Plus d’un mois après la signature à Doha, le 14 octobre, du mécanisme conjoint de vérification du cessez-le-feu, l’attente devient insoutenable, et la temporisation congolaise apparaît désormais comme une stratégie de sursis qui ne trompe personne.
Il n’est plus temps de jouer avec la patience de l’humanité et la crédibilité de la diplomatie. Le dossier est documenté, chaque pièce est sur la table, et pourtant la délégation gouvernementale semble hésiter à accomplir l’évidence : libérer des détenus dont l’échange est vital pour la poursuite du processus de paix.
Cette posture dilatoire n’est pas une simple inertie bureaucratique ; elle reflète une volonté calculée de gagner du temps au détriment de la confiance internationale et de l’urgence humanitaire.
Le Comité international de la Croix-Rouge, garant de la neutralité et de la sécurité des opérations de libération, demeure dans l’expectative. Les listes de prisonniers doivent être finalisées, leur localisation précise confirmée, et plusieurs questions juridiques, jusqu’ici éludées, exigent un arbitrage ferme. Or, le temps presse : chaque jour de retard alimente la méfiance, fragilise les efforts de réconciliation et exacerbe le sentiment d’injustice dans une région déjà meurtrie.
A Doha, les réunions se succèdent, la diplomatie internationale veille avec acuité le Qatar, les États-Unis et l’Union africaine multipliant pressions et exhortations. Ces efforts visent à concrétiser un accord complémentaire à celui signé le 27 juin à Washington entre Kinshasa et Kigali, dont la mise en œuvre est indissociable de la stabilité régionale.
Mais l’obstacle principal demeure immuable : la réticence congolaise, oscillant entre calcul politique et inertie, menace de compromettre l’ensemble du processus.
Il est désormais clair que l’échange des prisonniers n’est plus un simple prérequis technique : il est le révélateur de la volonté politique réelle de Kinshasa. Toute tentative de prolonger artificiellement la négociation ne fera que ternir la crédibilité du gouvernement, fragiliser la médiation et, surtout, prolonger les souffrances des détenus et de leurs familles.
L’heure n’est plus aux tergiversations ni aux prétextes : c’est le moment de faire preuve de courage politique, de lever les obstacles artificiels et d’honorer l’engagement signé sur la scène internationale.
En définitive, le temps de la diplomatie prudente et des retards calculés est révolu. L’Est de la RDC exige des actes, et non des promesses ; des résultats, et non des temporisations. Si Kinshasa persiste dans sa dilatation stratégique, elle prendra le risque de voir le processus de paix s’effriter, et avec lui, l’espoir fragile de réconciliation dans une région trop longtemps meurtrie.

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