Tandis que Beni, Lubero et l’Ituri s’enfoncent dans la nuit des massacres et des déplacements forcés, Kinshasa se réfugie dans l’incantation politique, et la Monusco, engluée dans sa propre inertie, observe avec une placidité désarmante la dislocation du tissu social et humain.
Cette double faillite, nationale et internationale, consacre l’effacement de l’État et l’impuissance de l’ordre multilatéral, abandonnant des millions d’âmes à la loi des milices et au règne de la terreur.
Le décompte macabre des massacres perpétrés par les ADF, groupe armé affilié à l’organisation État islamique, ne cesse de s’alourdir dans l’Est de la République démocratique du Congo. Désormais, quatre-vingt-neuf vies humaines ont été fauchées en quelques jours seulement, au cœur des territoires martyrisés de Lubero et de Beni, dans une province du Nord-Kivu déjà saignée par des décennies de violences.
Les funérailles collectives organisées le 10 septembre à Lubero, où soixante victimes ont été portées en terre, ne sont qu’une nouvelle illustration de l’ampleur d’une tragédie que le pays tout entier contemple, impuissant et accablé.
À Kinshasa comme dans les régions endeuillées, l’indignation est unanime. Les autorités congolaises, par la voix de la Première ministre Judith Suminwa, multiplient les appels à la solidarité et promettent une détermination renouvelée à rétablir la paix et la sécurité. Mais ces proclamations, répétées à chaque nouvelle hécatombe, résonnent comme de mornes incantations qui n’ont plus la force de convaincre une population épuisée.
Car sur le terrain, les réalités sont implacables : Beni, Lubero, l’Ituri tout entier demeurent livrés à la terreur de bandes criminelles que ni l’armée congolaise ni ses partenaires internationaux ne semblent en mesure de neutraliser.
L’opposition, par la voix de Martin Fayulu et de la plateforme Lamuka, réclame un deuil national et l’engagement de moyens exceptionnels pour retrouver les disparus et protéger les survivants. Moïse Katumbi, président du parti Ensemble, va plus loin, dénonçant une abomination qui témoigne, selon lui, de l’échec patent du pouvoir en place et de la nécessité urgente d’un dialogue inclusif pour repenser la gouvernance sécuritaire.
Les mots des opposants, qui trouvent un écho dans la douleur des familles sinistrées, soulignent ce que chacun sait désormais : le régime de Félix Tshisekedi a échoué à reprendre le contrôle des pans entiers du territoire national, qu’il a, de fait, abandonnés aux mains des criminels.
À cette faillite interne s’ajoute l’indifférence glaçante de la communauté internationale. Le coordonnateur humanitaire des Nations unies en RDC, Bruno Lemarquis, a bien exprimé sa consternation devant ces atrocités commises contre des civils sans défense. Mais cette émotion officielle ne saurait masquer la passivité de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco), dont la présence prolongée depuis plus de vingt ans n’a pas empêché l’extension du chaos, ni le cycle ininterrompu de massacres.
L’ONU, dans son inertie bureaucratique, observe avec « inquiétude » les déplacements massifs de populations et l’abandon de villages entiers au Nord-Kivu et en Ituri, sans jamais transformer cette inquiétude en action décisive.
Ce silence assourdissant, cette accumulation de déclarations creuses et de condamnations sans lendemain, nourrissent une impression d’abandon : celle d’un peuple livré à lui-même, dans une région devenue un non-lieu de droit, où la mort rôde quotidiennement et où l’État congolais s’est effacé.
L’inconstance du pouvoir de Kinshasa, incapable de traduire en actes ses promesses répétées, conjuguée à l’indifférence de la communauté internationale, fait de l’Est de la RDC le théâtre d’un scandale humanitaire et politique dont l’ampleur défie désormais les limites de l’entendement.

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