C’est dans ce contexte incandescent que Révérien Ndikuriyo, figure cardinale du CNDD-FDD, a renoncé à son siège de sénateur, geste lourd de signification et immédiatement interprété comme une manœuvre destinée à préparer l’affrontement électoral de 2027.
Bien que récemment élu lors des sénatoriales du 23 juillet 2025 dans la province de Burunga, Ndikuriyo a déposé, le 10 novembre, sa démission auprès du Sénat, déclenchant un échange formel de correspondances entre l’institution, la Cour constitutionnelle et le président Evariste Ndayishimiye.
Le bureau du Sénat, réuni le 1er décembre, a pris acte de ce retrait, avant que la Cour constitutionnelle, sous la présidence de Valentin Bagorikunda, ne constate officiellement la vacance du siège par l’arrêt RCCB 465 du 4 décembre. Cette décision fut aussitôt notifiée au Sénat, à la CENI et au chef de l’État et publiée au Bulletin officiel.
Les rivalités internes du CNDD-FDD et l’impasse d’un pouvoir fragilisé
Derrière la liturgie institutionnelle se dévoile un dessein autrement plus incisif : selon des sources internes au CNDD-FDD, cette démission s’inscrit dans une stratégie savamment ourdie par un triumvirat constitué de Révérien Ndikuriyo, Gélase Ndabirabe, président de l’Assemblée nationale, et Gervais Ndirakobuca, président du Sénat.
Leur objectif, à peine voilé, serait de barrer la route à la candidature d’Evariste Ndayishimiye à l’élection présidentielle de 2027. Ce schisme en gestation révèle les tensions profondes qui minent le parti au pouvoir, où les ambitions personnelles, les fidélités vacillantes et les suspicions réciproques se conjuguent pour fissurer l’édifice politique.
A ces rivalités internes s’ajoute une crise socio-économique dont l’ombre s’allonge sur tout le pays : raréfaction des devises, inflation galopante, insécurité alimentaire, et exaspération croissante d’une population convaincue de l’impuissance du régime à enrayer le déclin.
L’engagement militaire en RDC, coûteux et politiquement risqué, apparaît dès lors comme un pari hasardeux d’un pouvoir fragilisé, cherchant dans l’aventure extérieure une échappatoire à ses propres insuffisances.
Ainsi, tandis que les frontières s’embrasent et que la région s’enfonce dans l’incertitude, le CNDD-FDD se trouve rattrapé par ses propres contradictions : un parti divisé, un État éprouvé, et une classe dirigeante en quête éperdue de survie politique.
Dans ce théâtre où tout vacille, la démission de Ndikuriyo ne relève nullement d’un geste administratif anodin : elle s’impose comme l’avant-scène d’une confrontation interne dont les répercussions pourraient redessiner en profondeur la géométrie du pouvoir burundais.
A l’heure où Bujumbura se trouve à la croisée des chemins, contraint de trancher entre une alliance sécuritaire hautement périlleuse avec Kinshasa et le risque d’une implosion politique interne, chaque décision revêt la gravité d’un choix cornélien.
Le régime, pris en étau entre les exigences du front extérieur et les déchirures qui menacent son unité, avance désormais sur une ligne de crête où le moindre faux pas pourrait précipiter une recomposition dont nul ne maîtrise encore les contours.














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