Le cessez-le-feu profané par Kinshasa

Redigé par Tite Gatabazi
Le 27 décembre 2025 à 01:51

La dérive d’un pouvoir qui érige la violence en méthode d’État, quand le fracas des bombes tient lieu de projet politique, révèle la faillite la plus intime de la gouvernance : au lieu d’assumer la noblesse de la responsabilité publique et d’ordonner l’action politique au bien commun, le régime s’abandonne à la facilité brutale de la force, substituant le vacarme des armes au langage du droit et du dialogue.

La violence aveugle devient alors non plus un accident de parcours, mais l’ossature même d’un système qui cherche, dans l’intimidation et la terreur, les ressorts d’une autorité qu’il n’est plus capable d’inspirer par la légitimité et la justice. Ce choix tragique consacre la démission morale de l’État, qui renonce à protéger pour contraindre, qui préfère gouverner par la peur plutôt que par la confiance, et qui confond domination et souveraineté.

Un tel régime, qui croit se consolider en faisant taire les voix plutôt qu’en les entendre, ne construit pas l’avenir : il en hypothèque jusqu’à la possibilité, en enracinant la discorde là où devrait s’édifier la paix civile.

Au mépris des engagements solennellement pris devant les instances régionales et internationales, le régime de Kinshasa persiste à fouler aux pieds le cessez-le-feu qu’il prétend respecter. Les frappes indiscriminées dans des zones fortement habitées ne relèvent nullement d’accidents opérationnels : elles constituent, au contraire, l’expression répétée d’un mode de gouvernance qui substitue la brutalité à la raison, révélant une inquiétante déliquescence de la légitimité politique et morale.

La brutalité érigée en stratégie de gouvernement

Lorsqu’un État renonce à la maîtrise stratégique, à la lucidité tactique et au discernement pour leur préférer la violence aveugle, il ne manifeste pas sa puissance ; il dévoile son impuissance. Les bombardements dépourvus de ciblage précis, menés sans égard pour la vie humaine et frappant indistinctement civils et infrastructures, signent l’échec d’une doctrine sécuritaire incapable de distinguer l’ennemi combattant du citoyen qu’elle devrait protéger.

Ce recours à la terreur ne vise plus la restauration sereine de l’autorité publique, mais l’installation d’une peur systémique, transformant les populations en sujets traumatisés d’un pouvoir qui, de gardien du bien commun, se mue insidieusement en menace pour ses propres concitoyens.

L’atteinte caractérisée aux normes du droit international humanitaire

De telles pratiques constituent une violation manifeste des principes cardinaux du droit international humanitaire : distinction entre civils et belligérants, proportionnalité dans l’usage de la force et précaution dans la conduite des opérations. En persistant dans cette voie, le régime en place engage non seulement sa responsabilité politique immédiate, mais aussi sa responsabilité historique et juridique.

Il expose délibérément les populations à des souffrances injustifiables tout en plaçant l’État dans une posture de défi à l’égard de l’ordre juridique international et de la conscience universelle.

La fuite en avant d’un régime en pleine décomposition

Au lieu d’ouvrir des espaces de dialogue sincère, d’affronter les causes profondes des crises, exclusion politique, prédation économique, déficit de gouvernance et instrumentalisation des tensions, le pouvoir privilégie l’escalade militaire.

Cette surenchère révèle un système davantage obsédé par sa propre survie que par l’aspiration des peuples à la paix.

La guerre se mue alors en diversion permanente, en écran de fumée destiné à dissimuler les faillites sociales, économiques et institutionnelles, tout en sollicitant un patriotisme de circonstance au service d’intérêts de courtes vues.

La perte de la boussole morale

Un État qui expose ses propres populations aux bombardements abdique sa mission fondatrice : protéger la vie humaine et garantir la dignité. La banalisation de la mort civile, la normalisation de la souffrance et la désinvolture face à l’irréparable sapent la cohésion nationale. Elles nourrissent un cycle de défiance, de radicalisation et de fractures durables qui hypothèquent toute réconciliation future.

La paix ne naît pas des ruines

Nulle paix authentique ne peut surgir des quartiers dévastés, ni des larmes des innocents. Tant que la logique de violence indiscriminée, de mépris des engagements et d’évasion de responsabilité prévaudra, le pouvoir demeurera un facteur d’instabilité plutôt qu’un artisan de concorde.

La véritable sécurité n’est pas décrétée par le vacarme des armes ; elle se construit avec la justice, la responsabilité publique, l’État de droit et le respect scrupuleux de la vie humaine. C’est à cette exigence éthique et politique, et à elle seule, que se mesure la dignité d’un régime et l’espérance d’un peuple.

La violence érigée en méthode d’État, où les bombes remplacent le projet politique, trahit l’échec profond d’une gouvernance qui abdique le droit et le dialogue au profit de la force brute

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