Les années de braise du FPR (Front Patriotique Rwandais au pouvoir) dans la brousse de 1990 à 1994, une tentative d’internationalisation du conflit rwandais par le régime d’alors du Général Président Juvénal Habyarimana, le génocide des Tutsi qui a suivi et arrêté par les forces des rebelles...voilà les thèmes développés dans le discours du Président Paul Kagame en ce 4 juillet 2015 de l’An 21 de Libération du Rwanda. Autre thème majeur : "On n’a pas lutté pour ne prendre que le pouvoir. C’est pour faire table rase du passé rwandais, du malentendu rwandais où ethnocentrisme s’imbrique dans la pauvreté avec des mentalités rétrogrades. C’est pour faire vaincre et régner l’économie de marché dans tous les coins du Rwanda. Bref, C’est pour façonner un type nouveau de Rwandais", ainsi peut-on résumer son discours du jour, discours qui était ponctué d’ attaques en règle contre colonisateur et autres impérialistes associés au projet d’octroi d’une demie indépendance aux anciens espaces colonisés.

Une section de la société civile rwandaise initie un fonds "ISHEMA RYACU" (Préserver notre fierté) pour redorer l’image du Rwanda dans le concert des Nations.
Ce 4 juillet 2015, les cérémonies de commémoration du 21ème anniversaire de la Libération du Rwanda se sont déroulées dans le district de Gicumbi au Nord du Rwanda dans le lieudit Gishambashayo qui a abrité les troupes du FPR avant qu’elles ne lancent la dernière offensive pour la libération du pays en avril 1994 aux temps forts du génocide des Tutsi fait par des Interahamwe activement soutenus par le Gouvernement des Abatabazi qui venait d’être constitué à cet effet.
Le Président Paul Kagame était le maître des Céans. Il a tancé vertement un président européen, sans le nommer, pour lui avoir rappelé que son pays tient à voir le Rwanda se commettre au respect des droits humains et des institutions démocratiques.
Pas question de rappel à l’ordre
Le Président Paul Kagame y voit un mépris qui dépasse les bornes. D’après lui, ce Président ne serait, en d’autres circonstances, la personne la mieux indiquée pour lui rappeler cette obligation de veiller au respect des droits humains dans son pays autrefois, en 1994, aux temps forts du génocide des Tutsi, déchiré sous les encouragements de toute sorte de la part de ses compatriotes. Sans le nommer, il l’a finalement nommé. L’allusion était forte quant aux messages de félicitation français et américain pour, tenez-vous bien, le 1er juillet, date de l’indépendance et non le 4, celle de la libération.
En effet, à l’occasion de la fête du 1er juillet en ce 3 juillet 2015, le câble de félicitation du Président français François Hollande au Président Paul Kagame demande diplomatiquement à ce dernier de s’engager au respect des institutions démocratiques existantes et des droits des citoyens.
Là n’est pas le cas pour celui de John Kerry, le Secrétaire d’Etat américain qui, au nom de son Président Barack Obama, conclut son message en promettant un soutien pratique des Américains à la recherche permanente « des meilleurs voies et moyens de continuation de la coopération avec (le Gouvernement rwandais) dans l’amélioration de la qualité de services à la santé publique, à la sécurité alimentaire, dans la promotion de la sécurité et coopération régionales.
Concept ‘démocratie’ incontournable pour cet Occident au capitalisme mondial
« Nous sommes également engagés au soutien à la démocratie, aux Droits humains et à la Société civile au Rwanda », a ajouté également Kerry.
Mais quelle finesse avec laquelle il s’est exprimé tentant ainsi d’amortir le choc du message de félicitation et de courage au Gouvernement rwandais pour cette date 1er juillet de l’indépendance du pays qui s’est passée dans la douleur et de laquelle les Rwandais ont subi plusieurs décades dans la pire gouvernance que le monde entier ait connu !
Redresser les erreurs de réification et de statut de citoyen de seconde zone
Au moment où, à la même date (Années 60), les Gouvernements américains qui se sont succédé prêchaient une discrimination positive à l’endroit des ‘Nègres’ américains ségrégués depuis des siècles dans un racisme sans nom, l’idéologie de l’ethnocentrisme hutu comme monde de gestion des gouvernements rwandais successifs de Grégoire Kayibanda (1962-1973) et du général Juvénal Habyarimana (1973-1994) a chosifié le Tutsi. Cette idéologie a décidé de faire du Tutsi de l’intérieur un citoyen rwandais de seconde zone. Une évolution qui devait amener inéluctablement au génocide de ces Tutsi en 1994.

