Cet incident, qui fait suite à l’épisode de l’hélicoptère de combat dont les occupants, mercenaires étrangers, avaient été repêchés aux abords d’Uvira, illustre de manière éclatante la persistance d’une illusion stratégique : croire qu’une suprématie aérienne puisse suffire à imposer la décision politique et militaire sur le terrain.
Cette succession d’échecs spectaculaires met en pleine lumière la fragilité d’une stratégie exclusivement fondée sur la démonstration de force aérienne. Elle révèle l’inadéquation profonde entre l’ostentation technologique et la réalité tangible des conflits : le fracas des moteurs ne saurait se substituer ni à la lucidité stratégique, ni à l’élaboration patiente de solutions durables. L’abattage de l’aéronef rappelle, en termes aussi symboliques que financiers, l’exorbitant coût de choix militaires guidés par la mise en scène et la pression psychologique, plutôt que par la recherche mesurée de désescalade et de stabilité.
Qu’il s’agisse d’un Sukhoï Su-27 ou de tout appareil équivalent, l’évidence s’impose : des dizaines de millions de dollars se consument en un instant dans le vacarme des affrontements, tandis que les besoins sociaux restent dramatiquement insatisfaits. À ces coûts s’ajoutent les commissions opaques et les surenchères contractuelles, si bien que le prix réel excède de loin l’étiquette affichée. Le coût d’un simple symbole de puissance s’envole ainsi, alors même que les citoyens continuent d’attendre des investissements dans l’éducation, la santé, les infrastructures et la cohésion nationale.
L’aviation de combat : arme spectaculaire et efficacité stratégique incertaine
De l’avis convergent de nombreux experts militaires et stratèges, aucune guerre moderne ne peut être gagnée par la seule aviation. Les frappes aériennes, si impressionnantes soient-elles, présentent deux faiblesses structurelles : une précision insuffisante et l’incapacité de contrôler le terrain sur la durée. Elles frappent indistinctement, exposant les populations civiles et les infrastructures essentielles, et nourrissent davantage les rancunes et les divisions qu’elles ne contribuent à l’apaisement des conflits.
Le recours systématique aux frappes aériennes apparaît dès lors comme une fuite en avant : il privilégie l’effet spectaculaire à la construction d’une paix durable et mesurée.
Depuis plusieurs mois, l’emploi répétitif des appareils de chasse par les FARDC a davantage participé à la destruction d’infrastructures vitales et à l’exacerbation des tensions qu’à la résolution des différends. L’histoire contemporaine enseigne pourtant que la victoire ne réside ni dans le fracas des moteurs ni dans la sophistication des arsenaux, mais dans le courage d’opter pour le dialogue, la négociation sincère et le respect intransigeant des populations civiles.
En définitive, la véritable grandeur d’un État ne se mesure pas à l’étendue de ses escadrilles, mais à sa capacité à préserver la vie, la dignité et l’avenir de ceux qu’il gouverne. Les millions engloutis dans les flammes d’appareils de combat rappellent, de façon tragiquement éloquente, que la guerre demeure avant tout l’échec de la raison politique et de la responsabilité des dirigeants.














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