Urgent

L’Irak appelle à une aide humanitaire d’urgence

Redigé par rfi
Le 14 août 2014 à 07:08

À Bagdad, le désastre humanitaire dans le nord. La menace militaire exercée par l’Etat islamique, l’Irak affronte la crise la plus grave depuis le départ des troupes américaines en 2011. Pour évoquer la situation et ce qu’attend l’Irak de la communauté internationale, Fareed Yasseen, ambassadeur d’Irak en France. Pour l’ambassadeur d’Irak en France, les populations pourchassées par l’Etat islamique sont les populations les plus faibles de l’Irak, qu’il faut à tout prix protéger.REUTERS/Rodi Said
RFI : La (...)


À Bagdad, le désastre humanitaire dans le nord. La menace militaire exercée par l’Etat islamique, l’Irak affronte la crise la plus grave depuis le départ des troupes américaines en 2011. Pour évoquer la situation et ce qu’attend l’Irak de la communauté internationale, Fareed Yasseen, ambassadeur d’Irak en France.

Pour l’ambassadeur d’Irak en France, les populations pourchassées par l’Etat islamique sont les populations les plus faibles de l’Irak, qu’il faut à tout prix protéger.REUTERS/Rodi Said

RFI : La France vient donc d’annoncer qu’elle fournirait des armes au gouvernement kurde irakien pour faire face à la menace de l’Etat islamique. C’est une nouvelle que vous accueillez favorablement aujourd’hui. Etait-ce important que la France franchisse ce pas ?

Fareed Yasseen : C’est une reconnaissance de l’urgence de la situation donc c’est une bonne chose. C’est un soutien qui sera non négligeable et je note que les autorités françaises signalent que cette livraison d’armes va se faire sur le terrain, mais avec l’accord de toutes les parties concernées, en particulier les autorités de Bagdad.

Y avait-il donc urgence à fournir ces armes pour contenir la menace de l’Etat islamique ?

Si l’action que le nouveau gouvernement irakien avait suggérée aux Etats-Unis il y a un mois avait eu lieu, on n’en serait pas là. Il ne faut pas donner le temps à ces gens de l’Etat islamique de renforcer leur position. Puis il faut dire que plus le temps passe, plus il y a des gens qui souffrent et qui meurent. L’urgence est vraiment un élément important dans toute cette histoire.

Souhaitez-vous qu’au-delà des livraisons d’armes aux combattants kurdes, des armements supplémentaires soient fournis également à l’armée fédérale irakienne ?

Je peux vous dire qu’il y a une coopération qui se fait entre Bagdad et Paris. Il y a un attaché militaire qui est très actif, il y a un attaché à l’armement qui est très actif, nous sommes en discussion pour des soutiens.

L’avancée de l’Etat islamique semble contenue vers le nord. Craignez-vous de ce fait une nouvelle offensive autour de Bagdad ? Bagdad est-il aujourd’hui vraiment à l’abri des combattants de l’Etat islamique ?

Il y a six semaines à peu près, la première attaque de l’Etat islamique a ciblé Bagdad. Ils ont pris Mossoul, ensuite ils ont pris Tikrit, puis ils se sont dirigés vers le sud, vers des points névralgiques un peu en dehors de Bagdad. Il y en avait trois : le mausolée à Samarra, la grande raffinerie de Baiji et il y avait le réservoir de Tharthar, un barrage qui aurait permis d’inonder Bagdad s’ils le voulaient. Et l’Etat irakien a pu les arrêter par l’apport des forces spéciales irakiennes, mais aussi par l’apport de toutes les forces vives de la population. Bagdad est à l’abri, sauf comme on l’a vu hier malheureusement pour des attentats-suicide. Mais une chute de Bagdad aux mains de l’Etat islamique est inconcevable.

Il y a le volet militaire et il a bien sûr la crise humanitaire qui sévit dans le nord de l’Irak. Des centaines de milliers de personnes déplacées. Qu’attendez-vous aujourd’hui de la communauté internationale pour faire face à ce drame ?

Une aide humanitaire d’urgence. Les Nations unies y travaillent et la France a contribué déjà cette semaine avec une aide humanitaire qui présage davantage. Les Américains le font. Le gouvernement irakien fait tout ce qu’il peut, même les Saoudiens qui ont contribué à un demi-milliard de dollars comme aide pour cette crise humanitaire qui est vraiment très sérieuse. Cela me rappelle beaucoup ce qui s’est passé en mars 1991 quand on a eu aussi des centaines de milliers de gens à flanc de montagne. La situation est maintenant un peu différente, dans le sens où les populations qui sont ciblées par l’Etat islamique sont les populations les plus faibles de l’Irak, ce sont des minorités qui nous sont précieuses parce qu’on ne les trouve qu’en Irak. Elles font partie de la mosaïque irakienne et l’Irak ne serait pas le même sans ces communautés-là. Il faut donc tout faire pour les préserver, pour les protéger, pour faire un retour en arrière pour qu’elles puissent réintégrer leur maison de leur village dans la paix et la sécurité.

Pour sortir de la crise, il faudra bien sûr que l’Irak puisse avoir un gouvernement et un Premier ministre. Lundi 11 août, le président irakien a nommé un nouveau Premier ministre. Mais Nouri al-Maliki refuse toujours de quitter sa place. Qui doit-on considérer aujourd’hui comme étant le Premier ministre de l’Irak ?

Pour le moment nous avons un Premier ministre en exercice qui est Nouri al-Maliki. Mais on a un Premier ministre qui a été désigné, qui est Haïdar al-Abadi, l’ancien ministre des Télécommunications. Il lui reste 28 jours d’après le délai constitutionnel pour former un nouveau gouvernement. D’après ce que j’ai compris, Nouri al-Maliki a présenté une protestation au Conseil juridique suprême. Attendons de voir. Pour le moment, le monde entier agit comme si Haïdar al-Abadi est le prochain Premier ministre irakien.

Cela veut dire que Haïdar al-Abadi pourra être considéré comme étant le Premier ministre effectivement d’Irak à partir du moment où il sera investi par le Parlement ?

C’est-à-dire que la passation de pouvoir se fera au moment où il prêtera serment avec son cabinet. Et il a un délai de quatre semaines à peu près. Tout le monde s’accorde pour dire que ce serait mieux s’il pouvait faire ça plus vite, mais la situation politique en Irak est assez complexe. Mais je pense qu’il y arrivera dans les délais.


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