Simon Bizimana devenu célèbre à cause d’une vidéo diffusée juste après son arrestation. Elle le montre à genoux, une Bible à la main, en train d’être interrogé par quelqu’un qui se trouve hors du champ de la caméra, et à qui il explique que ses convictions religieuses lui interdisent de se faire enrôler, quoiqu’on lui fasse.
Puis on n’entend plus parler de lui jusqu’au début de cette semaine, où l’on a appris qu’il est mort dans un hôpital de Cankuzo, dans l’est du Burundi. Que s’est-il passé entretemps ?
Quand a-t-il été admis à l’hôpital ?
Les premiers à annoncer son décès, des membres de l’opposition et de la société civile, ont tout de suite mis son décès sur le compte des forces de l’ordre burundaises.
La police du Burundi va réagir très rapidement à ces accusations. Elle dément, dit que Simon Bizimana a été arrêté pour « entrave au processus électoral », jure qu’il n’a jamais été torturé et qu’il était en bonne santé lorsqu’il a été libéré. Il serait tombé malade tout de suite après.
Et pour preuve de sa bonne foi, la police publie comme par hasard une « attestation médicale » signée par un médecin de l’hôpital de Cankuzo. Elle précise que cet homme a été admis le 14 mars, qu’il était agité et tenait des propos incohérents, et qu’il est mort quatre jours plus tard d’un accès palustre. Le docteur Innocent Riyazimana prend le soin de préciser sur ce document le traitement contre le paludisme qu’il lui aurait administré, tout en reconnaissant que les examens médicaux n’avaient pas permis de déterminer sa maladie. Plutôt inhabituel, selon des médecins.
Mais cette version est contredite par des sources policières sur place. Elles assurent que Simon Bizimana a été remis au chef local des très redoutés services de renseignements burundais dès le lendemain de son arrestation.
Officiellement, tout est clair
Placé à l’isolement, il aurait été torturé avant d’être conduit à l’hôpital de Cankuzo par un véhicule de la police le 14 mars, un mois jour pour jour après son arrestation. Il est alors dans un état comateux, selon des sources médicales.
Finalement, pour les autorités et la police burundaise, tout est clair et pas besoin d’enquête sur les circonstances du décès de ce simple paysan. L’opposition et la société civile indépendante, elles, voient aujourd’hui en cet homme « un martyr de la lutte ultime pour sauver l’accord de paix d’Arusha et la Constitution du Burundi ».
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