Un deuil s’y murmure à mi-voix, celui non pas de la paix retrouvée, mais de l’effondrement d’une stratégie cynique, patiemment ourdie depuis des décennies : le projet fallacieux d’une réhabilitation des bourreaux sous les oripeaux de la victimologie inversée.
Car ces milieux, universitaires en apparence, militants en réalité, qui n’ont ménagé ni leur zèle ni leur indécence pour miner les fondements de la reconstruction rwandaise post-génocide contre les tutsi, voient aujourd’hui leur édifice doctrinal chanceler sous le poids de ses propres contradictions. Ils ont usé de tous les leviers : blanchiment moral des génocidaires sous couvert d’exil politique, publications pseudo-académiques promouvant la fumeuse et malveillante thèse du « double génocide », campagnes de diffamation orchestrées contre les figures de la libération rwandaise, et même des levées de fonds travesties en aide humanitaire destinées à réalimenter la machine militaire et idéologique des FDLR.
Qu’on ne s’y trompe pas : ces milieux ne sont pas animés par un souci d’équilibre historique, mais bien par une nostalgie maladive de l’ordre ancien, celui où l’impunité des puissants et le silence des victimes constituaient la norme. Ils ont noué des complicités jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir à Kinshasa, où le président Félix Tshisekedi n’a pas hésité à s’afficher publiquement avec des représentants de ces réseaux, leur conférant une légitimité que leur crédibilité intellectuelle ne saurait leur accorder.
Le sommet du cynisme fut atteint lorsque Kinshasa s’employa, sous l’impulsion de cette même nébuleuse, à tenter de rapatrier depuis le Niger d’anciens condamnés du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), dans l’optique de leur confier un rôle politique dans une recomposition funeste des FDLR : une entreprise de réhabilitation des forces génocidaires.
Or, cette construction idéologique et géopolitique s’effondre aujourd’hui comme un château de cartes emporté par la tempête. La débâcle des FARDC et de leurs supplétifs FDLR sur le terrain militaire, leur incapacité manifeste à contenir la progression des forces de l’AFC/ M23, vient briser l’élan de ce projet funeste de « retour par la force pour finir le travail » des extrémistes hutu.
Plus encore, elle met à nu l’imposture de tous ceux qui, de tribunes respectables en cénacles feutrés, ont tenté de travestir la vérité historique et d’imputer aux victimes la responsabilité de leur propre extermination.
Ils sont aujourd’hui orphelins d’un projet qui n’avait pour seul horizon que la revanche et le chaos. Leur deuil n’est pas celui de la paix manquée, mais de la guerre perdue. Leur amertume n’est pas celle des idéaux déçus, mais des ambitions démasquées. Leur silence n’est pas méditatif, il est accablé.
Que ceux qui, au prix d’un révisionnisme méthodique, ont tenté de substituer à la mémoire des martyrs la rhétorique mensongère de la symétrie des crimes, entendent ceci : la vérité historique, si souvent mutilée, finit toujours par imposer sa souveraineté. Et la justice, même tardive, ne pactise pas avec les assassins de l’humanité.
Dans le Rwanda d’aujourd’hui, reconstruit au prix d’une discipline nationale implacable et d’une vision politique rigoureuse, ce ne sont pas les génocidaires qui dictent la loi, mais les institutions. Ce ne sont pas les pleurs vénéneux des nostalgiques de la haine qui orientent l’avenir, mais le courage silencieux de ceux qui ont choisi de bâtir.
Et pendant que l’hydre négationniste se recroqueville sur ses défaites, c’est une société tout entière qui avance, digne et debout, avec en son cœur la mémoire intacte des siens.

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