’Nous ne pouvons pas ignorer l’idéologie génocidaire entretenue par les FDLR’ – Amb. Munyangaju

Redigé par Karirima A. Ngarambe
Le 30 avril 2025 à 02:11

L’ambassadeur du Rwanda au Luxembourg, Aurore Mimosa Munyangaju, a prononcé le 26 avril 2025, un discours poignant lors de la 31ᵉ commémoration du génocide contre les Tutsi de 1994, appelant à une vigilance accrue face aux idéologies génocidaires persistantes, tout en rendant hommage au parcours de résilience et d’unité du Rwanda.

Devant un public diversifié, composé de compatriotes rwandais, de jeunes, d’amis du Rwanda et de représentants diplomatiques, elle a évoqué l’histoire tragique de la nation et sa remarquable reconstruction, tout en mettant en garde contre les menaces persistantes qui continuent de menacer la stabilité du pays.

Le génocide contre les Tutsi de 1994 reste l’un des chapitres les plus tragiques de l’histoire contemporaine. En l’espace de seulement 100 jours, plus d’un million de Tutsi — hommes, femmes, enfants et nouveau-nés — ont été brutalement exterminés dans le cadre d’une campagne soigneusement orchestrée.

L’ambassadeur Munyangaju a souligné qu’il ne s’agissait pas d’un acte spontané, mais du résultat de décennies de divisions ethniques, d’idéologies haineuses et de politiques discriminatoires enracinées durant la période coloniale et amplifiées par les régimes post-indépendance. « Ce fut l’un des génocides les plus rapides et les plus brutaux », a-t-elle déclaré, en rappelant que cet acte s’est déroulé sous les yeux du monde entier.

Le thème de la commémoration, « Se souvenir – S’unir – Se renouveler », incarne l’approche du Rwanda en matière de guérison et de progrès.

« Se souvenir », a insisté l’ambassadeur Munyangaju, est un acte de vérité et de justice. Cela consiste à honorer les victimes, à reconnaître la décimation de familles entières, et à saluer le courage des survivants dont la résilience continue d’inspirer le monde.

Cela implique également de confronter la complicité des acteurs internationaux, dont l’inaction ou le soutien ont facilité les atrocités. « Se souvenir, c’est rejeter l’oubli, la banalisation et le déni », a-t-elle affirmé.

« Cependant, la lutte est loin d’être terminée. Trente et un ans après le génocide, l’idéologie génocidaire reste vivace, nourrie par des réseaux négationnistes et des récits révisionnistes, souvent soutenus par des financements internationaux. » a averti l’ambassadeur.

Des groupes tels que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) demeurent actifs, tolérés, voire soutenus dans certaines régions, y compris par des factions au sein du gouvernement congolais.

« Nous ne pouvons ignorer la propagation persistante de l’idéologie génocidaire, alimentée par des groupes tels que les FDLR », a affirmé l’ambassadeur Munyangaju, insistant sur la nécessité d’une vigilance constante et d’une action déterminée pour contrer ces menaces.

La réponse du Rwanda à son passé tragique est tout simplement exemplaire. Refusant de se laisser définir par l’horreur, le pays a opté pour la réconciliation plutôt que la vengeance.

L’ambassadeur Munyangaju a salué la résilience exceptionnelle des survivants, soulignant leur capacité à pardonner et à participer activement à la reconstruction d’un Rwanda uni, illustrant ainsi notre humanité partagée.

Sous une direction visionnaire et avec une jeunesse résolument tournée vers l’avenir, le Rwanda est devenu un symbole de stabilité, de progrès social et de dignité retrouvée. « Nous avons choisi de ne pas être prisonniers du passé », a-t-elle affirmé, mettant en lumière l’engagement collectif pour la coexistence et la guérison, tout en reconnaissant que des cicatrices demeurent.

L’ambassadeur a également mis en lumière le rôle crucial de la diaspora rwandaise, en particulier des jeunes, en tant que gardiens de la mémoire et défenseurs de la vérité.

« Vous êtes les ambassadeurs de notre histoire », leur a-t-elle déclaré, les encourageant à combattre la désinformation, à soutenir les survivants et à diffuser les valeurs du Rwanda dans leurs pays d’accueil.

Elle a exprimé sa profonde gratitude envers les amis du Rwanda présents, soulignant que leur lutte contre le déni renforce le message mondial du « Plus jamais ça ».

En tournant son regard vers l’avenir, Munyangaju a réaffirmé l’engagement indéfectible du Rwanda à prévenir le génocide à l’échelle mondiale et à promouvoir la paix au sein de la communauté internationale.

« La commémoration ne se limite pas à un simple moment de réflexion, mais représente un appel à l’action : une responsabilité collective pour bâtir un avenir fondé sur la justice, l’unité et la dignité. C’est notre devoir moral, notre promesse commune et notre héritage partagé », a-t-elle conclu.

L’avocat Richard Gisagara, qui a présenté une intervention sur le chemin vers la justice, a affirmé que « la justice a été — et demeure — la première condition de l’espoir en la paix » dans le processus de reconstruction du Rwanda après la tragédie.

Il a décrit le génocide comme « un échec à la fois de la société rwandaise et de la communauté internationale », soulignant qu’en l’espace de 100 jours, des citoyens ordinaires ont massacré « des hommes et des femmes, des personnes âgées et des nouveau-nés, sans distinction ».

Gisagara a insisté sur le fait qu’une société qui néglige de punir de tels crimes court le risque de sombrer dans une violence interminable, soulignant que la justice est essentielle pour briser le cycle de l’impunité et restaurer l’espoir.

Il a également appelé l’Europe à aborder le génocide contre les Tutsi avec la même gravité que l’Holocauste, plaidant pour des actions décisives afin de combattre le déni, de protéger les sociétés contre la haine et d’assurer justice pour les victimes et les survivants.

L'Amb. Munyangaju a souligné l'importance de rester vigilant face aux idéologies génocidaires persistantes et a appelé à rendre hommage au chemin de résilience et d'unité parcouru par le Rwanda
Reginald Kayitana, président de la diaspora rwandaise au Luxembourg
L'avocat Richard Gisagara a évoqué le parcours vers la justice lors de l'événement commémoratif
L'événement a donné la parole à plusieurs témoignages, parmi lesquels celui de Poline Kayitare, survivante du génocide contre les Tutsi
Didace Kalisa a facilité les discussions

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