“Museveni(Uganda) et Bashir (Soudan) ; tous les memes”, dixit Dr. Magimbi.

Redigé par Igihe
Le 6 mai 2019 à 05:03

Le Dr Athanase Magimbi, ancien politicien ougandais, médecin anesthésiste exercant en Californie, affirme que le Président Museveni a trahi ses ideaux patriotiques dès les premiers jours de sa prise de pouvoir.

Actuellement à la tête d’une formation politique en exil dite Fédération Démocratique Ugandaise, Magimbi, âgé de 62 ans, est un combattant de la liberte de la premiere heure sous l’UFF (Uganda Freedom Fighters) de Yusuf Lule. Ce mouvement s’est associe au NRM (National Resistance Movement) de Yoweli Museveni pour commencer une guerilla qui a pris le pouvoir en 1986.
Magimbi s’est entretenu avec The New Times(TNT). Ci apres les notes essentielles.

TNT : Qu’est-ce qui a motivé votre brouille avec le Président Museveni ?

Magimbi : Je me considère comme un membre fondateur du NRM en raison de mon rôle de premier plan au sein de l’UFF. Mais le NRM, sous la direction de Museveni, n’a jamais été un Parti véritablement national susceptible d’apporter la démocratie.

Il était et reste guidé par les idées d’un seul individu mégalomane ! Je n’étais pas convaincu qu’un tel Parti mettrait en œuvre la philosophie politique requise pour amener l’Uganda dans la direction pour laquelle nous nous étions battus.

Le style de leadership de Museveni était et est toujours une trahison absolue des principes pour lesquels nous nous sommes battus ! Au début, il avait l’air comme il faut, guidé par de bons principes.

Mais il a été vite corrompu par le pouvoir ! C’est ce qui a motivé ma décision de lutter pour une véritable démocratie.

TNT : La plupart des dirigeants d’ailleurs parlent de moderniser les économies de leurs pays. Museveni parle toujours de la lutte contre Idi Amin et Obote. Où cela peut-il emmener les jeunes ?
Magimbi :
Nulle part ! Les jeunes ugandais d’aujourd’hui sont très inquiets. Nous avons affaire à la mondialisation. Avec les médias sociaux grâce auxquels les idées sont échangées rapidement, les gens peuvent facilement voir ce qui se passe ailleurs dans le monde.

TNT : Les jeunes ougandais réalisent à quel point leur vie est misérable. comment il y a si peu d’espoir pour eux sous Museveni.
Magimbi :
L’Uganda est assis sur une bombe à retardement. Le taux de chômage des jeunes atteint 80%. C’est absolument insoutenable. Ce n’est pas une question de savoir si cela mènera à une explosion. La question est de savoir quand.
Museveni a gouverné quelques années de plus que Bashir. Comme au Soudan, les jeunes ugandais réclament un changement. Au pouvoir depuis 33 ans caractérisé par le vol, la corruption et une utilisation abusive de fonds publics qui, s’ils étaient utilisés correctement, créeraient des emplois et réduiraient les problèmes auxquelles les jeunes sont confrontés.


TNT : Est-il ridicule de penser que les jeunes ugandais pourraient prendre des mesures semblables à celles de leurs freres soudanais ?
Magimbi :
Ils vont les prendre. Avec les nouvelles technologies, avec les puissants médias sociaux du monde entier, avec la mondialisation, les gens se rendront compte que le changement est inévitable.
Ils ne peuvent pas rester spectateurs. Ils ne peuvent rester à l’écart et attendre que quelqu’un vienne les libérer. Je crois que les événements au Soudan ont montré la voie aux gens. Je crois de tout mon cœur que le cas du Soudan va se répéter en Uganda. C’est même certain !

TNT : Le Président Museveni est déjà en train de lever les limites d’âge pour la présidence. Qu’est-ce que cela signifie pour le pays ?
Magimbi :
Je ne pense pas que Moubarak en Égypte prévoyait ce qui allait se passer. Ni Bouteflika en Algérie ou Mugabe hier. Il peut faire tout ce qu’il veut mais ce sont là des exemples éloquents.
Le fait est que ça va changer. Ils ne peuvent supporter indéfiniment un gouvernement corrompu, qui détourne les fonds publics, réputé pour sa mauvaise gouvernance !
Il peut être répressif et frapper les Députés, mais il doit y avoir une limite à la souffrance du peuple.

TNT : Parlons un peu plus de la mauvaise gestion des fonds ou de la mauvaise gouvernance. Quel espoir y a-t-il pour l’Uganda ?
Magimbi :
La corruption n’est pas une maladie uniquement en Uganda. Mais cela peut être réglé si le Président a la volonté de le faire. En Uganda, cette volonté politique manque. L’Uganda est tout simplement perdu !

Nous avons manqué au rendez vous dès les premières années de ce pouvoir. Maintenant, la corruption est le ciment qui maintient le régime de Museveni.
La situation est totalement intenable. Un régime qui soutient la guerre dans le nord par laquelle Museveni et son NRM tirent des millions de dollars en prétendant lutter contre le terrorisme.

Un régime où même obtenir le service le plus simple, comme l’obtention d’une carte d’identité, nécessite un pot-de-vin. Même obtenir une aspirine nécessite un pot-de-vin. Un tel système va s’effondrer sous son poids.

Jetons un coup d’œil à certaines des actions du Président Museveni dans la région. En République Démocratique du Congo, Museveni et son frère sont accusés de pillage de ressources. La RDC a porte plainte contre eux à la Cour Internationale de justice. Celle-ci a infligé une amende de 10 milliards de dollars à l’Uganda. Au Soudan du Sud, la population se lamente de l’ingérence constante du dirigeant ugandais. Même son de cloche avec le Kenya. Il collabore aussi ouvertement avec des rebelles décidés de déstabiliser le Rwanda. Est-ce un leader qui veut la paix avec ses voisins ?
Museveni a ce caractère complètement mégalomane ! Il se croit le souverain de la region ! Il a toujours causé des problèmes aux voisins, il n’est donc pas du tout un bon voisin !

En ce qui concerne les relations avec le Rwanda, nous avons constaté une ingérence et avons été témoins de pratiques visant à entraver la libre circulation des marchandises d’un autre pays et celle de ses habitants. C’est totalement inacceptable et, en plus, cela va à l’encontre des normes internationales.
En outre, Museveni semble convaincu que le Rwanda lui doit quelque chose, ce qui est complètement faux !

Il oublie que le Rwanda est une nation souveraine. Sur la base de ses relations passées avec ses dirigeants, il pense pouvoir dicter ce qu’il faut faire à une nation souveraine. Totalement faux à mon avis !


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