double rupture : cessation de la coopération bilatérale et gel des relations diplomatiques. Chaque fois, le Rwanda a montré qu’il ne badine pas avec l’essentiel : la souveraineté, la dignité, la vérité historique.
Il ne s’agit point là d’arrogance, mais d’une intransigeance forgée dans les épreuves les plus extrêmes. Le Rwanda post-génocide contre les tutsi s’est bâti sur un refus fondamental de la soumission, sur une volonté farouche de réappropriation de son destin. Cette fierté nationale, souvent incomprise ou caricaturée, est en réalité le socle de sa résilience et de son autorité sur la scène africaine.
A ceux qui s’étonnent de la radicalité apparente de certaines décisions rwandaises, il convient de rappeler que la souveraineté n’est jamais un don, mais une conquête permanente.
En claquant la porte de la CEEAC, le Rwanda adresse un message clair : il n’est pas question d’être membre d’un ensemble régional qui trahirait ses principes, fléchirait devant les lobbies, ou s’abandonnerait à des calculs diplomatiques dictés de l’extérieur. Ce retrait, loin d’être une régression, est une preuve de cohérence, de maturité et de courage politique. Il s’inscrit dans une diplomatie de la fermeté, certes peu consensuelle, mais éminemment respectée.
Le monde contemporain, marqué par une instabilité systémique et une recomposition constante des pôles d’influence, n’offre de salut qu’aux nations qui savent dire non. Le Rwanda a fait de ce "non" un art d’État, un levier d’affirmation, un gage de respectabilité. Et dans ce refus, il y a, peut-être, plus de grandeur que dans bien des compromis.
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