Le bombardement, survenu lors de l’atterrissage de l’appareil à l’aéroport de Nyala, dans le Darfour-Sud, aurait fait au moins 40 morts, selon une source militaire s’exprimant sous couvert d’anonymat.

L’information, relayée ce mercredi 06 août par la télévision d’État, n’a pour l’heure fait l’objet d’aucun commentaire officiel de la part de l’armée soudanaise, des Forces de soutien rapide (FSR) — groupe paramilitaire opposé au régime — ni des Émirats arabes unis. L’aéroport ciblé se trouve sous le contrôle des FSR et a déjà été la cible de plusieurs frappes de l’armée ces derniers mois. En juin, un avion cargo avait déjà été bombardé après avoir atterri sur le même site, selon plusieurs témoins.

Depuis le début du conflit en avril 2023, l’armée soudanaise accuse régulièrement les Émirats arabes unis de fournir un soutien militaire aux FSR, notamment via l’aéroport de Nyala. Abou Dhabi a toujours démenti toute implication, malgré des rapports accablants émanant d’experts de l’ONU et d’organisations indépendantes. Des images satellites, publiées récemment par le ’Humanitarian Research Lab’ de l’université Yale, montrent la présence de drones longue portée de fabrication chinoise stationnés sur le tarmac de l’aéroport.

Le gouvernement soudanais a affirmé cette semaine détenir des preuves documentées du recrutement et du financement de mercenaires colombiens par les Émirats. Ces combattants auraient été engagés pour appuyer les FSR dans leur lutte pour le contrôle du Darfour, région que ces derniers dominent en grande partie depuis la perte de Khartoum, reconquise par l’armée en mars.

Des rapports publiés fin 2024 avaient déjà signalé la présence de mercenaires colombiens dans l’ouest du Soudan. Cette semaine, les Forces conjointes — une coalition pro-armée opérant au Darfour — ont affirmé que plus de 80 mercenaires colombiens combattaient aux côtés des FSR à El-Fasher, dernière grande ville de la région encore tenue par l’armée. Plusieurs d’entre eux auraient été tués récemment, selon les mêmes sources.

L’armée a également publié des vidéos censées prouver la capture ou la mort de ces combattants étrangers, présentés comme des Colombiens. En décembre dernier, les autorités soudanaises avaient déclaré que le ministère colombien des Affaires étrangères avait exprimé ses regrets quant à l’implication de certains de ses ressortissants dans le conflit soudanais.

La guerre entre l’armée régulière, commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des FSR dirigés par son ancien adjoint Mohammed Hamdan Daglo, est de plus en plus alimentée par les interventions étrangères. Le recours à des mercenaires, le transfert d’armes sophistiquées et l’implication d’États tiers comme les Émirats arabes unis renforcent la complexité et la violence d’un conflit déjà marqué par des crimes de guerre, des déplacements massifs de populations et une catastrophe humanitaire sans précédent.

Selon les Nations unies, la guerre aurait causé des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 13 millions de personnes, faisant du Soudan l’un des pires foyers de crise humanitaire au monde à ce jour.

L’armée de l’air soudanaise a annoncé avoir détruit un avion en provenance des Émirats arabes unis, transportant à son bord plusieurs mercenaires colombiens