Celui-ci, le Tutsi, devait accepter son nouveau statut lui collé au front car démographiquement minoritaire. C’était sans penser la force de la détermination de centaines de milliers de réfugiés, Tutsi et hutus qui, pour avoir appartenu au parti monarchiste UNAR (Union Nationale Rwandaise) qui a toujours combattu cette idéologie ethnocentriste depuis les années 1952 puis 1957 bien spécifiée dans ‘Le Manifeste des Bahutu’ quand elle était expérimentée dans les laboratoires du Vicariat Apostolique de Kabgayi avec le seigneur Perraudin ; ces Rwandais exclus du retour dans leur patrie ont pensé à un nouveau socle idéologique, le FPR (Front Patriotique Rwandais), qui allait s’armer de courage et d’éradiquer toute forme de ségrégation ethnique ou régionale mais aussi et surtout de mendicité.
«

“Celui qui t’a accordé ton indépendance, il ne peut t’en avoir accordé qu’une toute petite partie, l’indépendance formelle. Comment veux-tu qu’il te libère entièrement puisque tu ne négocies pas ta liberté d’égal à égal ? Quel sens faut-il donner à notre libération de 1994 ? Nous nous sommes libérés de la mauvaise gouvernance, des mauvaises pratiques des anciennes puissances coloniales qui appuient toujours les anciens dirigeants rwandais qui ont tué les rwandais. A ce jour, les génocidaires rwandais résident librement et impunément quelque part. Ils sont protégés par ceux-là qui les soutenaient aux temps où ils étaient aux affaires. Nous, nous luttons bec et ongle pour notre véritable indépendance et libération. Nous osons dire à qui que ce soit que la libération c’est notre entreprise. C’est notre droit. Personne ne peut nous aimer au point que nous souhaitons »
»
, a dit Paul Kagame dans son allocution du jour, dévoilant ainsi le sens profond de la lutte sans repos qu’il mène encore avec ses lieutenants d’antan et tous les Rwandais maintenant, associés et sociétaires de Rwanda Inc., acquis à la cause du FPR.
Le discours du jour du Président va crescendo. Il éveille des sentiments qu’il contient mal. Référence est continuellement faite aux messages de félicitation ci haut cités :
« Les gens se sont commis corps et âme à la lutte de libération. Ils ont été tués ou blessés et handicapés sur le champ de guerre. Ils ont arrêté les massacres. Et, c’est à eux que tu rappelles le principe de respect des droits humains. Sont-ils les créateurs de ceux-là. Ceux-là dont il est question ont été créés autant que moi. Personne n’a créé personne. Tout ce que nous pouvons faire, c’est le respect réciproque. C’est une estime mutuelle. C’est la solidarité dans les actions de développement », a dit le Président Paul comme dans presque un cri de son âme face aux diplomates occidentaux qui sont loin de comprendre la quantité de travail et de sacrifices investie dans l’entreprise de libération des citoyens rwandais.
Pour une solidarité dans la lutte contre le terrorisme international
Le Président des Rwandais a plutôt tenté une autre façon de dessiner les nouvelles tendances de la diplomatie internationale au moment où le monde fait face à un défi actuel qui prend des proportions inquiétantes : le terrorisme. Pour lui, c’est un autre souci dont il faut se libérer et éradiquer.
« Au lieu de collaborer à la lutte contre le terrorisme, toi (l’Occidental ?, tu viens me terroriser ! Nous tous sommes des créations au même titre. Se libérer revient à se désolidariser du terrorisme. Tu ne peux pas exercer sur moi des actions de terrorisme. Le terrorisme, je l’exècre », s’est-il départi dans son discours atteignant le paroxysme.
Toutes énergies pour émergence d’un Rwandais nouveau
L’Homme d’Etat rwandais a montré en ce quatre juillet 2015, le vrai sens de la libération dans un cadre champêtre évocateur, GISHAMBASHAYO, d’où est parti ce mouvement. Il a montré que les armes ne libèrent pas. Pour lui, la victoire militaire est juste une petite étape. La vraie libération qu’il escompte dans quelques quarante ou cinquante ans, c’est le Rwandais nouveau libéré des schémas de pensée et stéréotypes du colonial qui veulent qu’il tende la main à l’Occident et consomme ce que d’autres peuples ont créé comme si lui il n’a pas le droit de penser, inventer et produire pour lui et pour les autres.

Une fête champêtre ? Regardez l’arrière plan, les montagnes dévalées par les anciennes troupes du FPR.
Ce Rwandais nouveau, quand arrivera-t-il ? C’est l’obsession du CEO de Rwanda Inc. Vivement qu’il se matérialise, ce Rwanda, libre et libéré des schémas ethnocentristes, des dispositions de paresse intellectuelle qui l’enchaînent dans un engrenage de la pauvreté, baignant dans un monde moderne de travail soutenu, de circulation de la monnaie, bref un Rwandais désormais ouvert sur le monde.
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