Tshisekedi a brisé l’échine des FARDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 16 février 2025 à 11:41

Félix Tshisekedi, en prenant les rênes du pays en 2019, n’a pas seulement hérité d’une armée, il en a peu à peu brisé l’échine. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), déjà éprouvées par l’histoire, se sont trouvées dépouillées de leur ossature, vidées de leur substance, livrées à une errance militaire où l’improvisation a remplacé la rigueur, et où la politique a supplanté l’art de la guerre.

Car lorsqu’il s’installe au sommet de l’État, il trouve face à lui une armée façonnée par les tumultes du temps, une armée dont les officiers ont été forgés dans le brasier des conflits passés. Des hommes formés aux arcanes du combat, aguerris aux stratégies d’une guerre mouvante.

Mais au lieu d’appuyer son commandement sur cette mémoire militaire, Tshisekedi choisit d’épurer, de mutiler, d’expurger l’armée de ses esprits les plus affûtés. La suspicion devient loi, l’allégeance au passé se transforme en crime.

Des généraux comme Mundos, Yav, Sikabwe, Smith, Ruhorimbere, Rugayi, Zelwa... sont rappelés à Kinshasa, réduits au silence ou jetés dans les ténèbres des prisons militaires. L’armée se vide de ses stratèges, se défait de ses piliers, et dans ce grand effacement, c’est le destin même des FARDC qui vacille.

À leur place, un autre ordre s’impose. De nouveaux généraux surgissent des rangs, non pas couronnés par la bravoure du front, mais élevés par le sceau du tribalisme.

Christian Tshiwewe, en trois ans, gravit tous les échelons jusqu’au sommet de la hiérarchie militaire, couronné Général d’Armée sans qu’aucune bataille ne l’ait inscrit dans l’histoire. Pendant trois ans, il dirige les FARDC sans victoire éclatante, avant d’être replacé dans l’ombre comme simple Conseiller militaire.

Chico Tshitambwe, propulsé Général après une carrière de Colonel sous Kabila, prend les rênes des opérations à l’Est. Mais l’Est saigne, l’Est s’effondre, et malgré la déferlante de revers, il est récompensé d’un poste encore plus élevé, à la tête de la première zone de défense.

Eddy Kapend, vingt ans arraché aux réalités du terrain, vingt ans à l’écart des champs de bataille, réapparaît soudain dans l’uniforme de Général, comme si l’expérience de la guerre se suspendait dans le temps.

John Tshibangu, naguère condamné pour insurrection et désertion, renaît sous le sceau de la réhabilitation et se voit confié une région entière, alors que les stigmates de son passé interrogent sa loyauté.

Et ainsi, nom après nom, promotion après promotion, l’armée se mue en un échafaudage fragile, où la compétence s’efface devant la fidélité, où l’héritage militaire s’effondre sous le poids d’une ambition aveugle.

Ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas le fruit du hasard. C’est la rançon d’une désintégration méthodique, l’aboutissement d’un mépris de l’histoire. Car avant que ce sabordage ne commence, les FARDC, bien que loin d’être parfaites, s’attelaient à une œuvre : celle de la structuration, de la discipline, de la transmission du savoir tactique. Chaque année apportait son lot de formations, de renforcements, de consolidation. Il y avait une chaîne de commandement, il y avait un effort, une marche, un dessein.

Mais voilà qu’en 2019, tout fut balayé, déconstruit, disloqué. L’armée devint un instrument, un théâtre d’intrigues, un jeu de pouvoir où l’on sacrifiait l’efficacité au profit de la loyauté. Les officiers capables furent poussés vers l’oubli, au moment même où leur science de la guerre aurait pu inverser le cours du destin.

Et maintenant, dans les plaines du Kivu, sur ces collines où jadis résonnaient les pas sûrs des bataillons formés, ne subsistent que des soldats livrés à eux-mêmes, frappés par une guerre dont ils ignorent les codes. Ceux qui, hier, connaissaient le M23 mieux que personne, ceux qui savaient déjouer ses offensives, anticiper ses feintes, sont désormais absents. Et face à cet adversaire insaisissable, les troupes avancent en aveugles, marchant vers leur perte dans le silence des commandements bafoués.

Les conséquences, sont-la sous les yeux. Les territoires tombent, les villages brûlent, les populations fuient, et les soldats, abandonnés à l’incompétence de leurs chefs, tombent sous les balles d’une guerre qu’ils n’ont pas été préparés à affronter.

Il est temps de comprendre qu’une armée ne se bâtit pas sur l’instant. Elle est un héritage, une continuité, un corps vivant qui ne peut être démembré à chaque alternance politique sans en payer le prix du sang. Une nation qui brise ses propres remparts s’expose aux vents impitoyables de l’histoire.

Si onne tire pas la leçon de cette déchéance, si on continue à refaçonner l’armée au gré des caprices du pouvoir, alors on ne ffera que tourner en rond, condamnés à reconstruire sans cesse ce qu’on détruit de ses propres mains.

Alors, Felix Tshisekedi condamné à l’éternel supplice, gravit encore et encore la montagne des dieux, portant sur ses épaules le fardeau d’une pierre rebelle. Chaque pas, chaque souffle est une lutte vaine contre l’inévitable. La roche, perfide et inflexible, roule sans pitié vers l’abîme, anéantissant d’un trait celui qui n’aura rien compris de sa fonction.

Félix Tshisekedi, en prenant les rênes du pays en 2019, n’a pas seulement hérité d’une armée, il en a peu à peu brisé l’échine.

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