L’aéroport de Goma est un enjeu vital

Redigé par Tite Gatabazi
Le 10 décembre 2025 à 03:01

La question de la réouverture de l’aéroport international de Goma, infrastructure qui constituait un pôle économique vital, offrant un emploi direct à une fraction substantielle de la population et contribuant au bien-être de près de dix pour cent des habitants de Goma et de ses environs, a fourni au coordonnateur politique de l’AFC/M23 une tribune pour mettre en lumière, avec une clarté implacable, la mauvaise foi manifeste du président Tshisekedi.

Dans une intervention minutieusement argumentée, il a souligné que la reprise de l’activité de l’aéroport se heurtait à deux obstacles majeurs, l’un sécuritaire, l’autre opérationnel.

Sur le plan sécuritaire, le risque demeure que l’aéroport ne redevienne un point névralgique d’approvisionnement en armes pour les groupes affiliés au pouvoir central, comme l’histoire récente l’a amplement démontré.

En effet, lors de précédentes phases de conflit, les ex-FAR et les milices Interahamwe avaient pu se ravitailler en armements et en équipements militaires via cet aéroport, compromettant gravement la stabilité de la région.

Quant à l’obstacle opérationnel, il réside dans l’état matériel de l’infrastructure : dans leur fuite précipitée, les FARDC ont détruit la tour de contrôle, endommagé la piste d’atterrissage et truffé de dispositifs explosifs l’ensemble des installations, rendant toute reprise des vols non seulement périlleuse mais également soumise à une logistique complexe de reconstruction et de sécurisation.

Mais Nangaa ne s’est pas limité à ce seul aspect technique et sécuritaire. Avec un souci de précision et de documentation factuelle, il a exposé la mauvaise foi du pouvoir de Kinshasa sur des plans multiples et convergents.

Il a ainsi dénoncé la détention arbitraire de Tutsi congolais, enfermés dans les geôles du régime au titre de victimes expiatoires d’un délit de faciès, tandis que d’autres Congolais, issus de diverses communautés, sont également incarcérés dans des conditions inhumaines, sous le prétexte fallacieux d’entretenir un lien de parenté avec un membre de l’alliance.

Certains de ces prisonniers ne sont autres que des proches du coordonnateur lui-même, ce qui confère à ces pratiques une dimension à la fois absurde et profondément répressive. À ce traitement discriminatoire s’ajoute la fermeture ciblée des institutions bancaires, punition collective frappant indistinctement les épargnants et constituant une violation manifeste des engagements stipulés dans l’accord de principe pour la reprise de confiance.

Ensemble, ces mesures traduisent une politique systématique de répression, de chantage et de détournement des instruments étatiques au service d’intérêts partisans, sapant de manière irréversible les fondements mêmes de la légitimité et de la confiance publique.

Ces mesures, loin d’être de simples incidents administratifs, traduisent une volonté manifeste de saper les fondements de la confiance civique et économique, en même temps qu’elles illustrent la persistance d’un comportement systématiquement hostile aux mécanismes de paix et de conciliation.

Plus encore, le coordonnateur a rappelé que, parallèlement à ces violations économiques et civiques, le gouvernement congolais poursuit une politique de non-respect systématique du cessez-le-feu, entretient une alliance toxique avec les FDLR et nourrit un discours de haine, dont la portée dépasse de loin le simple champ politique pour menacer la cohésion sociale et la sécurité régionale.

Cette triple convergence violation militaire, manipulations économiques et aggravation du discours de haine constitue un tableau accablant de la mauvaise foi institutionnalisée et révèle combien la rhétorique officielle ne saurait masquer la réalité des faits.

L’intervention de Nangaa, par sa rigueur factuelle et son amplitude analytique, démontre que la reconstruction de Goma et de son aéroport ne peut se concevoir sans un préalable politique : la reconnaissance des responsabilités, l’arrêt des alliances mortifères et la mise en œuvre d’un processus de justice et de confiance véritable.

Toute tentative de relance économique ou civile qui ignorerait ces conditions essentielles serait condamnée à l’échec, car elle méconnaîtrait les racines mêmes du conflit et la nécessité d’un cadre sécurisé et équitable pour tous les habitants de la région.

En définitive, la leçon est claire et sans ambiguïté : la réouverture de l’aéroport de Goma ne peut être un simple geste technique ou symbolique. Elle devra être précédée d’un engagement sincère du gouvernement à respecter le cessez-le-feu, à restaurer la confiance avec les populations locales et à rompre avec ses alliances destructrices, faute de quoi toute initiative sera vouée à l’échec et la responsabilité du pouvoir en place sera pleinement engagée.

La question de la réouverture de l’aéroport de Goma a permis à l’AFC/M23 de dénoncer la mauvaise foi du président Tshisekedi

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