Le cardinal Ambongo dénonce les causes internes de l’instabilité en RDC

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 23 avril 2025 à 02:51

Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque catholique de Kinshasa, a dressé un tableau sombre de la situation en République démocratique du Congo, estimant que l’instabilité que traverse le pays ne saurait être imputée au Rwanda, contrairement aux accusations récurrentes du régime de Félix Tshisekedi.

Dans son message de Pâques, prononcé le 20 avril 2025, le cardinal Fridolin Ambongo a comparé la République démocratique du Congo à un patient plongé dans le coma. « Nous savons très bien que notre pays souffre d’une douleur extrême, il est gravement malade. Et lorsqu’un patient est dans le coma, il est difficile de prévoir son avenir. Aujourd’hui, la RDC est dans cet état de coma », a-t-il déclaré. Il a notamment dénoncé le pillage des ressources naturelles du pays par de grandes puissances étrangères comme l’un des principaux facteurs de cette crise profonde.

Le cardinal Fridolin Ambongo a vivement dénoncé la cupidité des multinationales minières, accusées d’exploiter sans scrupule les minerais, les forêts et les ressources en eau de la RDC. Il a également pointé l’absence d’un appareil militaire digne de ce nom, incapable de garantir la souveraineté du pays — une faiblesse qui, selon lui, permet la progression des rebelles de l’AFC/M23 dans l’est du territoire.

Contrairement au discours officiel qui fait de Kigali le principal soutien de l’AFC/M23, le prélat renvoie la responsabilité aux failles internes du pays : « La première cause de l’absence de paix dans notre pays, ce ne sont pas les étrangers, ce n’est pas le Rwanda. C’est nous-mêmes, les Congolais. » a-t-il insisté.

Le cardinal Ambongo fustige avec virulence l’indifférence des élites politiques face à la guerre qui ravage l’est du pays depuis trois ans. « Alors que le pays est en guerre, que l’ennemi gagne du terrain, notre seule préoccupation est de vouloir nous partager le gâteau. Que faire pour entrer au Parlement ? Pour accéder au gouvernement ? Pour s’enrichir ? », s’indigne-t-il.

Il s’interroge par ailleurs sur les raisons profondes qui poussent certains jeunes Congolais — y compris originaires de Kinshasa — à rejoindre les rangs de l’AFC/M23. Plutôt que de les condamner, il appelle à comprendre leur détresse :

« On peut les considérer comme des traîtres, mais la vraie question est de savoir pourquoi ces personnes en arrivent là. »

Le cardinal Ambongo dénonce ensuite la mauvaise répartition du budget national. Sur les 3 milliards de dollars du budget congolais, 70 % sont accaparés par les politiciens, laissant à peine 30 % pour la population. « Comment se fait-il qu’une RDC aussi pauvre verse 33 000 dollars à un député, tandis qu’un professeur d’université, titulaire d’un doctorat, touche un salaire dérisoire ? », interroge-t-il.

Pour le prélat, cette injustice économique alimente la colère populaire et explique en grande partie la montée de l’adhésion à la rébellion. « Ils rejoignent ceux de l’est en disant qu’ils veulent libérer le pays », affirme-t-il. Il dénonce également l’instrumentalisation de la justice, déplorant que des citoyens se voient spoliés leurs biens, souvent sans recours possible, ce qui les pousse à considérer les rebelles comme des sauveurs.

Le cardinal appelle le gouvernement à cesser des discours vides évoquant la paix. « Il ne suffit pas de proclamer la paix, il faut la construire », insiste-t-il, soulignant que seule une action concrète pourra sortir le pays de la spirale de la misère et du conflit.

L'archevêque catholique de Kinshasa, a dressé un tableau sombre de la situation en République démocratique du Congo

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