Le meurtre de NDUWAMUNGU Pauline est le dernier d’une série d’agressions meurtrières qui ont visé des personnes rescapées du génocide commis contre les Tutsi au cours des trois derniers mois : les meurtres d’Uwimana Martha et de KAREKEZI Vincent tués respectivement le 14 et le 18 août 2024 dans le district de Nyaruguru, l’assassinat de NTASHAMAJE Enatha tuée également le 18 août 2024 dans le district de Ruhango, ainsi que celui de MUKAKANYAMIBWA Béatrice tuée le 4 août 2024 à Karongi. Derrière ces actes caractérisés et connus, il y a des faits de vexations et d’intimidations que les rescapés n’osent pas dénoncer publiquement pour leur sécurité. Ibuka Europe présente ses condoléances attristées aux familles des victimes ainsi qu’aux rescapés qui vivent au Rwanda ou ailleurs et qui sont aujourd’hui traumatisés par la réémergence d’atrocités qui rappellent le génocide au lendemain de la 30è commémoration de l’évènement.
En tant que représentants d’organisations qui luttent pour les droits des rescapés du Génocide commis contre les Tutsi au Rwanda en 1994 et qui luttent contre l’Idéologie du Génocide, nous sommes très préoccupés par le fait qu’aujourd’hui, des rescapés soient encore tués pour les mêmes raisons qu’il y a 30 ans. Après tant d’années d’efforts sur le chemin de la réconciliation, il est très triste de constater que l’Idéologie du Génocide existe et persiste toujours chez certains Rwandais et qu’il y a toujours des gens qui rêvent de finir le travail commencé en 1994.
Nous sommes très reconnaissants aux dirigeants de notre pays d’avoir pris des mesures judicieuses dans le cadre de l’Unité et de la Réconciliation. Nous apprécions également leur intolérance envers ceux qui ne respectent pas l’État de droit. Plus particulièrement nous remercions Son Excellence le Président Paul KAGAME qui, dans son discours prononcé lors du 17ème forum de Unity Club Intwararumuri, a encore une fois rappelé aux Rwandais de ne pas tolérer l’Idéologie du Génocide et de dénoncer ceux qui visent à ramener notre pays aux tristes moments de 1994.
Nous demandons à toutes les autorités du pays, à partir des Cellules jusqu’au niveau des Provinces, de mettre en place des mécanismes appropriés pour identifier les causes de la persistance de l’idéologie du Génocide et sa réémergence notamment parmi les jeunes. Nous demandons que des mesures soient prises pour y remédier définitivement.
Nous demandons aux organes de sécurité, à partir des Cellules jusqu’au niveau Provincial, d’être vigilants et de renforcer la sécurité des rescapés du Génocide.
Ces organes de sécurité devraient être en mesure d’anticiper et d’alerter le Bureau en charge d’enquêtes criminelle, RIB, chaque fois qu’il y a des signes et des preuves de menaces contre les rescapés du Génocide commis contre les Tutsi.
Nous demandons aux autorités judiciaires d’accorder une attention particulière aux crimes liés à l’Idéologie du Génocide, ainsi qu’aux autres crimes visant les rescapés du Génocide en tant que tels. En cas de tels crimes, la justice doit se mobiliser, rechercher et sanctionner celles et ceux qui les commettent.
Nous demandons au ministère ayant dans ses attributions l’Unité et l’engagement civique, MINUBUMWE, de prendre des mesures spécifiques pour faire face à la persistance de l’Idéologie du Génocide, en portant une particulière attention aux communautés de base et aux populations scolaires.
Eu égard à l’exceptionnelle gravité de crimes qui prolongent le génocide, nous demandons à la Chambre des Députés et au Sénat d’imaginer des dispositions spécifiques qui permettront aux juges d’apporter une réponse adéquate au trouble qu’ils créent dans la société en général et dans la communauté des rescapés en particulier.
De notre côté, en tant qu’Ibuka Europe, nous continuerons à lutter contre ceux qui propagent l’idéologie du Génocide dans nos pays de résidence respectifs. Nous continuerons à jouer un rôle dans l’enseignement de l’histoire du Génocide commis contre les Tutsis en 1994 au Rwanda et nous continuerons à coopérer dans le cadre de la justice, notamment en traduisant en justice les suspects qui vivent dans nos pays de résidence respectifs.
Nous souhaitons que le Rwanda, notre pays, soit un pays où les rescapés se sentent chez eux, libres et en sécurité comme tous les autres Rwandais ; que ce soit dans les Provinces, dans les Districts, dans les Secteurs et dans toutes les Cellules à travers tout le Pays.
Fait à Bruxelles, le 26 novembre 2024
Honorine Mujyambere, présidente IBUKA Italia et IBUKA Europe
Ernest Sagaga, président Ibuka Belgique
Christine Safari, présidente Ibuka Hollande
Marcel Kabanda, président Ibuka France
Josine Kanamugire, présidente Ibuka Suède
César Murangira, président Ibuka Suisse
Judence Kayitesi, présidente Ibuka Allemagne
Egide Victor Semukanya, président Ibuka Danemark
Michael Nshimiyimana, président Ibuka Finlande
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