Un responsable français de la Monusco devient indésirable, victime d’une tempête qui découle moins de ses propos que du déficit flagrant de sens diplomatique de la ministre congolaise. Il paie le prix des incohérences, de l’absence d’une stratégie claire et lisible dans la diplomatie de la RDC, et des atermoiements d’une ministre dont les hésitations ont conduit à cette rupture.

Dans cette affaire, il n’est pas simplement question d’un affrontement personnel, mais bien d’une illustration éclatante des fractures internes qui fragilisent l’art diplomatique du pays, et qui ont laissé ce diplomate pris dans un tourbillon où les intérêts contradictoires se heurtent dans un jeu de pouvoir imprécis.

François Grignon, chef des affaires politiques de la Monusco, est désormais persona non grata en République Démocratique du Congo. Ce diplomate français se trouve au centre d’un affrontement avec les autorités congolaises, à la suite d’un e-mail dans lequel il adressait de vives critiques à l’égard de Thérèse Kayikwamba Wagner, la ministre des Affaires étrangères de la RDC.

L’incident, survenu il y a deux mois, a conduit à son absence prolongée de Kinshasa, depuis que ses propos ont exacerbé les tensions avec le gouvernement congolais.

Dans un message électronique qui a été largement partagé, François Grignon déclarait : « Je recommanderais que nous gardions nos distances avec elle. Elle n’est pas une amie de la Monusco. » Une phrase qui, une fois parvenue à l’oreille de la ministre, a tendu la relation entre les autorités congolaises et la Monusco.

Cette situation met en lumière une réalité plus profonde : la diplomatie congolaise, souvent marquée par une cacophonie désastreuse, souffre de retournements imprévisibles et d’un manque flagrant de ligne directrice cohérente.

Ce climat de flou politique, où les intentions se voilent dans des contradictions et des zones d’ombre, génère des torts considérables pour ses partenaires internationaux. L’incertitude qui en découle trouve une illustration frappante dans cette expulsion, qui témoigne d’une impasse diplomatique et d’un affrontement désormais difficile à réparer.

Le diplomate français, selon certains observateurs, n’avait guère de sympathie pour la campagne menée par Thérèse Kayikwamba Wagner, qui cherchait à récupérer une partie du mandat de la Monusco pour le bureau de l’envoyé spécial des Nations Unies pour la région des Grands Lacs.

Ces propos ont été perçus comme « malveillants et compromettants » à l’égard de la ministre congolaise, qui, en novembre dernier, aurait saisi la cheffe de la Monusco pour exiger le départ immédiat de François Grignon.

Officiellement, Kinshasa a notifié à la Monusco que ce haut fonctionnaire français n’était plus le bienvenu, ni à la présidence, ni au ministère des Affaires étrangères, deux institutions avec lesquelles il collaborait étroitement. Parti en congé dès octobre, il n’est pas revenu à Kinshasa depuis.

Ainsi, au-delà des individus, c’est la manière dont le pouvoir congolais gère ses relations diplomatiques qui est remise en question. Une diplomatie incapable de maintenir une ligne claire et transparente, qui s’attarde sur des querelles internes et des ego surdimensionnés, n’est pas seulement un obstacle à la coopération internationale, mais aussi une menace pour la stabilité de son propre pays.

Un climat de tension règne entre la Monusco et la RDC.