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Rwanda : pas de répit pour les génocidaires

Redigé par Tite Gatabazi
Le 21 août 2021 à 04:54

La France porte l’infamie de la poignée de main entre Hitler et Pétain à la gare de Montoire le 24 octobre 1940.

Mais la Haute Cour de Justice avait jugé Pétain, Laval ainsi que les cent et huit ministres, secrétaires d’état, secrétaires généraux, gouverneurs et autres qui avaient accepté de servir le régime de Vichy et la collaboration avec les nazis.

Plus tard, il eut Klaus Barbie dit « le boucher de Lyon » rattraper par la justice après quarante ans de cavale et condamné à la réclusion à perpétuité le 4 juillet 1987.

Paul Touvier connaitra quant à lui cinquante ans de vie clandestine avant d’être retrouver et condamné à perpétuité en 1994.

Pour relater son expérience de Commandant de la Mission des Nations Unies au Rwanda « MINUAR », le Lieutenant-Général Roméo Dallaire a intitulé son livre : « J’ai serré la main du diable ».

Il faut bien croire qu’ils sont diaboliques les génocidaires et leurs complices. Et la justice rwandaise ne leur laisse pas de répit.
Il le faut d’autant plus que lors des procès pour génocide et crime contre l’humanité, les victimes innocentes retrouvent soudaines un corps, une voix et un visage.

On ne le dira jamais assez, le génocide contre les tutsis est l’œuvre de l’appareil étatique du régime Habyarimana. Planifié et exécuté sous la supervision des autorités étatiques avec le renfort des toutes les structures du parti MRND du Président Habyarimana, de ses satellites hutu power, des églises, de la société civile et une milice entrainée à cette fin.

A ce jour, on a du mal à penser un crime aussi radical qui excède les bornes du droit, de la culture et de la morale. On découvre que l’existence du génocide contre les tutsis implique deux devoirs : non seulement poursuivre ses auteurs mais aussi ses négateurs.

Car la logique du génocide loin d’être achevée se poursuit à travers la volonté d’en effacer le souvenir.

Voilà pourquoi dans certains pays, la loi définit le négationnisme et réprime la contestation, la minorisation et/ou la falsification du génocide contre les juifs, les arméniens et les tutsis.

En ce sens, le législateur cherche à protéger la société de toute manipulation de son passé et des idéologies destructrices.

Tout le monde s’accorde sur la nécessité de la pénalisation du négationnisme et sa mise en œuvre par des institutions judiciaires.

Dans sa recherche d’une justice conciliatrice, le Rwanda post génocide contre les tutsis avait remis au goût du jour le système Gacaca pour engager un processus de réconciliation avec la valeur de « justice transitionnelle ».

Le châtiment judiciaire des coupables que Gacaca instaura permis d’ouvrir, une ère nouvelle entre bourreaux et victimes.

En ce sens, le droit n’était pas vecteur de mémoire mais acteur de transition. Le droit avait ainsi un double volet rétrospectif et prospectif : Gacaca en tant qu’outil juridique a purgé le passé par ses jugements et refondé les bases d’une nouvelle société pour l’avenir.

Dès la fin du génocide contre les tutsis, il est frappant de voir des journalistes, universitaires et politiques sortir des pamphlets dont le négationnisme se nourrit de l’idéologie.

Ainsi commença la bataille de la rhétorique négationniste qui se révéla être le fruit d’une idéologie consubstantielle au génocide même.

Fort heureusement, avec le temps, le travail de mémoire change la perception que voulait imposer le négationnisme.

La négation et le secret sont présents dès l’origine comme une composante du génocide. Ils s’accompagnent d’un langage codé « gukora ».

Et c’est là la première fonction du droit : nommer les faits pour ce qu’ils sont, afin de surmonter l’impact aveuglant du génocide contre les tutsis.

Et depuis l’ère Macron en France, le vent tourne pour ces génocidaires refugiés en France, ne Belgique, aux Pays Bas, aux USA…

En ce qui concerne Félicien Kabuga, c’est grâce à la volonté politique, à un faisceau d’indices sérieux, mis en commun au sein de la coopération de plusieurs polices européennes qui ont permis de mettre un terme à vingt-sept ans de cavale. Car il faut le savoir, une cavale, de manière générale nécessite beaucoup d’argent.

Alors, comment éviter la victoire posthume du génocide ? La solution est de poursuivre, partout où ils se trouveraient les présumés génocidaires, les juger malgré l’érosion du temps et, en même temps, de refuser sa négation.

Ce qui permet la découverte des faits et les circonstances de l’acte. Et l’on s’oriente vers le jugement final des coupables et l’extinction de la dette de justice des victimes ?

Il est primordial le rôle assigné au procès car il brise une inversion mensongère. En effet, il restitue sa place à la victime que le crime avait désignée comme « coupable » et que le fait de survivre maintien dans la « honte ».

A partir du moment où les positions sont inversées par rapport au crime, les victimes accèdent à la vérité judiciaire.

Le bourreau cesse d’être un « ce petit seigneur » et devient un banal délinquant qui attend son châtiment ; la victime peut alors sortir de la honte et se placer dans la perspective du deuil et de la mémoire.


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