Un dialogue impossible en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 11 décembre 2025 à 01:55

L’exercice du pouvoir, lorsqu’il se détourne de l’écoute des réalités et de la voix du peuple, se transforme rapidement en un artefact fragile, exposé à ses propres contradictions.

Dans le contexte congolais contemporain, le refus obstiné du président Tshisekedi de participer à un dialogue inclusif, unanimement réclamé par la société civile, les oppositions armées et pacifiques, ainsi que par les institutions religieuses reconnues telles que la CENCO et l’ECC, constitue un exemple patent de cette dynamique.

Loin de se cantonner à une simple obstination, cette intransigeance politique illustre l’aveuglement d’un pouvoir incapable d’admettre ses erreurs et de corriger sa trajectoire.

A défaut d’ouvrir un espace de concertation et de compromis, ce pouvoir s’enfonce dans une impasse dont les conséquences risquent d’être irréversibles. Il convient d’analyser, dans le cadre de cette réflexion, les mécanismes par lesquels le refus du dialogue fragilise l’autorité, les effets de cette obstination sur la légitimité du pouvoir, et enfin les risques encourus lorsque la stratégie politique s’éloigne des aspirations populaires.

L’impasse engendrée par le refus du dialogue

Le refus d’engager un dialogue inclusif place le pouvoir dans une situation de stagnation politique et de vulnérabilité stratégique. Alors que la totalité des acteurs institutionnels et sociaux appelle à la concertation, la posture de Tshisekedi reflète une volonté d’ignorer la voix de la société.

Cette intransigeance se traduit par un isolement progressif, tant sur le plan national qu’international, et par l’incapacité à anticiper les dynamiques conflictuelles. L’impasse ne réside pas seulement dans l’absence de négociation ; elle se manifeste également par la persistance d’un conflit armé que le pouvoir ne parvient ni à contrôler ni à circonscrire.

Les forces loyalistes, incapables de reprendre durablement le contrôle des territoires libérés par l’AFC-M23, mettent en lumière la faiblesse structurelle de l’appareil militaire et l’inefficacité des stratégies adoptées, illustrant ainsi l’incapacité du pouvoir à traduire ses déclarations en résultats tangibles.

La fragilisation de l’autorité politique

L’autorité politique se construit non seulement sur la capacité à exercer le contrôle, mais aussi sur la légitimité que lui confèrent les citoyens et les institutions.

En refusant le dialogue, le pouvoir congolais compromet cette légitimité et se prive du soutien moral et politique indispensable à sa stabilité. L’entêtement à ignorer les appels répétés des oppositions, de la société civile et des institutions religieuses traduit un mépris de facto de l’opinion publique.

Cette posture autoritaire, si elle se maintient, ne fait que renforcer la perception d’un pouvoir détaché des réalités et incapable de répondre aux besoins fondamentaux de la population. La fragilisation qui en découle ne se limite pas à un déficit de crédibilité ; elle expose également le régime à des tensions internes accrues, à l’émergence de coalitions d’opposition plus structurées et à un affaiblissement de sa capacité à gérer les crises.

Les risques de l’aveuglement stratégique

Lorsque la stratégie politique consiste à ignorer systématiquement les appels au dialogue et à recourir exclusivement à la coercition militaire, le pouvoir s’expose à des conséquences multiples et dangereuses. L’impasse politique s’accompagne d’un épuisement des ressources, d’une perte de contrôle sur le territoire et d’un isolement diplomatique. Le refus du dialogue contribue également à l’escalade du conflit, créant un cercle vicieux où les affrontements armés se substituent à la négociation, et où la violence devient l’instrument privilégié de la résolution des différends.

Plus encore, cette stratégie d’aveuglement affaiblit le tissu social, exacerbe les tensions communautaires et réduit à néant toute possibilité de réconciliation durable.

A terme, l’intransigeance d’aujourd’hui pourrait précipiter le pouvoir dans une crise irréversible, où ni la force ni la légitimité institutionnelle ne suffiront à assurer sa survie.

A défaut de corriger sa trajectoire, le pouvoir congolais s’enfonce, tête baissée, dans une impasse dont les contours se précisent chaque jour davantage. L’obstination à ignorer le dialogue inclusif et à négliger la voix du peuple constitue non seulement un affront aux principes de gouvernance démocratique, mais aussi une stratégie profondément contre-productive.

Dans ce contexte, la fragilisation de l’autorité politique n’est plus une simple hypothèse, mais une réalité tangible, annonciatrice de risques graves pour la stabilité du pays. La leçon qui se dégage est claire : un pouvoir sourd aux aspirations de sa population et refusant le dialogue ne peut espérer maintenir durablement son autorité sans se condamner, tôt ou tard, à l’impasse et à l’affaiblissement irréversible de son institution.

Lorsque le pouvoir ignore le peuple, il devient fragile : le refus de Tshisekedi d’un dialogue inclusif en est un exemple

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